Le phénomène de la mendicité persiste encore dans la Ville de Niamey, en dépit des mesures énergiques prises par les autorités régionales pour endiguer le fléau. En effet, dans les coins et recoins de Niamey, on rencontre les jeunes enfants, souvent des talibés, s’adonnant à cette pratique, avec parfois une certaine agressivité envers les passants.
Dans les marchés, les différentes artères de la ville ainsi que dans les quartiers, ces jeunes circulent à longueur de journée pour quémander. Ils sont visibles souvent à des heures tardives à côté des mosquées, devant les pharmacies, ou lors des cérémonies de mariage ou de baptême, en train de mendier. Que vous soyez dans un véhicule ou à pied, c’est difficile de passer un quart d’heure d’arrêt sans qu’un mendiant ne vienne tendre la main pour vous demander une pièce.
Parmi ces mendiants, on trouve des personnes âgées, de jeunes bras valides, de jeunes filles, des enfants. Certains sont aujourd’hui passés d’enfants mendiants à enfants guides-mendiants, une autre forme de mendicité pratiquée sous forme de contrat en collaboration avec les tuteurs et les parents desdits enfants. « Cette nouvelle forme de mendicité « gagnant-gagnant » consiste à « louer » un enfant qui aura pour mission de guider un mendiant aveugle dans les rues ; et à la fin de la journée, le mendiant aveugle en question rétribue son guide en envoyant une somme d’argent au tuteur de l’enfant qui, à son tour, envoie aussi aux parents du guide », a notifié M. Sidikou Moussa, Coordonnateur de l’ONG Ecole Parrainage Action pour le Développement (EPAD-Niger) au cours de la présentation d’une étude menée sur la mendicité des enfants guides-mendiants à l’intérieur du pays.
Venant des zones reculées des régions du Niger, ces hommes, femmes, jeunes et enfants, à la recherche de leur pitance quotidienne dans les grandes villes du Niger ou dans la sous-région, n’ont d’autres lieux d’activités que la rue où se passe leur vie.
Plusieurs facteurs poussent ces personnes valides ou invalides à la mendicité : la pauvreté, une mauvaise récolte saisonnière, la sécheresse, l’exode, le gain facile ou l’oisiveté. « Par ailleurs, l’islam tolère, à certaines conditions, la mendicité mais n’accepte pas la pratique comme activité permanente », souligne le prédicateur Fataou.
Cette pratique donne une mauvaise image du pays. C’est pourquoi les autorités compétentes doivent créer les cadres de réinsertion de ces personnes dans la société afin qu’elles participent également au développement du pays. La création des activités génératrices de revenus, les offres de formations socioprofessionnelles, les appuis techniques et financiers à certaines personnes en situation de handicap, sont autant de créneaux dans lesquels ces personnes peuvent évoluer et gagner dignement leur vie.
En outre, il faut relever que ces personnes mendiantes sont exposées aux dangers de la rue ou des problèmes sanitaires, des accidents de la circulation routière, la délinquance, la dépravation des mœurs, la consommation de stupéfiants, etc. Il est alors temps que des solutions idoines soient trouvées à ce phénomène qui n’a que trop duré.
Halimatou Mahamadou Harouna (Stagiaire)