Localité située à quelques 160 kilomètres au Sud-Est d’Agadez, Aderbissinat, grâce à son marché hebdomadaire, est devenue un véritable pôle commercial. Sa situation géographique, et ses potentialités agro-syvo-pastorales font d’Aderbissinat et son marché une des grandes destinations fortement recommandées tous les vendredis. Tôt le matin, c’est une procession de véhicules de marque Hiace, peugeot ou Land rover, des véhicules pick up ou « Dogon baro », et de gros porteurs qui cheminent à Aderbissinat. A dos de chameau ou à dos d’âne, souvent sur des charrettes chargées de denrées de toute sorte, les commerçants déboulent pour planter le décor pittoresque d’une journée sensée être de « bonne moisson ».Cette localité calme et très accueillante, devient l’instant d’une journée le pôle d’attraction de toutes les communautés environnantes et même de celles venant des contrées plus lointaines.Trait d’union entre le Damergou, le Tarka, et l’Aïr, Aderbissinat offre à ses visiteurs ce qu’elle a de plus précieux : son hospitalité. Mais plus encore, son centre commercial. Après une première tentative d’implantation dans les années 2010 qui s’est avérée infructueuse, le marché d’Aderbissinat brille aujourd’hui de mille feux. Il grouille d’un monde de vendeurs et d’acheteurs auxquels se mêlent des curieux, des passants et même des voyageurs effectuant une précieuse halte pour s’approvisionner avant de poursuivre la traversée du grand nord. Le marché d’Aderbissinat est bien achalandé. Des ustensiles de cuisine, des tasses et casseroles de toute sorte et de toute taille, des couvertures et étoffes aux couleurs chatoyantes, des rideaux, des piles de pagnes et des tenues « prêts à porter » pour homme, femme et enfant, ornant les entrailles des hangars, des poteries, des cordes, les savons et les parfums, les produits de cueillette, les céréales, le lait et ses dérivés comme le « tchoukou » fortement prisé, le thé, les dattes de Bilma, le sucre appelé « Kantou », les lits et les attirails de l’habitat touareg. Bref, vous pouvez trouver tout ce dont vous avez besoin sur les innombrables étals du marché d’Aderbissinat. En plus des commerces qui s’exercent sous les hangars, il ya tout une foule de petits vendeurs ambulants qui déambulent entre les allées et qui vous proposent de l’eau fraiche, des beignets ou même des brochettes savamment pimentées.Les bouchers et les vendeuses de « foura » la boule de mil, se frottent les mains dès que le soleil arrive au zénith. C’est assurément le jour des bonnes affaires. Blotti sur sa chaise sous un hangar, devant divers produits dont le sel gemme de Bilma, les arachides, les petits tabourets en bois, Abdoul Hadi Mohamed, observe avec intérêt les vas –et- vient des clients entre étals. Natif d’Aderbissinat, ce sexagénaire nous confie que dans les années antérieures, où Aderbissinat n’avait pas de marché digne de ce nom, il allait vendre ses produits au marché de Belbédji, bourgade située à une centaine de kilomètre dans le Tarka. Mais aujourd’hui, il est fier de rester chez lui, et de profiter de la relative prospérité de leur marché local.« Les gens qui animent ce marché viennent de divers horizons. Ils viennent de Tanout, de Belbédji, de Tessaoua, de Zinder, d’Agadez et de bien d’autres contrées encore. Ils viennent surtout s’approvisionner en bétail. Ils font leurs affaires et le soir ils retournent tranquillement chez eux » ajoute Abdoul Hadi Mohamed.
Le marché d’Aderbissinat n’a pas encore fini d’étaler ses charmes aux yeux du visiteur. Car l’autre pôle d’attraction de cet important marché, est sans conteste la partie réservée au commerce du bétail. Dans ces vastes enclos, on peut contempler un nombre impressionnant de chameaux, de bœufs, de taurillons, de chèvres et de moutons. Les véhicules « dogon baro » ne cessent de charger du bétail qui prend diverses directions. Malam Souley, un intermédiaire en vente d’animaux rencontré sur place, nous confie qu’il vend du bétail depuis quinze ans dans ce marché. « Les animaux nous viennent de Tchintaborak et de toutes les contrées de cette zone. Quant aux acheteurs, ils viennent souvent d’Arlit, d’Agadez, de Zinder et même de la République Fédérale du Nigeria. Nous avons dans ce marché des taureaux qui peuvent coûter de 100.000 FCFA à 350.000fcfa. La saison sèche est la période de grande affluence du bétail dans ce marché » a ajouté Malam Souley. Ce que nous confirme son collègue Malam Guissa, qui indique que pour les chameaux, la plupart des acheteurs viennent d’Agadez et du Nigeria. « Les chameaux se vendent entre 200 et 250.000FCFA ; les chamelles se vendent de 100 à 130.000FCFA ; les ânes de 25 à 70.000FCFA ; les chèvres se vendent autour de 15.000FCFA ; les brebis entre 20 et 40.000FCFA ; et les moutons entre 50 et 100.000FCFA » ajoute Malam Guissa. Au marché d’Aderbissinat, les affaires vont bien, et chacun trouve son compte. D’ailleurs la municipalité d’Aderbissinat tire l’essentiel de ses ressources de ce marché dont la renommée dépasse les frontières de la région d’Agadez.
Par Oumarou Moussa, Envoyé spécial(onep)