« Si la tendance se poursuit, dans quelques semaines, Maradi n’aura plus de frontière avec le Nigéria, mais plutôt une frontière avec des bandits ». Ainsi s’exprimait le gouverneur de la région de Maradi, Zakari Oumarou lors d’un point de presse qu’il a animé le vendredi 17 mai 2019. Il s’agissait pour lui d’informer l’opinion nationale et internationale de la situation sécuritaire dans sa région.
En effet, depuis quelques mois, la partie sud de la région de Maradi connait un regain d’insécurité qui préoccupe les autorités de notre pays. Cette situation est due au développement d’un banditisme d’un nouveau genre dans les
villages frontaliers entre le
Nigéria et le Niger à travers les enlèvements de paisibles citoyens avec demande de rançon. Sur cette situation, des commentaires vont bon train. C’est pour éclairer l’opinion nationale et internationale sur la situation actuelle dans sa région que le gouverneur de la Région de Maradi, Zakari Oumarou a animé un point de presse.
Dès l’entame de ses propos, le gouverneur de la région de Maradi a, de prime abord, rappelé que Maradi fait frontière avec les Etats fédérés de Katsina, de Zanfara et de Sokoto. « Depuis un certain temps au niveau de ces Etats fédérés il y a une sorte de banditisme généralisé qui s’est développé. La situation diffère d’un Etat à l’autre » a-t-il fait remarquer. Toutefois, il a indiqué que Maradi a une coopération décentralisée avec l’Etat de Katsina, notamment dans le domaine de la gestion de la transhumance transfrontalière et des questions sécuritaires. Malheureusement, ce type d’accord avec les deux autres Etats fédérés (Zanfara et Sokoto) n’a jamais existé et cela fait près de 10 mois que les populations souffrent des vols de bétails, bien que quelques mesures ont été prises pour atténuer cet état de fait.
Selon Zakari Oumarou, les voleurs de bétails qui sévissent dans cette zone se sont transformés en preneurs d’otages avec demande de rançon. Dans les villages frontaliers de Madarounfa, beaucoup de personnes ont été enlevées, beaucoup de familles ont payé des rançons, d’autres ont perdu la vie. Le gouverneur Zakari Oumarou a déploré le manque de compréhension de la part des autorités des Etats fédérés de Zanfara et de Sokoto. « La situation s’est nettement dégradée, parce qu’en plus du kidnapping, les populations sont souvent attaquées dans leurs villages et elles quittent leurs villages pour venir chez nous » a-t-il dit.
Pour ce qui est des raisons de ces attaques sur les populations, M. Zakari Oumarou déduit que ces bandits estiment que ces populations sont de connivence avec les forces de l’ordre. Aujourd’hui, ce sont plus de 60 villages de l’Etat de Sokoto qui sont vidés de leurs populations et qui se retrouvent aujourd’hui dans les communes de Tibiri, de Guidan Sory et de Guidan Roumji. Cette population est estimée à 20.000 personnes, prises en charge par les populations des villages d’accueil. Le gouverneur de la région de Maradi a précisé que la situation est très
difficile, du fait de l’’état de vulnérabilité des populations composées en grand nombre d’enfants, de femmes et de vieillards. « Vous avez par exemple un village nigérien de 300 personnes qui a accueilli plus de 5000 réfugiés » fait-il remarquer.
Nonobstant cette situation, M. Zakari Oumarou a indiqué que les autorités régionales ont fourni des efforts pour entrer en contact avec les autorités des Etats d’origine de ces populations. « Malheureusement ces efforts ont été vains. Nous n’avons pas rencontré la compréhension de nos frères de l’autre côté. Nous avons remonté l’information au niveau central, et nous osons espérer que quelque chose sera fait pour que des contacts sérieux soient noués entre nous pour que cette population sorte de sa situation actuelle » a-t-il espéré.
Selon, le gouverneur de la
région de Maradi, les ravisseurs réservent à ces déplacés des traitements différents, selon leurs villages d’origine. Pour les ressortissant du Local gouvernment de Lissa par exemple, « Ces bandits ont demandé à les rencontrer dans leur base. Ces populations ont trouvé sur place un arsenal impressionnant avec pas moins d’un millier de bandits. Quelques conditions ont été posées aux représentants de cette communauté : le versement d’un (1) millions de naira par village, soit 27 millions de naira pour les 27 villages ; un engagement écrit à ne plus collaborer avec les forces de défense et de sécurité du Niger. Faute de quoi, dans un délai de 2 semaines, ces bandits promettent de les poursuivre sur le territoire nigérien pour leur régler leur compte » a-t-il affirmé. Par contre, ces bandits ne sont guère prêts à engager des négociations avec les ressortissants de 40 autres villages de Sabon Birni Local Gouvernment.
Pour l’heure le gouverneur de la région de Maradi espère que les autorités des Etats
fédérés concernés ne tarderont pas à prendre attache avec les autorités nigériennes locales pour reprendre la situation en main. « Au moment où je vous parle, nous avons fait venir les organismes du système des Nations Unies, les ONG qui interviennent dans l’humanitaire qui sont en train de s’imprégner sur le terrain de la situation » a-t-il conclu.
Tiémogo Amadou
ANP-ONEP Maradi
20/05/19