
Mme Bayard Mariama Gamatié
Mme la présidente, qu’est-ce que la Plateforme Nationale des Femmes AES ?
La plateforme Nationale des femmes AES est un regroupement de l’ensemble des structures, organisations et groupements des femmes du Niger qui ont opéré de 1960 à 2023 et de 2023 à nos jours, y compris les femmes handicapées, syndicalistes, juristes et religieuses. Les femmes sont certes déjà impliquées dans la mobilisation pour le soutien à l’AES car, elles sont le fer de lance du développement du pays. En plus, l’implication des jeunes et des femmes fait partie de la feuille de route du Colonel Assimi Goita, Président en exercice de la Confédération des Etats du Sahel. Cette implication des jeunes et des femmes dans le plan d’action du Président de la Confédération a donné à ces dernières encore plus d’impulsion, plus d’engagement pour s’impliquer à faire en sorte qu’elles contribuent de manière vraiment efficace à l’opérationnalisation de la Confédération, à faire en sorte qu’elles travaillent sur le terrain pour que l’ensemble des objectifs et idéaux de l’AES soient concrétisés. Pour cela, nous nous sommes organisées en plusieurs comités, notamment le comité des sages, celui des expertes, le comité de mobilisation des ressources, le comité qui va faire la coordination, le suivi et l’évaluation de nos activités et le comité de veille.
Il y a également un comité qui s’occupe de l’émergence de nouveaux types de citoyens, parce qu’on assiste à une sorte de perte de valeurs dans nos sociétés et il faudrait qu’en tant que mères, en tant qu’éducatrices, les femmes s’impliquent pour ramener toutes ces valeurs de solidarité, de partage, de respect de tous les anciens. Il y a également le phénomène de la drogue qui est en train de travestir notre jeunesse, c’est pourquoi, un comité va s’occuper de la lutte contre la consommation des stupéfiants et la prostitution de la jeune fille. Comme nous sommes dans l’AES et que nous travaillons de concert avec le Mali et le Burkina Faso, il y a un comité qui va s’occuper de la mise en synergie d’actions et de cohésion de nos activités avec nos sœurs de ces deux pays. En plus de cette Plateforme Nationale, il y aura des Plateformes Régionales, Communales et des parcs-quartiers.
Quelles sont les ambitions de votre plateforme par rapport aux objectifs de la Confédération AES ?
La Confédération AES a défini trois grands domaines, on les appelle les trois D : Défense- Sécurité ; Développement et Diplomatie. Nous allons donc nous impliquer sur l’ensemble de ces trois domaines. La diplomatie, comme vous le savez, c’est un domaine régalien de l’État, on ne va pas tellement s’impliquer, mais nous avons nos femmes ambassadeurs, nos anciennes ministres et même des femmes actuellement qui peuvent s’impliquer si le gouvernement nous sollicite. La question de la défense et de la sécurité est fondamentale parce que nous sommes impliquées dans la lutte contre les terroristes. Il faut que les populations aident nos Forces de Défense et de Sécurité à vaincre ce fléau qui nous a été imposé de toutes pièces par les forces du mal. C’est pourquoi, nous allons à travers les comités de vigilance que nous allons mettre en place, faire de la sensibilisation pour que les populations portent les informations qui aideront nos Forces de Défense et de Sécurité dans la perspective de démasquer les gens qui approvisionnent les terroristes en carburant, qui donnent de la drogue à nos enfants et les font enrôler dans le terrorisme.
Au niveau du développement, il y a la mobilisation de la base productive des femmes transformatrices et agricultrices. Nous allons donc nous impliquer pour que les femmes travaillent et surtout pour que leur travail soit valorisé, qu’il soit amplifié pour contribuer à la sécurité alimentaire. Que les femmes comprennent les enjeux véritables de l’AES, parce que nos Présidents se sont impliqués, ils nous ont montré la voie et il faut qu’on les supporte, il faut qu’on contribue dans cette quête de souveraineté et d’indépendance véritable de nos Etats.
Comment comptez-vous mettre en œuvre toutes ces idées pour contribuer à l’opérationnalisation de la Confédération ?
On a un plan d’action qui a été présenté lors de l’installation de notre plateforme par le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine. Nous aurons un atelier de socialisation, de renforcement des capacités de la plateforme et de validation de notre plan d’action. Ceci va nous permettre d’aller encore plus dans les détails de notre plan d’action. Au sortir de cet atelier, tout sera clair, chacun saura quoi faire, quand est-ce qu’il va le faire, comment est-ce qu’il va le faire et les résultats attendus. Parallèlement à cela, notre feuille de route prévoit la mise en place, comme je vous l’ai dit, de toutes les plateformes régionales et communales et on va aller dans l’action. Nous comptons le mettre en œuvre, premièrement par la mobilisation des ressources internes, il y aura les cotisations internes. Un comité plaidoyer va aller vers les partenaires car, il ne faut pas tout attendre de l’Etat. L’Etat va certainement nous accompagner, mais il faut que nous-mêmes, mettions la main à la poche. Et les femmes sont déterminées et enthousiastes à accomplir cette mission. Donc, voilà comment nous comptons, non seulement financièrement mettre les ressources en place, mais aussi il ne faut pas oublier ce qui est très important, c’est la ressource humaine. On reçoit beaucoup de ressources humaines, des experts dans tous les domaines. Même notre plan d’action, ce sont les experts qui se sont mis ensemble pour l’élaborer.
Quels sont les projets ou initiatives à venir dont vous êtes particulièrement fière et comment envisagez-vous la mise en œuvre ?
Pour le moment, la plateforme vient d’être installée. Ce dont je suis très fière, est que les femmes étaient engagées, les femmes étaient mobilisées, parce que nous avons fait un processus d’information et de mobilisation pendant un mois et demi. On a commencé par la Ville de Niamey et nous avons fait le lancement de la plateforme avec l’Administrateur Délégué de la Ville de Niamey et le Gouverneur de la région de Niamey qui nous ont accompagnés pendant tout le processus et dont nous remercions du fond du cœur. Les autorités nous ont accompagnées et en premier lieu, le Président du CNSP, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani et ça, j’en suis très fière, mais aussi l’enthousiasme et l’engagement des femmes. Ce qui veut dire que les femmes nigériennes ont compris, elles s’investissent pour le pays et elles sont prêtes à le faire, vaille que vaille, sans aucun soutien.
Je rappelle que toutes les femmes que nous avions appelées étaient venues vraiment avec beaucoup d’engagement. Aussi, une mention spéciale au groupement des épouses des FDS qui est une Association très disciplinée, très organisée, très travailleuse et nous avons vraiment découvert beaucoup de créativités et d’actions, de développement là-bas. Elles ont déjà commencé à s’investir dans tous les thèmes qu’on a proposés pour la plateforme et aussi dans la souveraineté alimentaire. Ça, c’est un motif de fierté. Elles ont également commencé à s’investir dans la lutte contre le gaspillage (tous ce que les femmes font pendant les mariages, les baptêmes, les uniformes), elles ont déjà commencé à mettre en œuvre des actions qui empêchent à ce qu’on fasse du gaspillage. Ça, j’en suis très fière et je les remercie vraiment de cet engagement, de cet engouement, de ce don de soi puisque c’est de ça qu’on a besoin. Et on ne peut pas y arriver sans la contribution des femmes.
En définitive, l’opérationnalisation de l’AES ne saurait être complète sans les femmes et la jeunesse.
Réalisée par Aïchatou Hamma (ONEP)