L’Ambassadeur, Chef de Délégation de l’Union européenne au Niger, Dr Denisa-Elena Ionète, a remis vendredi 15 mai dernier, un lot de gels et de solutions hydro alcooliques, ainsi que de nombreux masques à l’Association Nationale des Albinos du Niger (ANAN). Dans son intervention, devant plusieurs membres de ladite association, présents à la cérémonie, Dr Ionète a indiqué, qu’en ces temps de l’épidémie du Covid-19, qui n’épargne personne, tant en Europe, qu’ici en Afrique, et consciente de ses impacts surtout sur certaines couches sociales, l’Union européenne ne peut rester indifférente.
«C’est pour cela que dans le cadre d’un très grand programme d’appui, qui concerne plusieurs axes d’action, dans de nombreux domaines dont la santé, l’économie, la sécurité alimentaire, la communication, nous appuyons les efforts des autorités nigériennes. En plus, nous pensons aussi à des actions plus ciblées vers des groupes socio-professionnels et des couches vulnérables, comme c’est le cas aujourd’hui avec les personnes vivant avec l’albinisme», a déclaré Dr Denisa-Elena Ionète. Elle a ensuite loué les efforts faits par l’Etat et la société civile nigérienne dans le combat contre la discrimination et la stigmatisation dans la société. Pour Dr Denisa-Elena Ionète, cette cérémonie lui permet de découvrir les groupes sociaux spéciaux du Niger, de comprendre leur fonctionnement et de prendre connaissance de leurs besoins, afin de voir quelles mesures prendre, en tant que partenaires de confiance du gouvernement du Niger. «Nous comptons continuer à appuyer les autorités, la société civile et les couches vulnérables, dans leurs multiples efforts et dans leurs besoins, pour être encore plus efficaces», a promis l’Ambassadeur de la Délégation de l’Union européenne au Niger.
Intervenant à son tour, la Présidente de l’Association Nationale des Albinos du Niger, Mme Kadijatou Moumouni, juriste de formation, a d’abord remercié l’Union européenne pour ce geste, plus que nécessaire et indispensable, en cette période de pandémie du Coronavirus. «Je sais que l’Union européenne a toujours été aux côtés des groupes vulnérables. Pour cela, nous lui disons merci, pour ces multiples soutiens, qui contribuent à protéger les personnes atteintes d’albinisme, victimes elles aussi de cette pandémie», a-t-elle souligné. La présidente de l’ANAN a ensuite rappelé que l’ANAN est une association qui œuvre pour la protection et la défense des personnes atteintes d’albinisme et cela sur plusieurs plans : santé, éducation, stigmatisation, etc.
Les personnes atteintes d’albinisme subissent la stigmatisation et la discrimination sociale, selon le Présidente de l’ANAN.
Evoquant la cruciale et douloureuse question de la stigmatisation, Mme Kadijatou Moumouni a indiqué qu’au Niger comme ailleurs, la vie d’une personne vivant avec un handicap, comme l’albinisme n’est pas du tout facile. «Socialement, déjà au niveau de la famille il y a des problèmes et à l’école aussi. C’est le calvaire pour la personne atteinte d’albinisme, parce que l’élève albinos avec la vision qui n’est pas bonne, rencontre énormément de difficultés», a-t-elle précisé. «Egalement sur le plan fréquentation et mariage il y a la stigmatisation et tout cela constitue un problème », a ajouté la Présidente de l’ANAN. Concernant la prise en charge de cette maladie au Niger, Kadidja Moumouni, a déclaré que l’albinisme n’était pas pris en compte, parce que les pouvoirs publics ne s’intéressaient pas à la question, surtout avant la création de l’association, le 06 novembre 2013. « Certes après, nous avons bénéficié de crèmes solaires et de consultations ophtalmologiques des ministères de la population et de la santé, mais jusque-là il n’y a pas de plan formel au nom de la personne atteinte d’albinisme au Niger. Mais nous espérons que cela viendra avec le temps », a-t-elle souhaité.
Notons que l’albinisme se manifeste, chez la personne atteinte, par une absence de pigmentation (mélamine) sur les cheveux, la peau et les yeux. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’albinisme est une maladie rare, non transmissible mais héréditaire. Les estimations de l’OMS oscillent entre un cas sur 5.000 et un cas sur 15.000 en Afrique subsaharienne, des personnes touchées par l’albinisme. Pour l’heure, il n’existe pas, sur le plan national, de données statistiques disponibles sur les personnes atteintes d’albinisme. Cependant, une centaine de personnes seraient enregistrées pour la seule région de Niamey.
Mahamadou Diallo(onep)