Le Niger a connu son premier cas positif de coronas virus le 19 mars 2020. Aussitôt, les autorités, en partenariat avec les experts en santé, ont pris des dispositions pour non seulement réduire la circulation du virus mais aussi et surtout pour la prise en charge des patients de cette maladie qui a surpris le monde entier et qui a endeuillé des milliers de familles avec près de 3.500.000 décès. Au Niger, à la date du 28 avril 2021, la situation de la pandémie de la Covid-19 se présente comme suit : total cas confinés : 25.217 cas confinés, 25.129 sortis du confinement, 88 cas en cours d’auto confinement. Le taux d’incidence hebdomadaire est toujours à la baisse avec un Ratio de 0,237 au 25 avril 2021. Concernant la stratégie de riposte, au total 98.294 tests ont été réalisés au 28/04/2021 à l’issue desquels 5.224 cas sont confirmés, 4.847 sont sortis guéris, soit un taux de guérison de 92,7%, 191 décès sont enregistrés, soit un taux de létalité de 3,6% et 186 patients actifs parmi lesquels 52 en cours d’hospitalisation dont aucun en réanimation.
Ces résultats, relativement ‘‘positifs’’ enregistrés par le Niger auraient certainement été meilleurs, si et seulement si, des rumeurs et autres fake-news (fausses informations) n’avaient pas entravé l’élan de sensibilisation, d’information et de formation des citoyens entamé depuis mars 2020 par les autorités politiques et sanitaires de notre pays. Ces fake-news sont largement dispatchées par les réseaux sociaux et certains médias. Ces informations qui vont souvent jusqu’à nier l’existence de cette pandémie en passant par des fausses idées sur le fait que le virus ne résiste pas à la chaleur, surtout dans un pays sahélien comme le Niger. Certains vont jusqu’à véhiculer que le vaccin est destiné à limiter les naissances. D’autres encore vont jusqu’à alarmer les concitoyens sur l’incompatibilité du vaccin contre la Covid-19 avec le jeûne du Ramadan.
En ce mois béni de Ramadan une telle désinformation est tellement désastreuse que malgré la disponibilité des vaccins, les Nigériens rechignent à se faire vacciner, prenant en compte toutes ces fakes news. Lors d’une réunion du Comité en charge de la gestion de cette pandémie, le ministre en charge de la Santé publique, Dr Idi Illiassou Maïnassara, avait regretté qu’à la date du 20 avril 2021, moins de 10.000 personnes ont été vaccinées au Niger, alors que le stock de vaccins disponible est estimé à près de 800.000 doses. Ayant été interpellé sur l’impact dudit vaccin sur le jeûne, l’Imam de la Grande mosquée de Niamey, Cheick Karanta a été formel : «Le vaccin contre la pandémie de la Covid-19 n’a aucun effet sur la pratique religieuse du fidèle. C’est plutôt une protection pour le jeuneur et pour les autres fidèles», a déclaré le leader religieux.
Abordant dans le même sens, Oustaz Bassirou Alassane, l’Imam de la mosquée de quartier Abidjan estime qu’en matière de religion, c’est comme en santé, il vaut mieux prévenir que guérir. «On ne doit pas s’exposer à un quelconque danger ou encore exposer son prochain à un danger, surtout si on trouve la solution. Chaque maladie qui apparait possède son médicament et même sa prévention», explique le religieux. Le virologue Sani Maazou, de la Clinique Lahiya de Niamey insiste sur l’existence du virus. «De par le monde, le virus de la Covid-19 existe bel et bien. Son existence est irréfutable. Il suffit de regarder le nombre de morts dues à cette pandémie. Le Niger a enregistré, en fin avril dernier, 191 décès, avec un taux de létalité de 3,6%. Donc l’existence du virus est indéniable», précise-t-il. «J’entends, par-ci par-là, que le virus de cette maladie ne résiste pas à notre climat désertique et sahélien. C’est archi-faux», déclare-t-il. La preuve, précise le docteur, «la plupart des cas positifs récemment enregistrés au Niger sont des migrants, à Agadez, en provenance des pays comme l’Algérie et la Libye, qui sont des pays aussi désertiques et chauds comme le Niger, sinon plus chauds même», indique le clinicien.
Recevant les 355,000 doses de vaccins contre la COVID-19, expédiées par l’intermédiaire du mécanisme COVAX, le 14 avril 2021, le ministre Maïnassara indiquait que ‘‘le Gouvernement du Niger a hissé au premier rang de ses priorités la commande de ces vaccins dans le but de protéger sa population, dans un contexte mondial où la pandémie continue de faire des ravages. Ces premières doses de vaccins cibleront en premier lieu les agents de première ligne comme les soignants, les enseignants et les personnes qui encourent le plus grand risque de contracter la maladie », a déclaré Dr Illiassou Idi Mainassara. Afin de rejeter ces Fake News les autorités gouvernementales au Niger ont fait plusieurs déclarations et élaboré des instruments juridiques pour punir les auteurs de Fake News.
En plus du vaccin, le respect des mesures barrières doit être de mise pour en finir avec la Covid-19
« Si les vaccins sont importants, le respect des gestes barrières – y compris le lavage des mains et le port du masque et la distanciation physique restent le meilleur moyen d’endiguer la progression de la pandémie », a rappelé Dr Illiassou Idi Mainassara.
En effet, pour éviter une 2ème voire une 3ème vague de cette pandémie le virologue Sani Maazou estime que les citoyens doivent continuer à observer ces mesures mais surtout à se faire vacciner. Ainsi, pour lutter contre la prolifération des fake news, Dr Saley Insa, membre du Comité de gestion de la pandémie, formule quelques recommandations: «au Gouvernement d’adopter des politiques favorisant l’accès à l’information sur la pandémie ainsi que les mesures de riposte ; de fournir de manière proactive les informations aux médias ainsi qu’au public, de sensibiliser et publiquement décourager la production et la publication des Fakes News ; d’informer et former les journalistes y compris les chroniqueurs religieux et journalistes en langues nationales, sur les causes et modes de transmission de la COVID-19 afin que ces derniers puissent mieux informer et sensibiliser la population».
Aux organisations socioprofessionnelles des médias, le Docteur préconise d’organiser des formations périodiques au profit des journalistes sur le Fact-checking, de former les journalistes et activistes de la société civile sur le recueil de textes locaux portant sur les Fakes News, de renforcer les compétences des journalistes sur les pratiques éditoriales et les exhorter à éviter la culture du scoop. Aux médias, Dr Saley Insa propose de vérifier à plusieurs reprises les informations avant publication, de créer des espaces ou opportunités de publier des démentis dans les cas où les informations publiées contenaient des erreurs et de massivement publier ces démentis, de renforcer au niveau individuel les compétences de vérification des informations, de créer une liste des personnes ressources capables de confirmer les informations pertinentes avant leurs publications et enfin de constamment débusquer lorsque nécessaire les fausses informations sur les réseaux sociaux.
Mahamadou Diallo(onep)