« Entente Club Judo» de Dosso est une association dédiée à l’enseignement du judo. Ce club est situé dans l’enceinte de l’arène de lutte traditionnelle «Salma Dan Rani» de Dosso, au quartier Bagué Koira. Il a été créé en 1996 par Maître Ousseini Seyni, connu sous le nom de Maître Acide. Ousseini Seyni a débuté la pratique du judo à Dosso en 1986. Aujourd’hui âgé de 57 ans, il est 4ème Dan de judo et reste engagé dans l’enseignement de cet art martial qui lui est cher. En plus d’enseigner, le judo, il est également arbitre international de judo depuis 2018 et possède son propre atelier de soudure.
Depuis sa tendre jeunesse, Maître Acide a été un passionné de cet art et il a bénéficié d’une excellente formation car, il a été formé par de grands-maîtres de judo tels que Maître Fouta, Maître Boureima Sounna et Maître Kousto. Autrefois, maître Acide était un redoutable combattant, affirmant avoir voyagé intensivement à travers le pays et à l’étranger, remportant de nombreuses médailles, bien qu’il n’ait pas pris la peine de les répertorier. Il a même fait partie de l’équipe nationale pour défendre les couleurs du Niger. « Le surnom Acide m’a été donné par mon ami Soumana lors de ma première participation à une compétition, au festival de Zinder en 1986, où j’avais décroché la médaille d’argent. J’avais la ceinture orange, lors de mon combat avec un judoka zinderois, je l’ai brillamment projeté en ippon, ce qui lui a provoqué une rupture de la clavicule. Il souffrait énormément et criait «acide, acide». C’est à partir de ce moment-là que mon ami Soumana a commencé à m’appeler «acide» » a-t-il raconté, avec ironie.
Le Club Entente de Dosso compte actuellement environ cinquante adhérents, et propose des sessions d’entraînement du lundi au vendredi sur un tatami. Pour s’inscrire, il suffit de régler les frais d’inscription de 2000 F, puis de s’acquitter d’une mensualité de 1000 F par mois. Maître Acide a formé plus de 50 élèves au judo, les menant jusqu’à la ceinture noire, et certains jusqu’au grade de 3ème Dan. Parmi ses disciples, on compte des combattants internationaux et des athlètes de l’équipe nationale du Niger. Certains de ses enfants s’adonnent dans la pratique de cet art martial, tandis que d’autres, en particulier ses filles, ne montrent aucun intérêt pour ce sport et préfèrent se consacrer à d’autres activités. « Dosso abrite de nombreux jeunes talents prometteurs, c’est pourquoi, mon club a toujours fourni des combattants pour renforcer l’équipe nationale du Niger, parmi lesquels Zalika Adamou, Zakari Amadou surnommé Jika, Mamoudou Amadou évoluant actuellement en France, Body Guéro et Mounira Djibo, tous récompensés lors de différentes compétitions nationales et internationales, pour ne mentionner que quelques-uns », a-t-il dit.
Une ferme volonté de continuer à enseigner malgré les contraintes
Malgré sa passion pour cet art et son désir ardent de transmettre aux jeunes, Maître « Acide » rencontre plusieurs difficultés dans la conduite de cette activité. Deux de ses principaux problèmes sont l’absence d’un local approprié pour exercer son art et les cotisations mensuelles non payées par les élèves. Maître Acide affirme que ses disciples et lui sont très dévoués à la pratique du judo. Selon lui, il ne tire aucun avantage financier de son enseignement car, les disciples ne peuvent pas payer les frais d’adhésion faute de moyens. Par ailleurs, Maître Acide est consterné d’être systématiquement expulsé des lieux publics de l’État alors qu’il exerce cet enseignement par pure passion.
« Pratiquer et enseigner le sport au Niger s’avèrent extrêmement compliqués. Lorsque j’ai tenté d’organiser une compétition, les responsables de la MJC m’ont demandé de payer 60.000 F CFA par jour pour la location d’un simple hangar. Pourtant, cette discipline représente une passion pour nous, et nous aspirons à porter haut les couleurs du Niger. Le manque d’infrastructures adéquates entrave considérablement le développement du judo à Dosso. Pendant deux ans, j’ai été dans l’incapacité d’enseigner faute d’installations adaptées. J’ai dû mobiliser mes connaissances pour obtenir un petit espace à l’arène de lutte de Dosso afin de pratiquer mon art. Même si l’endroit ne répond pas entièrement aux normes, nous nous adaptons avec les moyens de bord », a-t-il conclu.
Assad Hamadou (ONEP)