Le mariage est un acte qui lie la religion et la tradition. Aujourd’hui, comme de tous temps, le mariage est célébré dans des normes avec des rituels culturels et religieux. Toutes les facettes sont prises en compte, jusqu’au moindre détail, par ces deux piliers que sont la religion et la tradition dans un processus précis. Cependant ces rituels varient selon les religions et les cultures des futurs mariés et de leurs familles. Les tendances constatées çà et là, laissent croire que le mariage, tel qu’il est célébré aujourd’hui, est pris en tenailles de manière absurde entre religion, tradition et réalité, rendant ainsi le coût du mariage très exorbitant.
Malgré tous les garde-fous, certains aspects du mariage perdent de plus en plus de repère au point d’être considéré pour le commun des nigériens comme un fardeau. Certains allant jusqu’à y voir un chemin creusé d’épreuves liées à des dépenses de grandes factures.
De nos jours, l’organisation du mariage a atteint tout son paroxysme en termes de dépenses et de surcharges. Quand un mariage s’annonce, les deux parties n’auront pas de répit durant une longue période. Des poches vont saigner, beaucoup de dépenses d’argent et d’énergie, mais la chandelle en vaut le jeu !
Oustaz Souleymane Oumar, dit Souleymane Bonferey, explique que le mariage fait partie des actes d’adoration du Prophète. Ce qui en fait, dans certaines circonstances, une obligation du point de vue de l’islam.
Les leaders religieux et coutumiers s’indignent…
Dans le cadre du mariage, Oustaz Souleymane Oumar rappelle que l’islam préconise de rendre les choses souples afin d’éviter les dépenses ostentatoires. « Aujourd’hui pour un seul mariage, certains peuvent se permettre de débourser des millions rien que pour la dot. On ne dit pas que c’est du haram, car la charia n’a pas interdit cela. Il n’y a pas de minimum ou maximum pour le mariage, mais le prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui) a démontré que le mariage le plus bénéfique, c’est celui qui est moins coûteux en termes de dépenses, autrement dit, la meilleure dot est celle qui est la moins coûteuse », explique Souleymane Oumar Bonferey, avant de préciser que le bon mariage est loin d’être une simple affaire d’argent.
Les leaders sont les gardiens de la tradition. Ils ont leurs mots à dire dans le cadre du mariage. Le Chef du quartier Tallagé, M. Hassane Soumana dit Sagayzé, un autochtone du canton de Saga, est régulièrement sollicité pour participer à des mariages en tant qu’autorité coutumière depuis plusieurs décennies. Son quartier enregistre plus de 25 mariages chaque week-end. Pour lui, la question du mariage dans sa forme actuelle est un sujet très délicat, car il y a beaucoup d’éléments qui y sont greffées. « Quand on assiste à un mariage nous insistons qu’il y ait un mariage normal, c’est-à-dire un mariage basé sur le consensus entre des jeunes ayant atteint l’âge de se marier », dit-il.
Selon lui, c’est la coutume qui prime dans le cadre du mariage au Niger, mais on constate que les gens exagèrent beaucoup. Il déplore comment les mariages sont célébrés avec des dépenses énormes qu’ils engendrent. « Les gens aiment vraiment se compliquer la vie ! On a tout fait pour combattre la pratique des uniformes et du gaspillage pendant les mariages, mais en vain. Nous faisons des sensibilisations dans ce cadre, mais rien n’y fit ! Mariage uniforme, baptême uniforme, sans compter les mets et autres pratiques fantaisistes. Ce qu’une famille peut conserver pour des mois, en une seule journée, on le gaspille. C’est du gâchis, vraiment moi, personnellement je m’oppose à cela. Ce n’est pas bon ! », s’indigne le Chef du quartier de Tallagué.
S’agissant de la normalisation et la réduction des coûts du mariage, M. Hassane Soumana, insiste sur le rôle que doit jouer le pouvoir public. « On ne peut parler de mariage sans parler de feu Président Kountché. Ce dernier a fixé et imposé avec rigueur le plafonnement de la dot du mariage à 50.000 FCFA. Jusqu’à présent, c’est ce qui est respecté, mais au fond, y a un jeu de cache-cache. Car, vous allez voir que le jour du mariage on annonce les 50.000 francs, la kola et le cadeau des marabouts et des chefs des quartiers, mais à l’incognito, il y a des choses qui se passent entre les deux parents qui ne sortent jamais au dehors. Ce qu’on brandit devant tout le monde c’est 50.000F pas plus pas moins. Pour le reste c’est la cuisson interne», dénonce le chef du quartier Hassane Soumana. Aussi, ce dernier invite-t-il les parents et les jeunes mariés à revoir leur copie pour réduire les coûts du mariage et surtout d’éviter d’imiter ce que font les autres.
Par Abdoul-Aziz Ibrahim(onep)