Assises, chacune sur son tabouret devant une grandebassine, les yeux rivés sur les clients de passage, une dizaine de mareyeuses viennent de s’installer pour la commercialisation du poisson fumé et frais, après toute une matinée de pluie, en ce mardi (jour hebdomadaire du marché de Gaya). Sourires aux lèvres, elles se taquinent à cœur joie entre elles, sous le hangar qui arpente la devanture de leur quartier général, au sud-est du grand marché de la ville de Gaya. Ce sont elles qui s’adonnent à fond dans l’activité. Malgré la baisse de la prise au niveau de leurs fournisseurs qui sont les pêcheurs, ces mareyeuses sortentpour la plupart à l’aube pour s’approvisionner. Elles savent maintenir leurbusiness avec le peude poissons qu’elles reçoivent des pêcheurs.
L’on trouve ici plusieurs espèces de poisson. La plus connue est quand-même la silure ou « dargaza » en langue locale, le capitaine appelé « guiwa » (éléphant) pour son poids, et tant d’autres. « Les prix varient naturellement. Il arrive de trouver un gros capitaine de 200.000 FCFA, tout comme l’on peut avoir celui de 10.000FCFA voire 3.000FCFA, comme c’est le cas ces derniers temps avec la rareté », explique Mariama Issa, l’une des mareyeuses que nous avons rencontrées. « C’est difficile d’avoir des gros capitaines en cette période.
RakiaGardjaOumarou s’y prend à sa manière. Après 15 années dans le business, elle ne fait pas le déplacement des berges ces temps-ci. Elle achète auprès des mareyeuses qu’elles interceptent sur les rues menant au marché. « Nous vivons de cette activité », dixit Rakia. Pour elle, le commerce du poisson c’est une tradition familiale dans laquelle elle a grandi. « J’ai vu ma mère nous prendre en charge exclusivement avec. Dieu merci, je m’en sors bien aussi aujourd’hui », confie la mère de sept garçons et une fille.
« En réalité, c’est pour pouvoir conserver le poisson en cas de mévente que nous le faisons fumer. Le marché n’est pas toujours prometteur. Mais, généralement nous faisons de bonnes affaires », explique la vendeuse de poisson qui a investi ce jour plus de 30.000 FCFA, alors qu’en période exceptionnelle elle fait tourner entre 100.000 et 200.000FCFA le jour du marché hebdomadaire.
« J’ai des clients fidèles, des restaurateurs, des personnalités locales, des riches commerçants », a-t-elle affirmé.
Pour certaines de ces braves dames qui tiennent tant bien que mal leur business, même en période de sécheresse, il n’y a pas que le jour du marché hebdomadaire pour vendre. A l’en croire, il ne manque jamais du poisson frais ou fumé à vendre sous ce hangar de référence à Gaya. Les mareyeuses disent partir souvent jusqu’au niveau de quelques lointains villages pour en trouver.
Par Ismaël Chékaré, Envoyé Spécial(onep)