A Dosso, la réduction du prix de la tonne de ciment 32.5 a été favorablement accueillie par les populations à un moment où les inondations ont causé d’énormes dégâts : des maisons effondrées, des murs écroulés, des habitats en ruine ayant obligé les victimes à se réfugier chez des parents, dans des classes, pendant que d’autres ont préféré regagner le village parmi les leurs.
Aujourd’hui, il faut tout reconstruire et c’est dans cette hantise de reconstruire en banco que la nouvelle est tombée, en faisant l’effet d’une véritable bénédiction. Maintenant, plus question de banco dont le prix pourra dépasser celui du ciment avec cette réduction.
Les populations se frottent déjà les mains, les devis les plus fantaisistes sont élaborés en tenant compte de la mesure de réduction du prix du ciment. D’aucuns pensent que les constructions en banco ne seront plus qu’un lointain souvenir. Les maisons en matériaux définitifs jailliront alors dans les quartiers où vivent les moins nantis. C’est du moins l’appréciation qui se dégage au cours des conversations dans les bureaux, dans les marchés, les fadas et même dans les rues.
Pour le coordonnateur régional de la société civile de Dosso, M. Hamadou Moumouni, cette baisse du prix du ciment est une bonne chose. Il fût un moment, a-t-il indiqué, où la tonne de ciment se vendait à 140.000 francs CFA. Maintenant, on assiste à une réduction de plus de 50 %. C’est donc une occasion pour les citoyens de construire leurs habitations en matériaux définitifs et à des coûts raisonnables, surtout avec les usines de fabrication du fer à béton qui ont démarré leurs activités. Ainsi, avec les dommages que les pluies ont causés cette année, cette réduction du prix du ciment va porter un plus.
Le coordonnateur régional de la société civile de Dosso déplore le fait que les gens focalisent leurs remarques sur la qualité du ciment. « Il y a certes du ciment 32, 37 voire 40. Cependant, on n’a jamais constaté la différence de ce ciment produit au Niger depuis plusieurs années », relève M. Hamadou Moumouni.
Par rapport au respect des prix par les commerçants importateurs, le coordonnateur régional de la société civile de Dosso a d’abord lancé la balle aux usagers qui s’endettent auprès des commerçants. Une situation dont ils profitent pour faire monter les prix tout en estimant que c’est du ciment importé. « L’Etat doit prendre des dispositions pour satisfaire le marché national afin de faire face à la concurrence déloyale sur les marchés. Il faut aussi obliger les citoyens à consommer le ciment produit au Niger et que l’Etat mette un accent sur le contrôle car il est difficile que les commerçants respectent les prix », déclare M. Hamadou Moumouni, ajoutant que la société civile est prête à dénoncer les commerçants véreux.
Pour sa part, le chef de quartier Fada de Dosso, M. Abdoulaye Bangna, a favorablement accueilli cette décision de l’Etat nigérien. Cependant, a-t-il fait remarquer, il ne faudrait pas que ça soit comme le riz dont le prix n’a toujours pas changé à Dosso. « L’Etat fait de son mieux, mais l’inquiétude réside dans le respect des prix par les commerçants qui diront toujours qu’ils ont un ancien stock qui doit être écoulé avant de fixer le nouveau tarif », reconnaît le chef de quartier de Fada. Ayant été personnellement victime de dégât suite aux inondations, M. Abdoulaye Bangna compte sur le nouveau prix du ciment pour reconstruire sa maison effondrée.
Mahamane Amadou, ONEP/Dosso