L’évolution du numérique devient un tremplin d’aliénation de notre société actuelle. En effet, les annonces de quête de partenaire pour le mariage inondent les réseaux sociaux. Une tendance longtemps pratiquée dans les pays occidentaux, mais désormais imitée par les Nigériens de tous âges qui s’adonnent à la recherche de partenaires selon des critères spécifiques via des pages de rencontres.
Le mariage est un acte social et religieux par lequel deux personnes s’unissent, selon les règles sociales et religieuses. Mais de nos jours, grâce à l’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication, on assiste à un remodelage des normes sociales et à une dépravation des mœurs. La jeunesse actuelle s’adonne, par le biais des réseaux sociaux, à la recherche de leur âme sœur, une pratique qui va à l’encontre des traditions connues au Niger. Historiquement, l’origine de cette pratique remonte aux années 1990, au temps où la presse écrite servait en France de support pour la publication de telle annonce.
À un moment donné en Afrique, on ne connaissait pas cela, mais grâce à l’avènement des réseaux sociaux ça a fait tache d’huile de l’Europe vers le continent africain, notamment dans les pays francophones qui sont beaucoup plus en contact avec le monde occidental. Selon le sociologue Alou Ayé, on ne peut pas dire que c’est un bon canal de recherche d’un partenaire. « Nous le savons tous que le meilleur canal de recherche d’un partenaire avec qui nous serons appelés à vivre une vie, à créer un foyer, la meilleure démarche est celle présentielle et non cette démarche virtuelle », estime -t-il. Car, explique M. Alou Ayé, le foyer n’est pas virtuel, c’est du réel, un foyer ça suppose une vie réelle avec toute ses contradictions, par conséquent, il faudrait connaître l’autre.
« Au vu des processus et méthodes suivis pour créer ce mariage et si jamais ça abouti, en mettant entre parenthèse les normes sociales et culturelles, je me dis bien quetous les ingrédients sont réunis pour que malheureusement ce mariage puisse être éphémère et voué à l’échec d’un moment à un autre », a affirmé le sociologue.
Par ailleurs, M. Alou Ayé souligne que cette nouvelle tendance ressemble plus à une forme de prostitution déguisée qui prend de l’ampleur. « Si réellement vous n’avez pas été en contact avec les parents, avec les témoins des deux partenaires, et que juste deux personnes qui ont décidé de s’unir et qui ont décidé de créer les conditions pour se marier, alors, ce n’est pas du mariage », estime-t-il.
Dans le contexte religieux, les fondements du mariage sont tout autres. Pour le président de l’Association Islamique du Niger, Cheikh Djibril Karanta, le principe du mariage doit être la vérité. L’homme et la femme doivent se dire la vérité sur tous ses aspects. « La première condition du mariage est d’abord, la demande de la main, par la famille du marié et l’acceptation de la famille de la mariée ; ensuite la deuxième condition qui repose sur la dot et enfin la dernière condition qui est le témoignage des tierces personnes ayant été témoins des deux premières conditions. Si la rencontre des deux gendres s’est faite en ligne, l’essentiel est que le fondement soit sur une base véridique et sincère », conclut le président de l’Association Islamique du Niger.
Mahamane Salissou Moudjahide (Stagiaire)