Du 5 au 13 mai 2022, la Plateforme Paysanne du Niger (PFPN), en collaboration avec la Banque Agricole du Niger (Bagri), organise une série de missions dans les huit (8) régions du Niger. L’objectif principal de ces missions est d’organiser des rencontres pour mobiliser les principaux acteurs des chaines de valeur de toutes ces régions sur la nécessité de fédérer les efforts, pour un développement plus inclusif du secteur rural en général et des chaines de valeur agricoles à avantage comparatif en particulier. Quant aux objectifs spécifiques, ils se résument à sensibiliser et conscientiser les exploitations familiales et leurs organisations pour une mobilisation de l’épargne locale à placer auprès de la BAGRI ; mobiliser les exploitations familiales dans la constitution des capitaux afin qu’elles soient les actionnaires importants au niveau de la BAGRI pour leur permettre d’influencer les décisions stratégiques et sensibiliser et conscientiser pour le remboursement des crédits contractés auprès de la BAGRI par les Organisations Paysannes (OP) et les autres acteurs du secteur agricole. C’est le président du Conseil Economique, Social et Culturel (CESOC), M. Mairou Malam Ligari, qui a lancé, hier jeudi 5 mai 2022, ces missions, en présence notamment du Gouverneur de Niamey, des agents du Ministèrs de l’Agriculture et de celui de l’Elevage, des responsables et membres des organisations paysannes membres et partenaires de la PFPN. Dans son mot de lancement, M. Mairou Malam Ligari a tout d’abord remercié et encouragé la PFPN ‘‘pour cette belle initiative’’. « Le Conseil Economique, Social et Culturel, de par sa position d’institution transversale et sa mission d’éveil stratégique pour le développement socio-économique de notre pays, se trouve à travers ce parrainage pleinement dans son élément. En effet, le Conseil Economique, Social et Culturel est un creuset de réflexions et d’analyses prospectives dont l’objectif est d’anticiper sur les multiples défis qui assaillent nos populations. C’est précisément pour cette raison que nous avons accepté volontiers et avec enthousiasme de parrainer et soutenir ce projet à nos yeux plein de symboles et d’enjeux », a justifié le président de cette Institution. Il a ajouté que cette démarche de la PFPN, tendant à faire de cette structure un acteur majeur avec plus de responsabilités auprès de la banque agricole de notre pays, parait très pertinente et que cette initiative de mobilisation de fonds pour renforcer les capacités de l’institution financière mérite une attention particulière de la part des acteurs du développement rural, des décideurs et des partenaires techniques et financiers. Selon M. Ligari, il est un truisme de rappeler que les besoins de développement des chaines de valeurs à avantage comparatif du Niger nécessitent des ressources plus adaptées que les solutions classiques offertes par nos institutions financières aux projets agricoles. Des mécanismes fondamentaux de bonification et de garantie sont également indispensables pour démocratiser l’accès aux crédits agricoles, tel que voulu par le gouvernement. Aux membres de la PFPN, le président du CESOC a indiqué que leur organisation est un cadre de réflexion, de concertation et d’action des organisations paysannes créée depuis bientôt 25 ans, ce qui leur donne une solide expérience en matière de politique de développement rural. Leur mission de défense de la profession agricole et leur vision d’influencer les politiques, les stratégies et les programmes de développement rural font d’eux un partenaire adéquat pour le développement de l’agriculture dans notre pays. « La dynamique que vous venez d’engager s’inscrit dans le programme de renaissance acte III de SEM Mohamed Bazoum, Président de la République, Chef de l’Etat et décliné dans la déclaration de politique générale de SEM Ouhmoudou Mahamadou, Premier Ministre, Chef du gouvernement. C’est pour dire, a-t-il poursuivi, que le gouvernement attache une importance capitale à ce domaine. « C’est d’ailleurs pour cette raison que le Conseil Economique, Social et Culturel en a tenu compte dans son plan stratégique 2022-2026. Parmi les programmes phares de notre plan stratégique figure en bonne place la notion de l’actionnariat populaire au Niger », a-t-il noté. Selon lui, ce concept, une fois intégré par nos concitoyens, permettra d’accroitre nos capacités de financement par nos propres ressources. En plus de permettre la création d’entreprises fortes et pérennes, l’actionnariat populaire fera de plusieurs Nigériens des actionnaires et propriétaires d’entreprise. « La participation du monde paysan au capital de la BAGRI, que vous envisagez à travers l’initiative de la création du Fonds Malafaré, sera une opération à réussir à tout prix, afin d’en faire un modèle transposable sur plusieurs autres secteurs de l’économie nationale. Nous devons avoir en mémoire l’exemple né de l’actionnariat populaire. C’est donc une initiative salutaire, que vous engagez au Niger en initiant ce projet pertinent, mais qui nécessite l’engagement et la conviction de tous les acteurs stratégiques », a-t-il souhaité. Le président du CESOC a enfin rassuré la PFPN et ses membres que son Institution mettra tout en œuvre pour mobiliser le soutien institutionnel indispensable à la réussite de ce projet. Quant au président de la PFPN, M. Djibo Bagna, il a indiqué que les résultats attendus à l’issue de ces missions sont que les exploitations familiales et leurs organisations sont sensibilisées et incitées à mobiliser l’épargne locale à placer auprès de la BAGRI ; que ces exploitations familiales et leurs organisations mobilisent les capitaux nécessaires pour être actionnaires importants de la BAGRI en vue d’influencer les décisions stratégiques, et que les OP et acteurs du secteur agricole, ayant contracté des crédits auprès de la BAGRI, s’engagent à rembourser dans un délai convenu. Notons que cette initiative de la PFPN, vise également à améliorer le taux de bancarisation du Niger en atteignant la clientèle rurale dans toutes les régions et communes, à soutenir la lutte contre la pauvreté en refinançant les SFD performants; à développer et mobiliser l’épargne interne, en particulier l’épargne rurale, à soutenir l’économie nationale et l’initiative privée et enfin à faciliter le paiement des salaires des fonctionnaires. Cela, dans un pays où l’agriculture contribue pour 40% dans la formation du PIB et emploie plus de 80% de la population active ; elle ne reçoit que moins de 1% des financements bancaires (sources : BCEAO 2019) et 12 à 13% du budget national.
Par Mahamadou Diallo(onep)