À Niamey, des jeunes garçons, sont visibles au niveau des feux optiques et des ronds-points, où, le temps d’arrêt pour les feux de signalisation, ils lavent les parebrises des véhicules. Ces jeunes se faufilent entre les voitures pour proposer leurs services aux conducteurs, dans l’espoir d’avoir un peu d’argent pour subvenir à leurs besoins.
Ces laveurs de parebrises agissent souvent à l’improviste, surprenant le conducteur, guettant le feu vert. Sans expressément réclamer, ils attendent un geste de la part de l’automobiliste.
Ibrahim est un jeune habitant originaire de la région Tillabéri ; il est un des laveurs de pare-brise au rondpoint du quartier plateau de Niamey. Ce jeune homme, qui n’a jamais fréquenté l’école, s’est lancé dans cette activité pour ne pas rester à ne rien faire. « Cela fait longtemps que je fais ce travail, parfois on arrive à gagner et d’autres fois pas », confie-t-il.
Ibrahim dit exercer cette activité pour avoir juste de quoi manger. « Il nous arrive souvent d’avoir des difficultés comme le non payement et le manque de compréhension avec les propriétaires de véhicules. Néanmoins, nous arrivons à gérer car la faute nous revient, on n’y peut rien. Nous sommes obligés d’accepter et d’être patients puisque nous n’avons nulle part où trouver à manger et mieux vaut cette activité que de se lancer dans la délinquance ou le vol », déclare-t-il.
Le lavage des parebrises, est un travail à petit revenu. « Quand j’ai des pièces de 100f/200f, je leur donne et si je n’en ai pas je passe », affirme Tahirou Abdourahamane, un conducteur.
Cette activité est exercée par de nombreux jeunes garçons à Niamey depuis un certain moment. Bien que ces derniers temps, les vitres sont maculées de poussière très rapidement, certains conducteurs n’apprécient pas les prestations de ces laveurs. « Nous n’apprécions pas ce qu’ils font. En ce moment de l’année (mois de février) où il y a trop de poussière, c’est certes intéressant de laver les vitres mais je ne pense pas que ce soit à eux de le faire », estime M. Tahirou qui qualifie cette activité de « mendicité voilée ».
Et M. Tahirou d’ajouter que même si cela permet aux enfants de gagner de l’argent, ce n’est pas la meilleure façon de faire. « J’ai l’habitude de prendre le véhicule du lavage mais avant de rentrer à la maison, quand je m’arrête au feu-rouge, ils essaient de laver les vitres. Ce qui est énervant ce n’est pas le métier mais, la prestation qui est faite sans notre consentement. Souvent quand vous avez le regard tourné, avant que vous ne vous rendiez compte, ils ont déjà commencé à verser le détergent sur la vitre », dénonce M. Tahirou Abdourahamane.
Pour un autre interlocuteur, ces enfants ne méritent pas de vagabonder dans la rue. « Cela me fait vraiment de la peine de voir ces enfants-là dans la circulation, mettre en danger leur vie. Je ne vais pas les encourager mais, cela me gêne de partir sans les payer », dit-il.
Pour sa part, M. Abdoul Aziz Adamou, un jeune âgé de 25 ans, conducteur de taxi, affirme que ces laveurs de pare-brise essayent juste de gagner un peu d’argent dans ce travail. « Ne les méprisons pas ! Ce métier est leur gagne-pain et si nous ne les encourageons pas de temps à autre, ces jeunes peuvent être tentés par le vol », souligne-t-il.
Oumarou Farouk Habi (Stagiaire)