Dans le domaine de l’enseignement primaire, il apparaît que dans une première phase, (2011-2016), l’accent a été mis sur l’amélioration des capacités d’offre, en créant de nouvelles écoles, en construisant des classes et en recrutant des enseignants. Cette volonté d’augmentation de l’offre s’est traduite par la hausse progressive du taux brut de scolarisation. Par la suite, l’accent a été mis sur les reformes pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement offert (curricula, évaluation des enseignants et ruptures des contrats des enseignants dont le niveau est jugé insuffisant, redéploiement du personnel enseignant, rigueur dans l’évaluation des acquis, etc.). Ces réformes ont d’abord entrainé une baisse des indicateurs de qualité entre 2017 et 2018, puis une reprise à partir de 2019, traduisant ainsi les effets de ces ajustements. Quant au taux brut d’admission, les responsables du secteur de l’Enseignement primaire indiquent que sa baisse, notamment à partir de 2015, pourrait s’expliquer par le phénomène d’insécurité qui a entraîné des déplacements massifs et des fermetures d’écoles.
L’offre des services de l’enseignement primaire est aussi un indicateur qui a été pris en compte. Il s’agit ici de la création de nouveaux établissements, de l’élargissement des capacités d’accueil, et le recrutement des enseignants. C’est ainsi que sur la période de mise en œuvre du Programme de Renaissance, 5.180 écoles primaires et 1.935 établissements du préscolaire ont été créés. Les responsables de l’éducation relèvent que comparativement à leurs niveaux de 2010, le nombre d’écoles primaires et celui d’établissements ont respectivement augmenté de 24% et 43%. Pour accroître les capacités d’accueil, 11.038 salles de classe ont été construites et équipées. Du côté du corps enseignant, 10.350 enseignants ont été intégrés à la fonction publique et 26.600 enseignants contractuels recrutés.
Par ailleurs, 7.901 centres d’alphabétisation ont été ouverts, ayant permis d’alphabétiser et de former 262.886 adultes et adolescents. A cela s’ajoute, la création de huit (8) centres de regroupement, 307 classes de seconde chance (C2C), 90 centres d’éducation alternative (CEA) et 227 classes passerelles (SSA/P). Et grâce à l’amélioration de l’offre, les indicateurs d’accès et de couverture ont progressé. En effet note-t-on, les effectifs des élèves du primaire sont passés de 1.726.452 en 2010 à 2.666.748 en 2019, soit une progression de 54,5% ; ce qui a permis d’augmenter le taux brut de scolarisation (TBS) de 63,5% à 69,8% sur la période. La même tendance est observée pour le cas spécifique des filles.
Quant aux efforts en matière d’amélioration de la qualité, ils ont concerné le renforcement des capacités des enseignants et encadreurs pédagogiques. Il s’agit de la création de 4 nouvelles écoles normales d’instituteurs afin de pourvoir le sous-secteur en enseignants de qualité, la formation de 2.553 Instituteurs en Sections Spéciales dans les ENI, la formation de 107 inspecteurs, de 377 conseillers pédagogiques et de 199 Conseillers pédagogiques de l’enseignement traditionnel, franco-arabe et préscolaire à l’École Normale Supérieure de Niamey. A cela s’ajoute la formation de 70 inspecteurs pédagogiques de l’enseignement traditionnel, franco-arabe préscolaire à l’ENS et l’IFAENF, de 25.989 contractuels sans formation initiale sur une période de 30 à 45 jours dans les ENI, de 5.000 enseignants contractuels sans formation initiale et 4.000 directeurs d’écoles dans le cadre de l’initiative IFADEM. En outre, d’autres formations continues ont été organisées au profit de 87.840 enseignants en
apprentissage de la lecture/écriture et de l’évaluation, 1.069 enseignants, cadres et encadreurs en braille, en langue de signes et en éducation inclusive.
Des progrès remarquables et indéniables ont aussi été enregistrés dans le domaine de l’enseignement secondaire. A titre indicatif, l’accès à l’enseignement secondaire s’est amélioré grâce au renforcement des capacités d’accueil. C’est ainsi que 453 nouveaux Collèges d’Enseignement Général et 15 lycées publics ont été créés et 90 autres collèges transformés en Complexes d’Enseignement Secondaire (CES). L’accès s’est également amélioré grâce aux autorisations de création de 326 établissements privés et l’ouverture de 233 autres. En outre diverses infrastructures ont été construites et équipées dont 3.228 salles de classe, 39 bibliothèques et 12 laboratoires ainsi que 821 salles de classe réhabilitées. Il est aussi souligné l’adoption de la politique nationale de la scolarisation et de la formation de la jeune fille, l’élaboration d’une loi portant protection de la jeune fille en cours de scolarisation et la révision du système d’attribution des bourses avec critères discriminants en faveur de la jeune fille.
Dans le secteur de l’enseignement professionnel et technique, les responsables en charge du Ministère expliquent que, par exemple, en matière d’accès et de couverture, les principales réalisations ont concerné le renforcement des capacités d’accueil : le nombre d’établissements publics de formation professionnelle et technique est passé 32 en 2010 à 387 en 2019, soit 355 créations. A cela s’ajoute la création 36 établissements privés, faisant passé leur nombre à110 en 2019. De même, 15 nouveaux types de dispositifs dénommés Sites Intégrés de Formation Agricole (SIFA) ont été implantés dans les régions de Dosso et de Maradi. Le sous-secteur a également bénéficié de la construction et de la réhabilitation des diverses infrastructures. En plus du Lycée Technologique de Doutchi, 444 salles de cours, 248 ateliers, 19 blocs latrines et 2 plateformes ont été construits. A cela s’ajoutent la réhabilitation et l’extension du Lycée Technique Dan Kassawa de Maradi, du Centre de Formation Professionnelle et d’Apprentissage (CFPA) de Zinder, du Lycée d’Enseignement Technique Kalmaharo et du Lycée d’Enseignement Professionnel Issa Béri de Niamey. Toutes ces réalisations ont permis d’améliorer l’accès à l’enseignement professionnel et technique, mesuré par la proportion des apprenants dans les écoles de formation professionnelle et technique (EFPT).
Au niveau de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, il ressort que le nombre d’étudiants a évolué de 19.784 en 2010 à 80.145 en 2019 pour une cible de 100.000 étudiants en 2021. On souligne ici une progression de la proportion des étudiantes, passant de 28% en 2010 à 38% en 2019, tendance favorable à l’atteinte de la cible de 40% en 2021. Cette progression du nombre d’étudiants a fait progresser le TBS (taux brut de scolarité) au supérieur de 3,21 points de pourcentage, pour se situer à 4,64% en 2019. Ces résultats sont dus à la création de 4 nouvelles universités publiques à Agadez, Dosso, Diffa et Tillabéry ainsi qu’à l’octroi de 47 autorisations de création et 41 autorisations d’ouverture d’établissements supérieurs privés. De même, pour diversifier l’offre de formation, 64 filières de licence et 56 autres de master ont été autorisées au sein des 151 établissements privés d’enseignement supérieurs. Ces résultats sont également dus à la construction de 46 salles de cours, 8 laboratoires, 5 bibliothèques, 4 amphithéâtres dans les universités publiques. A cela s’ajoutent la réhabilitation, l’extension et l’équipement de plusieurs infrastructures.
Selon les responsables de l’enseignement supérieur, relativement à l’amélioration des conditions de vie des étudiants, il est noté la construction de 2 citées universitaires, l’acquisition 51 bus pour le transport des étudiants et de 7 muni bus pour les sorties pédagogiques ainsi que l’attribution des bourses d’une enveloppe d’environ 106,4 milliards de FCFA et des aides sociales d’un montant de 13,6 milliards. Cependant disent les responsables du Ministère, le renforcement du personnel enseignant n’a pas permis d’améliorer significativement la qualité de l’enseignement supérieur. Certes, si le taux de réussite au BTS d’Etat a connu une légère tendance haussière, celui de réussite au bac a régressé sur la période (2010-2019). Les principales réalisations ont-elles concerné le recrutement de 1.669 enseignants et personnel administratif et la formation de 625 enseignants sur diverses thématiques. Par ailleurs, 117 enseignants chercheurs des universités nationales ont été promus au grade supérieur.
Efforts dans le secteur de la santé de 2011 à 2019
Selon les responsables du Ministère de la Santé Publique, les efforts réalisés dans le secteur ont porté sur l’accès aux soins et services, les prestations, la prévention, la disponibilité des produits et les ressources humaines. C’est ainsi qu’on note que le taux de couverture sanitaire a progressé de 6,05 points de pourcentage, pour s’établir à 51,35% en 2019. De même, le pourcentage de population située à plus de 5 km des formations sanitaires, couverte par les activités mobiles et foraines, a évolué de 57,32% en 2011 à 49,79% en 2019. Quant au taux d’utilisation des soins curatifs, la moyenne annuelle sur la période est d’environ 53,3%. Son amélioration a été contrainte notamment par les retards de remboursement des factures des formations de santé au titre de la gratuité des soins, le problème de complétude des données, et les grèves récurrentes des contractuels de la santé.
Les principales réalisations qui ont contribué à l’évolution de ces indicateurs sont relatives à la construction et à la réhabilitation des infrastructures sanitaires. Ainsi, on note la construction de 2 hôpitaux nationaux de référence (Niamey et Maradi), 1 hôpital mère-enfant à Niamey et 7 centres de santé mères-enfants (CSME) dans les autres régions, 1 centre national de lutte contre le cancer (CNLC), 1 centre de prise en charge des fistules obstétricales et le Centre Hospitalier Régional (CHR) de Tillabéry, de 56 maternités, 475 Centres de Santé Intégré (CSI) dont 258 issus de la transformation des cases de santé (CS). A cela s’ajoute la construction de 3 pharmacies populaires et de 30 laboratoires. Par ailleurs note-t-on, d’autres actions de construction ont concerné les services d’urgence et de pédiatrie du CHR de Niamey, de 72 bruleurs au niveau des CSI, de 10 salles de cours au niveau des écoles de santé.
Les infrastructures sanitaires réhabiltées comprennent 5 CHR, 3 CSME, 46 HD, 180 CSI, 21 CS, 16 maternités, 80 laboratoire, 9 pharmacies populaires, 2 dépôts de zone de l’ONPPC, 13 CRENAS, l’Hôpital National de Lamordé (HNL). D’autres réhabilitations ont concerné le bloc opératoire de la Maternité Issaka Gazobi (MIG), le pavillon d’hospitalisation des femmes victimes de la fistule du CSME de Tahoua et certains services des hôpitaux nationaux de Niamey et de Zinder. L’évolution des indicateurs d’accès est également due à l’équipement des formations sanitaires. En matière des prestations des soins et services de santé, les efforts ont permis d’abord d’améliorer les indicateurs de la santé de reproduction. Ainsi, le taux d’utilisation de la Planification Familiale (PF) a augmenté de manière significative sur toute la période 2010-2019 et se situe au-delà des ambitions. Les taux de la consultation prénatale, d’accouhements assistés par un personnel qualifié, ont aussi évolué ; il en est de même du taux de couverture vaccinale qui, releve-t-on, a toujours atteint ses cibles annuelle.
On apprend que les principales réalisations ayant contribué à l’atteinte de ces résultats ont concerné la redynamisation de 20 centres de santé «amis des jeunes», l’approvisionnement des centres sanitaires en produits contraceptifs, la mise en œuvre des stratégies impliquant les acteurs communautaires, l’organisation des caravanes de sensibilisation et d’offre active des soins en santé de la reproduction au profit des mères et des enfants dans les différentes régions. Autre fait ayant contribué à tous ces résultats, c’est la gratuité des soins à l’endroit des enfants et des femmes enceintes et pour lequel, un montant de 36 milliards de FCFA a été débloqué sur la période 2011-2019. Les prestations ont également contribué à l’amélioration de l’état nutritionnel des populations. On note en effet que la prévalence de la malnutrition aigüe globale (MAG) s’est améliorée en passant 16,7% en 2010 à 10,7% en 2019. Le taux de la malnutrition aiguë sévère (MAS) a suivi la même tendance.
Ces résultats ont été atteints grâce dit-on aux réalisations suivantes : la prise en charge de 6,8 millions enfants malnutris dont 3 millions des cas sévères, la distribution des suppléments alimentaires aux enfants de 6 à 23 mois et aux femmes enceintes et allaitantes, l’organisation des campagnes de supplémentation des enfants en vitamine A et en fer/acide folique et l’approvisionnement régulier des structures sanitaires en produits thérapeutiques et médicaments. Les prestations ont en outre contribué à améliorer les indicateurs de suivi des maladies transmissibles. Des campagnes de masse ont été organisées pour lutter contre d’autres maladies et grâce aux campagnes de vaccination organisées, l’efficacité du système de prévention a été renforcée.
Les responsables de la santé disent aussi que les acquis enregistrés dans le domaine de la santé, doivent concerner, entre autres, la disponibilité en personnel. C’est ainsi note-t-on que les efforts en matière de recrutement des ressources humaines ont permis d’améliorer les ratios préconisés par l’OMS. A partir de 2011, le Niger respecte les normes concernant les infirmiers et les sages-femmes. Par contre, la norme relative aux médecins n’est pas encore atteinte. Le recrutement a concerné 5.324 agents de santé dont 916 médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes, 3.762 paramédicaux et 646 auxiliaires. A cela s’ajoute le recrutement de 3.176 contractuels, 10 sages-femmes VNU (volontaires des nations unies) nationales et 10 médecins VNU internationaux. Par ailleurs, on note la formation de 286 médecins spécialistes et 388 paramédicaux ainsi que le redéploiement de 1.234 agents de santé dans les régions du pays. Pour les responsables de la santé, les indicateurs relatifs à la disponibilité des ressources humaines dans les structures de santé se sont significativement améliorés cette dernière décennie.
Issaka Saïdou(onep)