Ce jeune artiste peintre et sculpteur a toujours rêvé d’être communicateur depuis qu’il est tout petit. Néanmoins, la réalisation de ce rêve a été compromise par des difficultés d’orientation après l’obtention de son BEPC, en 1997. Ne sachant à quel saint se vouer, il a décidé de rendre visite à son oncle à Aného, au Togo, avec l’ambition d’acquérir des compétences en informatique dans cette ville et de lancer un cybercafé grâce au soutien financier de son oncle. Ce projet est resté malheureusement hors de portée de son oncle qui ne dispose pas de fonds nécessaires pour le faire inscrire dans une école d’informatique. Pendant son séjour au Togo, il a étudié la peinture avec un artiste-peintre de renom.
De son retour au bercail, Souleymane Ali Youssou conçoit des plaques d’identification, des panneaux publicitaires, des banderoles, des tableaux, décoratifs, des horaires de prière, des pharmacies, des podiums de cérémonie et divers objets d’art pour le bureau. « Alors que je me promenais dans la ville d’Aného en soirée, je suis tombé sur un atelier de dessin. J’ai décidé de m’en approcher pour voir si le responsable accepterait de me laisser apprendre le métier. Je lui ai relaté mon aventure. Il a immédiatement accepté ma demande », a-t-il relaté. « Il m’a expliqué que la plupart des Nigériens n’ont pas le goût pour ce genre de profession », confie-t-il.
L’apprentissage fut interrompu rapidement, car le maître décéda. « J’étais encore dans l’attente de mon inscription lorsque la nouvelle de l’accident grave de mon patron m’est parvenue », a-t-il rappelé. « J’ai une aversion naturelle pour l’oisiveté. Réparer des postes radios en bricolant était une activité que je pratiquais déjà. Au début de l’année 2001, j’ai décidé de me lancer dans le commerce pour assurer ma réinsertion dans mon pays d’origine, afin de ne plus être à la charge de mon oncle », explique l’artiste peintre.
Après de nombreuses années d’hésitation à s’engager dans le métier de la peinture, Souleymane Ali Youssou se tourne vers l’enseignement. « Après mûre réflexion, j’ai décidé de me consacrer à l’enseignement en tant que volontaire à la fin de l’année 2001, avec l’espoir de trouver une opportunité plus intéressante. La peinture et l’informatique m’intéressent beaucoup, car je trouve qu’elles sont parfaitement compatibles, contrairement à l’enseignement qui exige une énorme dépense de temps et d’énergie », assure notre interlocuteur.
Bien que cela parait impossible, M. Souleymane Ali Youssou a décidé de faire de son mieux pour pratiquer ces deux activités. « Je dois jongler entre mon travail d’enseignant pendant la semaine et ma passion pour la peinture, le week-end, ainsi que pendant mes congés et vacances », a-t-il dit. Pour satisfaire sa soif de connaissances et approfondir sa spécialisation, l’artiste cherche des opportunités de développement de ses compétences. « J’ai pour ambition de percer dans le monde de l’art. J’espère obtenir une bourse pour approfondir mes compétences dans cette discipline, voire même bénéficier d’une affectation, que ce soit dans l’enseignement professionnel ou dans le domaine culturel », a-t-il souhaité. « Je suis convaincu que, si je m’y trouvais, je pourrais consacrer beaucoup plus de temps à ma passion », assure ce peintre qui souhaite ouvrir une grande boutique une fois qu’il disposerait de suffisamment de moyens, ce qui lui permettrait de vendre ses produits et d’embaucher d’autres jeunes.
L’artiste, un autre combattant
Souleymane Ali Youssou a ajusté son style en fonction de la réalité socioculturelle pour plaire à sa clientèle. « J’ai commencé par la peinture, mais j’ai réalisé que la plupart des gens n’y attachent pas une grande valeur en raison de leur religion. C’est pourquoi j’ai commencé à créer des banderoles et autres. Dieu merci, j’ai participé à plusieurs rencontres nationales où j’ai exposé mes articles dont à Tillabéri Tchandalo en décembre 2019 », se réjouit-il. « Dans mon travail artistique, je suis parfois saisi par une grande inspiration, et certaines de mes créations sont directement issues de cette imagination que je traduis en réalité. Cette profession m’a offert de nombreuses opportunités et m’a permis d’établir des relations, y compris avec des personnalités influentes », a confié l’artiste-peintre.
Pour cet artiste, les peintres sont des défenseurs de leurs nations, tout comme les soldats. « Le militaire va sur le terrain de guerre et le peintre fait son combat à travers l’art. Les artistes contribuent par des actions de sensibilisation sur la paix, la sécurité et le patriotisme », a-t-il fait remarquer.
Mamane Abdoulaye (ONEP)