Cette année 2024, en prélude à la Journée mondiale contre le Cancer célébrée le 4 février, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a consacré le mois de janvier une campagne de sensibilisation sur le cancer du col de l’utérus et a mis en avant tout au long du mois, trois messages essentiels , à savoir : « Renseignez-vous » ; « Faites-vous dépister » ; et « Faites-vous vacciner ».
Le cancer du col de l’utérus est une tumeur localisée au niveau de la muqueuse utérine. Cette maladie est causée par une infection persistante due à un virus dénommé Papillomavirus Humain (HPV).
À l’échelle mondiale, le cancer du col de l’utérus est le quatrième cancer le plus courant chez les femmes. En 2020, au total 100 000 femmes ont développé un cancer du col de l’utérus dans la Région africaine de l’OMS, près de 70 000 sont décédées des suites de cette maladie, soit une mortalité liée au cancer du col de l’utérus dans le monde de 21 %. Le cancer du col de l’utérus sévit de manière disproportionnée dans certaines de nos communautés les plus vulnérables.
Les messages essentiels retenus pour la campagne de cette année sont les suivants :
✓ Renseignez-vous. Il est primordial que les jeunes femmes en particulier connaissent le lien qui existe entre le cancer du col de l’utérus et le papillomavirus humain.La quasi-totalité des cancers du col de l’utérus sont liés à ce virus courant qui se transmet lors de rapports sexuels.
✓ Faites-vous dépister. Le fait de connaître ce lien avec une infection virale courante signifie en effet qu’il est désormais plus facile de dépister la maladie chez les femmes.
✓ Faites-vous vacciner. On peut prévenir cette maladie en vaccinant les jeunes femmes, ce qui est de nature à prévenir l’infection par le papillomavirus humain. La sensibilisation au cancer du col de l’utérus nous oblige à responsabiliser les femmes en leur prodiguant des connaissances, à l’école comme dans les cliniques et dispensaires et en mettant à contribution les femmes qui vivent avec la maladie. Le fait de mieux appréhender le lien qui existe entre la maladie et le papillomavirus humain encouragera le dépistage et la vaccination contre le papillomavirus humain chez les jeunes femmes.
Les taux élevés d’incidence du cancer du col de l’utérus dans la Région africaine montrent qu’il existe des lacunes importantes sur les connaissances des populations et en matière de sensibilisation à la maladie et d’accès au dépistage. L’OMS invite les pays à focaliser leurs efforts sur les besoins immédiats afin de combler les lacunes constatées.
Il est également urgent de s’assurer que le vaccin contre le papillomavirus humain soit administré à toutes les jeunes filles âgées de neuf à 14 ans.
Face à cette charge de morbidité inacceptable du cancer dans la région Africaine, l’OMS recommande aux pays les actions suivantes :
1. Utiliser le cadre de santé publique spécifique, lancé en 2021 et qui vise à accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique en Afrique.Ce cadre présente les mesures concrètes qui peuvent être prises par les pays pour atteindre les objectifs de :
– 90 % des filles sont entièrement vaccinées contre le papillomavirus humain à l’âge de 15 ans ;
– 70 % des femmes bénéficient d’un dépistage réalisé à l’aide d’un test de haute performance à l’âge de 35 ans et à nouveau à l’âge de 45 ans ;
– 90 % des femmes atteintes de lésions précancéreuses sont traitées et
– 90 % des femmes atteintes d’un cancer plus avancé sont prises en charge.
2. Intégrer les services de dépistage et de traitement du cancer du col de l’utérus et du sein dans les services de soins de santé primaires, par exemple les services de dépistage et de traitement du VIH peuvent être utilisés comme une occasion de susciter une prise de conscience au problème du cancer du col de l’utérus et d’offrir un dépistage et une vaccination aux femmes qui s’y font consulter. D’autres services peuvent être utilisés, ainsi au Niger, des progrès ont été faits à l’instar du dépistage dans les formations sanitaires de certains districts.
3. Adopter le dépistage du papillomavirus humain comme d’indicateur de la présence éventuelle d’un cancer du col de l’utérus. L’OMS apporte son appui aux pays de la Région pour cela et seize pays dont le Niger ont commencé. L’une des avancées majeures du dépistage est l’utilisation de kits d’auto-prélèvement grâce auxquels on peut dépister le papillomavirus humain. Cela peut se faire dans des centres de santé communautaires.
4. Renforcer les capacités de diagnostic et de traitement précoce. De bons services de pathologie sont nécessaires pour diagnostiquer le cancer du col de l’utérus.Une fois diagnostiquées, les patientes peuvent avoir besoin de plus d’un type de traitement. Le diagnostic et le traitement doivent être disponibles dans les centres de santé publics, d’une manière qui n’entraîne pas de coûts majeurs pour les patients ni pour leurs familles.
5 Renforcer la vaccination des jeunes femmes contre le papillomavirus humain, – un vaccin qui sauve des vies – à travers l’administration d’une seule dose dont la très grande efficacité est avérée.
Au Niger, le cancer du col de l’utérus occupe le 2ème rang après celui du sein. Les activités de dépistage et de prise en charge des lésions précancéreuses du cancer du col de l’utérus sont assurées par le Centre de Santé de la Reproduction (CSR) dans la région de Niamey et les Centres de Santé de la Mère et de l’Enfant (CSME) dans les autres 7 régions du pays. Certaines formations sanitaires offrent également le dépistage gratuitement grâce à l’appui des partenaires dont l’OMS au niveau du District Sanitaire de Mayahi. Le pays dispose également d’un Centre National de lutte contre le Cancer (CNLC) dans lequel sont pris en charge les malades du cancer. Cependant, l’insuffisance d’information et de sensibilisation de la communauté sur le cancer ainsi que celle des moyens diagnostiques et thérapeutiques constituent un défi à la lutte contre le cancer dans le pays.
En ce début d’année 2024, l’OMS recommande de faire de la lutte contre le cancer du col de l’utérus une des priorités parmi nos actions, car il est possible de prévenir le cancer du col de l’utérus et de le guérir. Tout le monde doit être conscient de la maladie, de ses causes et des moyens de la prévenir.
Ce n’est pas une seule intervention qui devrait être menée, mais une grande variété de techniques et d’approches pour y arriver. L’OMS en collaboration avec un large éventail de partenaires et de parties prenantes, continuera de travailler avec les pays pour accélérer la lutte contre le cancer du col de l’utérus, celui du sein et d’autres cancers.
Détection, diagnostic et traitement précoces du cancer du col de l’utérus
• Les femmes devraient bénéficier d’un dépistage du cancer du col de l’utérus tous les 5 à 10 ans dès l’âge de 30 ans. Les femmes vivant avec le VIH devraient faire un test tous les trois ans à partir de 25 ans.
• Le cancer du col de l’utérus peut être guéri s’il est diagnostiqué et traité à un stade précoce de la maladie. Les femmes doivent s’adresser à un professionnel de la santé si elles remarquent un ou plusieurs des signes suivants : Saignement inhabituel entre les règles, après la ménopause ou après un rapport sexuel ; pertes vaginales plus importantes ou malodorantes ; symptômes tels que douleur persistante dans le dos, les jambes ou le bassin ; perte de poids ; fatigue ; perte d’appétit ; gêne au niveau du vagin et gonflement des jambes.
La détection précoce du cancer sauve des vies
« Nous pouvons éliminer le cancer de col de l’utérus : Renseignez-vous, Faites-vous dépister, et Faites-vous » vacciner !