Les Festivités entrant dans le cadre du cinquantième anniversaire de la Société Nigérienne d’Electricité (Nigelec) ont débuté jeudi matin au Palais des Congrès de Niamey, sous la présidence du Premier Ministre, Chef du Gouvernement SE Brigi Rafini. L’évènement auquel participent plusieurs personnalités du pays et d’autres délégations venues des pays de la sous-région était d’une part, l’occasion pour le Gouvernement du Niger, de saluer la contribution inestimable de cette société à la réponse aux défis énergétiques et au développement du pays, et d’autre part, informer les populations de la disponibilité des compteurs à prépaiement. Une occasion, également pour les responsables de la société d’affirmer leur détermination à répondre aux attentes de la clientèle en lui garantissant la continuité et la qualité de la fourniture électrique et surtout en améliorant le service.
Devant ce parterre d’invités, l’ensemble du personnel de NIGELEC a décidé d’honorer l’artisan fondateur de toutes les œuvres de la Nigelec tout au long de ce cinquantenaire. Il s’agit du Premier Directeur Général, M. Boukari Kané, qui a joué le rôle central dans la création de l’Ecole Supérieure de l’Electricité, implantée en Côte d’Ivoire, conçue et fondée spécialement pour former des Ingénieurs de haute facture pour le compte des sociétés d’électricité africaine. «En reconnaissance des services rendus, notamment dans le domaine de la formation des hommes, nous avons humblement proposé à Monsieur Kané qui l’a accepté que nous baptisions notre Centre des Métiers de l’Electricité (CME) Boukari Kané » a annoncé M. Halid Alhassane, Directeur général de la NIGELEC. Le Ministre d’Etat, en charge de l’Intérieur M. Bazoum Mohamed a, au cours de cette cérémonie sur invitation du DG de la Nigelec a remis la maquette du Logo et la clé du désormais CME Boukari Kané, à Monsieur Boukari Kané.
En procédant au lancement des activités marquant le cinquantenaire de la Nigelec, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement SE Brigi Rafini a magnifié les actions de ce géant de l’énergie. « 50 ans c’est l’âge de la grande maturité, un âge à l’issue duquel l’on aura établi sa notoriété, trouver son chemin. Alors question, la Nigelec a-t-elle trouvé son chemin ?» «Oui», répond le Premier Ministre. Pour lui, la Nigelec a trouvé son chemin, un chemin viable et fiable. La Nigelec poursuit sa mission de service public avec honneur sur l’ensemble du territoire nigérien. Elle a certes connu des moments difficiles, des coupures au point où certains Nigériens l’ont surnommé affectueusement «Coupelec». Ce n’est certainement pas, a-t-il expliqué, dans l’optique de dénigrer cette société, c’est une façon de dire à la Nigelec d’améliorer, de persévérer, d’aller de l’avant. Ces moments, ces épisodes, a souligné SE Brigi Rafini, ont été durs, mais les agents ont pu les gérer avec beaucoup de sérénité, mais surtout avec la détermination de répondre aux besoins de la clientèle. Le Premier Ministre a félicité chaleureusement le personnel à tous les échelons pour les efforts consentis aux quotidiens, de jour comme de nuit, pour fournir ce bien combien important dans les foyers et dans les services. SE Brigi Rafini a réitéré le soutien du Président de la République à cette société tout en rappelant qu’elle peut compter sur l’accompagnement du Gouvernement afin de lui permettre d’atteindre les objectifs qui lui sont assignés à savoir « l’accès de tous à l’énergie”.
Situant l’historique de la Société Nigérienne d’Electricité (NIGELEC), le DG, M. Halid Alhassane a, dans son intervention rappelé que la Société a été créée le 07 septembre 1968. Elle succède à la Société Africaine d’Electricité (SAFELEC), elle-même héritière de l’Energie AOF créée en 1952 et dont le siège était à Dakar alors capitale de l’AOF. « A la création de la NIGELEC en 1968, six localités étaient électrifiés à savoir Niamey (1952), Zinder (1955), Maradi (1959), Magaria (1961), Agadez (1964) et Tahoua (1967). Ce nombre a évolué pour atteindre 19 localités en 1985. En 2011, on comptait 323 localités électrifiées et aujourd’hui on en compte environ 700. En termes d’équipement du pays en infrastructures énergétiques, selon le DG, la période allant de 1968 à 1985 a été marquée par la réalisation d’importants investissements. Il a cité notamment la construction de la ligne d’interconnexion 132kV Birnin Kebbi-Niamey mis en service en 1976; la construction en 1979 d’une centrale thermique à charbon de 36MW à Anou Araren et ses lignes d’évacuation 132 kV sur Arlit, pour alimenter les sociétés minières, et 20KV sur Agadez; l’installation de 2 turbines à gaz de 12 MW chacune en 1980 et 1982 ; la construction en 1985, la centrale électrique de Goudel équipée d’un groupe diesel dit PC4 de12 MW.
Parlant du Centre des Métiers de l’Electricité (CME), le DG de la SONIDEP a affirmé que depuis 2012, ce dernier a formé plus de 800 nouveaux agents et organisé des centaines de séminaires de renforcement des capacités du Personnel en activité. Des formations sont dispensés en électricité au profit des sociétés sœurs : SONICHAR, SONIDEP, COMINAK, EAMAC, ASECNA et au profit des forces de défense et de sécurité. Plus de 600 millions de FCFA sont en voie d’investissement sur financement de la BAD et-de l’AFD pour ‘’upgrader’’ le CME Boukari Kané. A partir des années 80, a-t-il dit, à l’image du Pays, la NIGELEC a vécu les périodes d’ajustement structurel, les reformes en tous genres y compris des tentatives de privatisation dans les années 90 qui ont fortement usé le personnel, ainsi que la traversée des années d’apprentissage démocratique faites d’instabilité récurrente qu’a connu notre Pays jusqu’en 2000. Durant toute cette longue période, les investissements l’ont été à minima avec comme seule grande réalisation la 2ème ligne d’interconnexion 132kV Katsina – Gazaoua – Maradi/Zinder mis en service en 1994.
A partir de 2001, un accent particulier a été mis sur l’électrification rurale dans le cadre du programme spécial du Président de la République avec le raccordement d’une moyenne de 20 localités par an entre 2004 et 2010. Malheureusement, l’aspect construction des infrastructures de production a été délaissé ; ce qui a débouché sur un déficit de l’offre contraignant la Société à recours aux délestages à partir de 2010. « C’est de cette situation que le gouvernement de la 7ème République a hérité. Il a donc fallu faire recourir à la location d’une centrale de 20MW en 2012, puis 10 MW supplémentaires en 2013 pour stabiliser tant bien que mal la situation en attendant de mobiliser les financements et construire le plus grand projet de production électrique jamais réalisé au Niger : la centrale diesel 100MW de Gorou Banda dont la mise en service le 02 avril 2017 a apporté deux fois plus de capacité que la puissance totale disponible hors importation» a rappelé Halid
Alhassane .
Parallèlement, a-t-il expliqué, de multiples projets ont été lancés notamment la construction des lignes 132KV SORAZ-Zinder et Maradi-Malbaza mises en service en fin 2016, le renforcement des centrales électriques régionales de Malbaza, Diffa, Agadez, Tahoua, etc., pour plus de 20MW supplémentaires ; sans parler des projets Kandadji et Salkadamna dont la conduite ne relève pas de la NIGELEC ; l’accélération de l’électrification rurale au rythme d’une cinquantaine de localités en moyenne par an qui a permis, de 2012 à aujourd’hui, de plus que doubler le nombre de localités électrifiées depuis 1952. Avec la stratégie d’accès à l’électricité élaborée par le Ministère de l’Energie et ses plans d’actions, il est projeté d’atteindre un taux d’électrification national d’au moins 80% à l’horizon 2035 ; les extensions des réseaux électriques dans toutes les localités déjà électrifiées dont le taux de couverture varient de 25 à 50%. «Ces opérations se poursuivent actuellement et sont appelées à s’intensifier et se généraliser avec les importants financements mobilisés auprès de l’AFD, la Banque Mondiale et la BAD notamment ; il en sera de même pour la réhabilitation de l’éclairage public dans les villes que nous avons commencé cette année par Niamey, qui se poursuivra et s’étendra aux autres grandes villes du pays» a souligné le DG de la Nigelec.
Il a aussi évoqué, la mobilisation des financements pour la construction de centrales solaires ou hybrides notamment à Niamey, Agadez, Malbaza. «Cette dernière entrera en production à la fin de l’année mettant fin aux procès faits au gouvernement et à la NIGELEC de tourner le dos au solaire, loin s’en faut » a annoncé M. Halid Alhassane. En termes toujours de mobilisation des financements, il y’a lieu de mentionner le projet d’interconnexion 330kV Nigeria-Niger-Burkina-Bénin dit WAPP dorsale Nord que NIGELEC mène conjointement avec TCN, SONABEL et CEB . «Le financement de ce projet, d’un montant de plus de 700 millions de dollars US, assuré principalement par la BM, la BAD et l’AFD est complètement bouclé et nous entamons la phase de mise en œuvre conjointe.» a expliqué M. Halid Alhassane.
Dans le domaine des ressources humaines, la NIGELEC compte aujourd’hui, selon son DG, 1625 agents toutes catégories confondues. M. Halid Alhassane dit éprouver une fierté personnelle d’avoir signé de ses doigts plus de la moitié des contrats de travail de cet effectif depuis 2012. «Cela veut dire plus de 50% du personnel en activité a au plus 6 ans d’ancienneté, faisant de la NIGELEC une entreprise très jeune même si elle s’apprête à fêter ses 50 ans» a estimé le DG de la NIGELEC. M. Halid a affirmé leur détermination à répondre aux attentes de la clientèle tout en garantissant la continuité et la qualité de la fourniture électrique et en améliorant les services. Au premier semestre 2018, la Nigelec est parvenue à réduire de plus de 50% la durée et le nombre de coupures par rapport à la même période en 2017. «Nous lancerons dès demain, le déploiement des compteurs à prépaiement, dont nous disposons actuellement dans nos magasins d’un stock de plus de 100.000 unités. Ils permettront aux clients de contrôler et bien gérer leur consommation d’énergie. Nous déployons en partenariat avec les sociétés de télécom et les banques, une batterie de moyens pour faciliter à la clientèle le règlement de ses factures. La seule chose qu’il nous sera difficile à faire, est de ne pas servir du tout des factures à nos clients ou de ne pas leur couper s’ils ne paient pas leurs factures», a conclu M. Halid Alhassane. Après la cérémonie, le Premier ministre
accompagné des membres du gouvernement a visité les stands d’exposition de la Nigelec.
Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)