Lors des travaux de la 35ème session de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UA, tenue le samedi 06 Février 2022, à Addis-Abeba, en Éthiopie, l’ancien Président de la République du Niger, SEM. Mahamadou Issoufou, Champion de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), a présenté, son rapport sur la mise en œuvre de la ZLECAf sur la période de douze mois allant de décembre 2020 à janvier 2022. C’était en présence du Président en exercice de l’Union Africaine, des Chefs d’État et de Gouvernement, ainsi que des hauts responsables de la Commission de l’Union Africaine.
Sur le point relatif à l’état actuel des signatures et des ratifications de l’accord portant création de la ZLECAF, le Rapporteur a indiqué que le nombre d’États signataires est toujours de 54, relevant qu’il manque toujours la signature de l’Érythrée. En revanche, a-t-il ajouté, « le nombre d’États parties a considérablement augmenté, passant de 32 en décembre 2020 à 40 au 31 janvier 2022». Aussi, a-t-il invité les États signataires qui n’ont pas encore ratifié l’Accord à le faire et à déposer leurs instruments de ratification avant le 30 juin 2022.
Pour ce qui est de l’état d’avancement des négociations, le Rapport souligne que malgré la pandémie du covid-19, les négociations se sont poursuivies conformément à vos instructions et orientations. Ainsi, concernant la libéralisation tarifaire, le nombre de pays ayant soumis leur offre tarifaire est passé de 18 en décembre 2020 à 44 pays aujourd’hui, représentant 80 % des membres.
Concernant les Règles d’origine, la couverture qui était de 81 % de l’ensemble des lignes tarifaires à la fin de l’année 2020 est passée aujourd’hui à 87,7%. A ce propos, le Champion de la ZLECAF a recommandé aux Chefs d’Etat d’approuver la proposition de la 7ème réunion du Conseil des ministres du commerce portant sur l’application provisoire des Règles d’origine des régimes commerciaux des Communautés Économiques Régionales (CER).
Concernant le commerce des services, le Rapport indique que douze (12) pays avaient fournis leurs offres à la fin de l’année 2020 : ils sont 46 aujourd’hui. Ces offres couvrent les cinq secteurs prioritaires : les communications, les transports, le tourisme, les services financiers et les services commerciaux.
Au volet relatif aux négociations de la Phase II, portant sur les Protocoles sur les investissements, la politique de concurrence, les droits de propriété intellectuelle, le commerce électronique et les femmes et les jeunes dans le commerce, le rapport recommande d’inclure le Protocole sur les femmes et les jeunes dans le champ d’application de l’Accord de la ZLECAf.
Au niveau du second point relatif à l’état d’avancement de la mise en œuvre de la ZLECAf, le rapport souligne, en ce qui est de l’opérationnalisation du Secrétariat de la ZLECAf, que « les postes de la Phase I sont tous pourvus ou en voie de l’être, dans le respect de la représentation régionale égale et de la parité hommes-femmes ».
Le rapport a d’autre part édifié les participants sur le mécanisme de règlement des différends, la collaboration avec les Communautés économiques régionales, et l’engagement avec le secteur privé à travers notamment l’accélération du partenariat public-privé (PPP).
Le rapport a également dressé l’état d’avancement sur la collaboration avec les partenaires (Afreximbank et la Banque Africaine de Développement) ; du Fonds de développement automobile pour lequel il a été déjà mobilisé, grâce à Afreximbank, une facilité d’un milliard de dollars ; du Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) lancé en juillet 2019 à Niamey ; de la collaboration avec la Banque africaine de développement ; ainsi que le point relatif aux autres programmes pertinents de la ZLECAf.
Abordant le point relatif aux défis et recommandations, SEM. Mahamadou Issoufou, a d’abord attiré l’attention de l’assistance sur les défis qui assaillent l’Afrique. « Notre Continent fait face à des défis multiformes : défi institutionnel, sécuritaire, climatique, défi de développement économique et social. Il représente 17 % de la population mondiale, mais ne contribue qu’à hauteur de 3 % au PIB mondial. Pour relever ces défis, notre continent a besoin d’infrastructures, d’industries, d’un secteur agricole dynamique et de commerce intra-africain. Avec des économies extraverties, l’Afrique est toujours dans le pacte colonial. Elle exporte des produits à faible valeur ajoutée (les matières premières) et importe des produits à forte valeur ajoutée (produits finis) », a-t-il fait remarquer.
Estimant qu’il faut mettre fin à cette asymétrie qui est une des sources de notre appauvrissement, il a souligné la nécessité d’accélérer la mise en place de la ZLECAf mais aussi celle des autres projets et programmes de l’Agenda 2063. « La mise en œuvre de ces plans et programmes peut contribuer à la riposte post-COVID que nécessite l’économie du continent. La ZLECAf est sur la bonne voie », a-t-il ajouté.
Aussi, dans la perspective de l’accélération de la ZLECAF, le Champion de la ZLECAf, a recommandé que le thème de l’année 2023 soit : « Accélération de la mise en œuvre de la ZLECAf ». Dans cette même perspective, il a proposé la convocation de sommets extraordinaires consacrés à la ZLECAf pendant deux années consécutives. Cela permettra, selon lui, aux Chefs d’Etat de continuer à être saisis de ce dossier phare et prioritaire de l’Agenda 2063.
Par Assane Soumana(onep)