Les cérémonies des mariages coûtent excessivement cher à organiser à Niamey. Des centaines de milles, voir des millions de FCFA sont dépensés sans compter. En effet, les festivités et les dépenses relatives aux préparatifs du mariage qui est la consécration d’un lien sacré entre un homme et une femme et au-delà, entre deux familles, font qu’aujourd’hui, l’accent est mis plus sur l’argent que sur cette union. La sobriété et la simplicité ont ainsi cédé la place à la concurrence et à la rivalité entre les femmes particulièrement.
Il y a quelques années pourtant, les festivités des mariages sont organisées très humblement, nonobstant la position sociale, ou la richesse des familles dont sont issus les jeunes mariés. Mais aujourd’hui, nous assistons à des mauvaises pratiques qui n’honorent pas notre société, car, les fastes pendant ces cérémonies dépassent l’entendement. En plus d‘un repas festif que les parents de la jeune mariée offrent à leurs invités le jour du mariage qui nécessite son propre budget, des sacs de riz, des condiments et boissons, d’un ou plusieurs bœufs, viennent s’ajouter d’autres dépenses de prestige à savoir les uniformes. Au départ, l’idée était de mettre tout le monde au même pied d’égalité, pas de différence entre riches et pauvres. Aujourd’hui c’est devenu une gangrène pour notre société puisque dans une famille un seul mariage peut faire l’objet de 4 à 5 uniformes (le bazin pour la Fatiha, le pagne pour la journée, « lèche » ou « sahari » pour la soirée et un autre vêtement pour le Cocktail). Tout au long de la journée, la jeune mariée et ses amies changent d’habits, parfois plusieurs fois. Si certaines ont les moyens de le faire, d’autres non, mais sont prêtes à s’endetter, pour se procurer ces uniformes.L’uniforme n’est pas une question de moyen mais d’honneur, car, aucune femme ne veut rester en marge le grand jour. « Il m’arrive souvent de coudre trois (3) à (4) tenues pour un seul mariage surtout quand il s’agit du mariage d’un membre de la famille ou des amies » nous explique Mme Nana Mouhamed. « Je préfère ne pas assister au mariage si je n’arrive pas à avoir mes tenues à temps », nous a-t-elle confié
« Hawrandi », Valise du jeune marié, et « Waymatarey »constituent d’autres casse-têtes pour les parents de la jeune mariée
En effet, l’argent de la valise qui est un moyen de permettre à la future mariée de bien préparer son trousseau de mariage retourne chez le jeune marié. En dehors des dépenses exagérées pour équiper la chambre de la jeune mariée, les parents se trouvent confrontés à d’autres difficultés à savoir la valise du jeune marié, le hawrandi (les vivres accompagnés d’un bœuf qu’on amène chez la belle-famille) ; Waymatarey (les cadeaux composés de draps, tapis, tasses et autres habits qu’on offre pour les parents, les sœurs et cousines du jeune marié). Conscient de cette pratique malsaine qui n’honore pas notre société et qui conduit à la débauche de la jeunesse, les associations féminines ont décidé d’introduire un dossier au niveau du Ministère en charge de la Promotion de la Femme pour mettre fin à ces pratiques. La ministre en charge de la Promotion de la Femme a écouté le cri de cœur des associations féminines. « C’est ainsi qu’elle a mis un comité de réflexion qui a fait des propositions » explique Mme Kako Fatchima, présidente de la Coordination des Organisations Non Gouvernementales et Associations Féminines Nigériennes (CONGAFEN).La ministre a ensuite transmis le dossier à l’appréciation du Conseil de Cabinet puis au Conseil des ministres du 19 Juin 2020.
Ce qui a amené les associations féminines, en collaboration avec les trois Ministères concernés à savoir les Ministères en charge de la Promotion de la Femme, de l’Intérieur et celui de la Renaissance Culturelle, à aller à un forum de sensibilisation. « La faute incombe à nous les parents parce qu’on donne l’occasion ; avant, ce n’était pas comme ça, il faut vraiment être modeste par rapport à ce que nous faisons particulièrement nous les femmes », reconnait Mme Kako Fatchima. « Ces dépenses ostentatoires lors des cérémonies culturelles et traditionnelles des mariages n’est pas une affaire d’une seule personne, ça concerne tout le monde d’où la nécessité d’une forte mobilisation en vue de mener une lutte pour pouvoir atténuer ces dépenses », a précisé la présidente de la CONGAFEN. «Il faut que nous soyons conscients, nous devons accompagner les autorités en donnant le bon exemple à nos enfants. Avec la contribution de tout un chacun, des responsables à différents niveaux, nous allons y arriver», a estimé la présidente de la Coordination des Organisations Non Gouvernementales et Associations Féminines Nigériennes (CONGAFEN).
Par Aïchatou Hamma Wakasso(onep)