A l’issue de la visite qu’il a effectuée à l’Université Abdou Moumouni de Niamey, dans la matinée du mardi 11 mai dernier, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, PhD Mamoudou Djibo a rencontré le personnel et les étudiants de cette institution académique. Avec eux, il a eu des discussions franches, pertinentes et ouvertes sur les problèmes de ladite université afin d’explorer les pistes de solution, conformément aux aspirations de la politique éducative pleine d’ambition et d’engagement du Président Bazoum.
Depuis sa prise de fonction à la tête du ministère en charge de l’Enseignement supérieur, PhD Mamoudou Djibo s’applique à prendre véritablement le pouls des structures sous sa tutelle, en particulier les universités publiques du Niger (UPN) dont il a, à priori, instruit les recteurs de lui faire un état de lieux de leurs institutions respectives. Le ministre Mamoudou Djibo affirme ainsi sa volonté et sa ferme détermination à extirper l’enseignement supérieur des multiples problèmes qui l’assaillent. Ce faisant, par cette visite à l’université Abdou Moumouni de Niamey, il s’est agi pour lui de s’imprégner des réalités de la première et plus grande université publique du Niger qui devrait faire la fierté du pays en matière d’enseignement mais qui souffre d’insuffisance cruciale de capacité d’accueil, pratiquement au niveau de toutes les facultés.
Constat du ministre : des chantiers de construction durent des années avant de finir, dépassant souvent largement les délais contractuels. Certains travaux d’infrastructures ne répondent pas aux normes techniques. L’unique amphithéâtre 1.000 places de la Faculté des sciences juridiques et politiques qui draine 6.000 étudiants sous l’encadrement 19 enseignants, est hors service du fait de sa toiture dégradée. Des salles construites mais livrées aux termites, puisqu’elles sont non équipées. Le ministre a vu aussi l’école normale supérieure (ENS) créée en 1986 avec des locaux construits par la coopération belge pour accueillir, à l’époque 400 étudiants, mais qui reçoit aujourd’hui plus de 2.000 étudiants pour les mêmes installations. Une pareille situation étouffe la faculté d’agronomie où sont recrutés 600 étudiants sur une demande de 3.000 candidats en première année pendant que la plus grande salle de ladite faculté n’a qu’une capacité de 150 places.
La Faculté des lettres et des sciences humaines, qui vient d’obtenir le projet de construction d’un amphithéâtre 1.000 places, illustre également l’insuffisance d’infrastructure à l’UAM. La faculté compte en première année tronc commun plus de 3.000 étudiants. L’on note aussi, un sérieux problème d’assainissement et d’hygiène lié surtout à l’exiguïté et la «surexploitation» des toilettes. Rien qu’au niveau de la faculté des lettres et des sciences humaines, les mêmes fausses sceptiques qui étaient destinées à 500 à 1.000 personnes sont aujourd’hui utilisées par plus de 12.000 étudiants.
C’est un véritable problème, déplore le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, face à tant d’anomalies. «Pourtant, beaucoup d’opérateurs en charge des travaux d’infrastructures à l’université de Niamey sont passés à mon cabinet pour parler du règlement de leurs frais, sans dire qu’ils n’ont pas fini leur travail», s’indigne Mamoudou Djibo.
«Il n’est pas acceptable que trois promotions se bousculente en 1ère année»
Lors de cette rencontre, le ministre de l’Enseignement supérieur a abordé avec les parties concernées, la question de la normalisation de l’année académique qui comporte beaucoup de facteurs. Tantôt, les enseignants chercheurs, eux-mêmes surchargés par leur volume horaire normal généralement de 400 heures au lieu de150 heures, sont pointés du doigt. Mais, les conditions pour exécuter l’enseignement, les travaux pratiques et les travaux dirigés dans les délais ne sont pas aussi garanties, reconnait le ministre face aux besoins réels en intrants de laboratoire et salles de cours. «Nous devons tous avoir honte de ces années interminables que nous imposons aux étudiants. Il n’est pas acceptable que trois promotions se bousculent en première année, obligeant l’Etat à payer trois fois la bourse, trois fois l’aide sociale. Et finalement cela décrédibilise notre système universitaire», dixit le M. Mamoudou Djibo.
Au cours d’intenses et riches discussions, le ministre de l’Enseignement supérieur apprend que le compte unique au trésor entrave la gestion des affaires courantes de l’administration universitaire, car toutes les dépenses passent par le trésor. Ce qui amène les responsables parfois à mettre le leur, pour des besoins urgents. «Mon vœu est que Dieu nous aide, pour qu’en fin juin 2022 l’ambition du président consistant à normaliser l’année, soit déjà atteinte», annonce le ministre Mamoudou Djibo. La normalisation de l’année académique est, faut-il le souligner, l’une des priorités de la politique éducative du Président Mohamed Bazoum .
Pour sa part, face au problème urgent d’infrastructures qui se pose, M. Mamoudou Djibo a émis l’idée de mutualiser l’exploitation des salles de cours. En urgence également, «le ministère prendra en charge la réfection des toilettes et la construction de nouvelles au niveau de la faculté des lettres», a promis le ministre.
Une rencontre est prévue pour très bientôt entre les acteurs universitaires (responsables administratifs, PAT, syndicat des enseignants et celui des étudiants) et le président de la République, Chef de l’Etat Mohamed Bazoum . Ce sera donc l’occasion pour eux de faire entendre au plus haut sommet leurs préoccupations, afin qu’elles soient bien prises en compte dans la mise en œuvre imminente de la politique très soucieuse de l’éducation du président Bazoum.
Ismaël Chékaré(onep)