A Boubon, petit village touristique, beaucoup de jeunes, confrontés à des conditions de vie difficiles, trouvent dans la terre, une source de travail et d’indépendance. Ils fabriquent artisanalement des carreaux et pavés à base d’argile extraite de la terre. Une activité qui leur permet, non seulement de joindre les deux bouts, mais aussi et surtout faire de la poterie, une fierté du village.
La terre cuite est le plus ancien matériau céramique utilisé dans le bâtiment et la vie quotidienne. On l’utilise pour diverses raisons : fabrication d’objets en poterie (jarres, marmite, canaris, gargoulettes …) ou pour l’ornement des maisons (pots de fleurs, enfumoirs, pavés, carreaux…).
A Boubon, beaucoup de jeunes s’organisent en groupes, unissent leurs forces et s’adonnent quotidiennement à la fabrication artisanale des pavés et carreaux.
Selon M. Niandou Adamou, Président des jeunes fabricants de pavés et carreaux de Boubon « on dénombre une quinzaine de groupes de jeunes hommes qui pratiquent cette activité. Chaque groupe est composé d’au moins 5 personnes ».
Pour Abdoulaye Oumarou, jeune homme de 26 ans et fabricant de pavés et carreaux « Ce n’est pas seulement par manque d’emploi que nous faisons cette activité. C’est un savoir-faire transmis de génération en génération et il faut surtout de la passion et de la patience. Notre groupe est composé de 8 personnes ».
Argile, copeaux de planche, moule métallique, chiffon, eau et four en banco représentent les matériaux et outillages de ces artisans.
La production de pavés et carreaux est très complexe. Tout d’abord, l’argile est extraite dans les carrières d’argile et dans les parties inondables de l’île. Ensuite, elle est étalée au soleil pendant au moins 48 h puis méticuleusement pilé. La farine obtenue est bien tamisée pour obtenir une poudre plus fine. Ainsi, la poudre obtenue est mélangée avec une autre poudre obtenue à base de concassage de vieux objets en argile. Cette dernière poudre est plus dure et a pour rôle de renforcer l’argile directement extraite du sol. Le tout est bien mélangé avec de l’eau. Puis, bien pétri de manière à obtenir une pâte bien molle. La pâte, une fois obtenue, est versée dans des moules métalliques. Une fois la fabrication terminée, les objets sont exposés au soleil pour les faire sécher.
Après le séchage, les pavés et carreaux sont ensuite mis dans un four traditionnel en banco. Cette cuisson est nécessaire car elle rend les objets plus solides, explique un fabricant trouvé sur place. Celui-ci a ajouté que « le mètre carré coûte 5.000 F et les pavés et carreaux en terre cuite allient durabilité, esthétique et sont très versatiles ».
Hamza Alzouma, un jeune apprenti du groupe, âgé de 15ans parle de son apprentissage. «Je viens souvent les weekends pour aider mes frères et également apprendre le métier. Je suis en classe de 4ème et le travail de la terre dans la poterie est une tradition dans notre famille. Le chef de ce groupe est mon frère », indique-t-il.
Ces pavés et carreaux sont souvent confrontés à une situation de mévente. En effet, dans le temps, on avait beaucoup de commandes de Niamey et de Tillabéri. Maintenant, c’est à peine si on arrive à vendre 10 mètres carrés par mois, a expliqué le président des fabricants de pavés et carreaux de Boubon.
« Il faut nécessairement soutenir et appuyer ces jeunes au risque de voir ce savoir-faire complètement disparaître », conclu-t-il.
Nazir Ousmane (ONEP) Envoyé Spécial