Le Coordonnateur du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), Dr ABOU Yahaya, a animé le vendredi 26 avril 2024 au siège de sa structure, une conférence de presse organisée dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le paludisme. Il s’agit pour le Coordonnateur, à travers cette activité, d’apporter des éclaircissements sur la Stratégie Nationale de Lutte contre le Paludisme centrée sur trois volets à savoir le changement de comportement (hygiène et assainissement), des interventions spécifiques et la prise en charge des cas.
Dans ses propos liminaires, le Coordonnateur du PNLP a rappelé que le paludisme est un véritable problème de santé au Niger. « Depuis 2017 à 2022, le nombre des cas ont augmenté, malgré toutes les interventions qui sont mises en œuvre. Certes il y’a des paramètres qu’on peut présenter et justifier, mais nous pensons que c’est une interpellation à nous tous, pour pouvoir inverser la tendance et atteindre l’objectif de l’élimination de cette maladie telle qu’elle est prônée d’ici 2030 », a-t-il annoncé.
Du point de vue épidémiologique, a ajouté le Coordonnateur, en 2022, plus de 5 millions de cas ont été enregistrés dont 48 % sont des enfants de moins de 5 ans. « C’est une frange qui est durement touchée. Malheureusement, sur les 5.357.153 cas, nous avons enregistré 5.678 décès, dont 63 % de décès chez les enfants de 0 à 5 ans. Ces chiffres nous interpellent. Ce qui nous a amené, lors de l’élaboration du Plan Stratégique Nationale 2023-2026, de revoir certaines stratégies ou penser au renforcement de certaines stratégies. Nous ne pouvons pas nous passer du paludisme lorsque le vecteur circule », a-t-il martelé.
Le Coordonnateur du PNLP a insisté sur le changement de comportements, notamment l’aspect hygiène et assainissement. « C’est un aspect important. Ce n’est ni le PNLP, ni le Ministère qui pourrait agir sur cet aspect. C’est une question qui concerne tout le monde. Les chefs des quartiers, les collectivités territoriales, la société civile, les leaders religieux, les opérateurs économiques, les entrepreneurs, chacun de son côté doit jouer un rôle pour participer activement dans la lutte contre le paludisme », précise Dr. ABOU Yahaya. Il a ensuite parlé des interventions spécifiques comme le traitement des paludismes intermittents qui permet de prévenir le paludisme chez la femme enceinte, et de protéger le bébé. Il y’a également la chimio prévention du paludisme saisonnier. « A chaque période de pluie, nous distribuons des médicaments aux enfants de 3 à 59 mois. Selon les zones, nous faisons 3, 4 ou 5 passages. Ce sont des passages intercalés et c’est en fonction de la pluviométrie de la zone », a-t-il dit.
Pour la prise en charge des cas, le Coordonnateur du PNLP a évoqué la stratégie directe de la prise en charge des cas, qui se fait dans toutes les formations sanitaires jusqu’au niveau communautaire à travers les relais communautaires.
Le Coordonnateur du PNLP est revenu sur les raisons du choix du thème de la Journée. « L’OMS compile les données des différents pays, elle les analyse. On est parti sur le postulat ou le constat de 2017 à 2022, la situation ne s’est pas améliorée. C’est pourquoi, l’OMS nous interpelle sur l’équité. Puisque, si les enfants font le paludisme plus que les adultes, quelque part, on n’a pas joué à l’équité. Et quand nous voyons les femmes enceintes, on doit tout mettre en œuvre pour qu’elles soient véritablement protégées. Le thème est donc une interpellation », a-t-il fait savoir. Dr. ABOU Yahaya a annoncé que des moyens sont en train d’être mis en place pour l’atteinte de cet objectif à travers des actions de sensibilisation, l’implication de tous les acteurs. A propos du vaccin contre le paludisme, le Coordonnateur du Programme Palu a réaffirmé que le processus est en cours. « Nous sommes là-dessus. Et bientôt ça va commencer dans certaines localités choisies à partir d’un certain nombre de critères. On prend soin d’attendre le moment opportun. Certes, le vaccin fait partie des moyens de lutte, mais la solution, c’est l’hygiène et l’assainissement à travers l’évacuation des eaux stagnantes et autres. Le vaccin va venir en appoint », a-t-il souligné.
Farida Ibrahim Assoumane (ONEP)