
M. Laouali Issoufou, SG SNEN
L’éducation d’un enfant représente un des éléments centraux de sa formation en tant qu’individu. Ce processus est un déterminant majeur de son avenir, car il participe à la construction de son identité, de la confiance en soi, de ses aptitudes et de sa vision de la vie professionnelle. Vivre une scolarité fructueuse est ainsi synonyme de succès dans le monde du travail et favorise également le développement personnel.
Le parcours éducatif de chaque individu est marqué par des découvertes, des succès et des évolutions, mais aussi par des obstacles et des incertitudes. Tous les parents désirent que cette expérience, si essentielle pour leur enfant, se déroule de manière idéale. C’est pourquoi, certains décident d’inscrire leur enfant à des cours particuliers appelés aussi cours de mise à niveau ou encore cours de soutien, afin d’amener l’enfant à mieux assimiler ce qui a été abordé en classe. Cependant, cette démarche, initialement prévue pour soutenir les enfants en difficultés, est devenue une forme de favoritisme déguisé, pratiquée par les enseignants qui proposent ces cours. En effet, pour attirer davantage d’élèves, ils réintroduisent les exercices déjà vus en cours particuliers lors des évaluations en classe, offrant ainsi un avantage à ceux qui sont inscrits à ces séances spéciales.
« Nous avons appris que lors du devoir, les enseignants ramènent les exercices déjà vus et traités lors des cours de soutien pour donner de l’avantage à ceux qui se sont inscrits, ce qui fait qu’il n’y a pas une équité, donc ils ne font pas bien leur travail et cela doit cesser », signale M. Mamadou Baba Touré, parent d’élève.
« En tant que membre d’une association des parents d’élèves, nous ne pouvons que conseiller les acteurs initiateurs de ces pratiques, ils doivent arrêter cela, ces pratiques n’honorent en rien leur travail et leur responsabilité, ils vont à l’encontre des textes réglementaires de l’éducation. L’Etat doit avoir un œil regardant sur certaines choses qui se passent dans les écoles, il doit sanctionner et, quant aux parents, il faut qu’ils soient très vigilants », recommande-t-il.
Ces cours de soutien ou cours privés sont souvent sources d’injustice liée à un favoritisme qui, malheureusement, fait passer les médiocres pour des excellents et découragent les plus méritants. « Au début, on ne comprenait rien, quand le professeur faisait les devoirs, ceux et celles qui participent au cours de soutien ou privé ont toujours la plus forte note. Nous nous demandons, mais qu’est ce qui se passe sachant qu’on a reçu les mêmes explications et ils ont toujours les meilleures notes. C’est là qu’un jour, on faisait une interrogation surprise, et voilà qu’un de nos camarades a dit : ‘’c’est le même exercice que nous avons traité hier pendant le cours privé‘’ ; alors, nous avons compris en réalité ce qui se passait », témoigne Abdoul, élève en classe de 4ème dans une école de la place.
Ces cours sont à la base de beaucoup de réussite et de déception, car ils favorisent les uns sur les autres. Le coût moyen de ces cours de soutien varie de 5.000 à 10.000 FCFA par élève et celui dont les parents ont un faible revenu ne peut espérer bénéficier de ces cours. Cette chasse gardée véreuse de certains enseignants dépourvus d’éthique et de pédagogie qu’ils sont censés incarner en donnant le bon exemple aux yeux des enfants, irrite plus d’un. « Ce ne sont pas des cours privés ou des cours de rattrapage qui sont organisés, mais des cours d’avance où les exercices qui feront l’objet d’un devoir ou de l’examen blanc sont servis aux inscrits. Et, c’est lors des véritables examens, quand les premiers échouent et que les moins brillants admettent, on s’étonne. Je pense que c’est juste de la stratégie pour attirer les élèves et parents d’élèves », dénonce Mme Hassia, une parente d’élève, rencontrée au quartier Recasement de Niamey.
Des mesures pour faire face aux problèmes
La tricherie scolaire peut se manifester sous plusieurs formes, des petites fraudes durant les examens à la falsification de notes ou de devoirs. Les élèves peuvent être poussés à tricher pour diverses raisons, telles que la pression pour réussir, la crainte de l’échec, ou encore un manque d’intérêt pour un apprentissage sérieux. Par contre, les enseignants ont quoi à prouver en instiguant une forme de tricherie à travers les cours de soutien sachant pertinemment que c’est une voie facile à court terme, mais qui nuit à long terme au développement des compétences et à l’intégrité académique des apprenants ? Pour limiter et mettre fin à toutes ces insuffisances observées ces derniers temps dans les établissements, le Secrétaire Général du Syndicat National des Enseignant du Niger (SNEN), M. Laouali Issoufou, exhorte à l’application stricte des textes.
« Nous sommes dans un monde où chacun veut devenir très rapidement riche. Avant, c’étaient les professeurs qui payaient eux mêmes certains livres et consacrent leurs week-ends gracieusement pour des exercices, et maintenant, avec la course à l’enrichissement, chacun veut sortir une stratégie malsaine pour s’enrichir et ce n’est pas bon », a fait savoir M. Laouali Issoufou. Pour lui, les parents d’élèves et les structures syndicales doivent prendre leurs responsabilités et condamner ce genre de pratiques et amener l’Etat à appliquer les textes en vigueur et doivent amener les établissements scolaires à appliquer leurs propres règlements intérieurs. « Je suis sûr que, dans les règlements intérieurs de tous les établissements, il n’y a pas là où on demande à un élève de payer pour un cours de renforcement de capacité », a-t-il dit.
Le Secrétaire Général du Syndicat National des Enseignants du Niger, M. Laouali Issoufou, a, par ailleurs, salué fortement l’idée du port de la tenue, mais condamne par la même occasion la commercialisation de cette dernière par les établissements. « Il y a toute une organisation qui s’occupe de la gestion des activités scolaires au niveau des établissements. Beaucoup d’enseignants, chefs d’établissement et directeurs abusent. Il y a le CGEDES au niveau des établissements primaires et le COGES au niveau des établissements secondaires, ce sont ces institutions qui doivent s’organiser et non les directeurs et les enseignants qui doivent obliger les parents à payer les tenues à leur niveau. L’essentiel est de sortir la tenue, montrer aux élèves et aux parents et c’est à eux d’aller au marché la payer. Obliger les enfants est une chose à condamner. Le ministère en charge de l’éducation doit, à travers ses démembrements, condamner et empêcher cela », estime le Secrétaire Général du Syndicat National des Enseignants du Niger, M. Laouali Issoufou.
Par Fatiyatou Inoussa(onep)