Madame la Ministre, notre pays célèbre, le 03 Août 2021, le 62ème anniversaire de la Proclamation de l’indépendance du Niger, désormais consacrée à la Fête Nationale de l’Arbre (FNA). Quelle sera la particularité de cette édition 2021 dont le lancement officiel des activités commémoratives se déroulera à Zinder?
Je voudrais tout d’abord commencer par rendre grâce au Tout puissant, le Clément, le Miséricordieux pour nous avoir permis de commémorer le 62ième anniversaire de la proclamation de l’Indépendance de notre pays, à Zinder, capitale du Damagaram, anniversaire consacré depuis 46 ans à la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre.
Cette édition consacre la consolidation des acquis engrangés par notre pays en matière de reboisement communautaire avec, certes, des innovations. En effet, comme vous l’aurez relevé le caractère tournant de la Fête Nationale de l’Arbre, décidé par le Gouvernement en 2016, en accompagnement aux réalisations faites dans le cadre des Fêtes du 18 Décembre.
Cette édition, dont le thème central est «Valorisons le Moringa pour améliorer l’économie locale » se particularise, entre autres, par le lien fait avec un des programmes phares du programme de la renaissance acte III à savoir le « programme Moringa ». Il s’agit là d’un point d’honneur fait pour cette espèce à intérêts multiples, tant au plan environnemental qu’au plan alimentaire et nutritionnel. Ainsi, l’une des nouveautés ici, est l’accent mis sur la promotion d’une espèce dans le choix du thème central.
Il faut aussi noter qu’il s’agit de la première Edition du mandat présidentiel en cours, d’où un autre cachet particulier.
Pouvez-vous nous édifier par rapport à l’importance et la pertinence de ce thème ?
Comme vous le savez, depuis des siècles, les ressources forestières ont joué et continuent de jouer un rôle important dans l’économie de nombreux pays à travers le monde. Elles sont sources des matières premières, qui fournissent des biens et services essentiels à la satisfaction des besoins des populations notamment en milieu rural.
Le Moringa, aussi appelé « arbre de vie » ou « arbre du paradis », contribue, à travers ses feuilles, à l’amélioration des conditions de vie socio/économique des producteurs, soit directement par leur consommation ou indirectement par les revenus générés par leur commercialisation. Presque toutes les parties du Moringa ont un intérêt nutritionnel, économique, thérapeutique, médicinal ou cosmétique.
Les statistiques de production, font ressortir, pour l’année 2020 à titre d’exemple, une production de Moringa de plus 58 000 tonnes pour une valeur monétaire minimale de plus de Onze Milliards de FCFA. La culture du Moringa constitue donc une opportunité pour la lutte contre l’insécurité alimentaire et la génération des revenus.
Le thème « Valorisons le moringa pour améliorer l’économie locale » traduit l’engagement du gouvernement à créer les conditions optimales de développement d’une chaine de valeur autour de cet arbuste aux multiples vertus au grand bénéfice des communautés locales.
La valorisation des produits du Moringa constitue une grande opportunité pour contribuer à l’atteinte des objectifs de l’initiative 3N et de la Stratégie et du plan d’actions de promotion des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) élaborée et validée en 2016. Cette stratégie des PFNL sera bientôt soumise à l’appréciation du Gouvernement en vue de son adoption.
Sachant que le Moringa oleifera fait partie des produits forestiers non ligneux, où se situe alors son rôle dans la stratégie de lutte contre la désertification ?
La lutte contre la désertification, pour être efficace doit porter les trois piliers du développement durable, à savoir la dimension sociale, économique et environnementale. En d’autres termes, nous devrions nous convaincre que pour remporter des victoires face au phénomène de la désertification, il faut adopter des comportements favorables à la préservation de l’environnement et promouvoir des programmes qui ont un intérêt social, économique et écologique certain.
Le reboisement à base de Moringa allie toutes les dimensions dont je faisais allusion en ce qu’il peut être utilisé dans les plantations en bloc, comme brise-vent et haies-vives. Il va sans dire que de cette manière on contribue à la lutte contre la dégradation des terres qui constitue une préoccupation dans notre pays.
De manière indirecte, les revenus générés par le développement de la chaîne de valeur du Moringa permettront d’augmenter significativement le pouvoir d’achat des populations et en conséquence réduire considérablement la pression sur les ressources ligneuses protectrices du sol.
Il ressort de la Déclaration de Politique Générale, un engagement fort du gouvernement à mener une diplomatie environnementale visant à atténuer les effets négatifs du changement climatique sur les conditions de vie des populations.
Sachant que ces effets du changement climatique qui se traduisent, entre autres, par la menace permanente des inondations, quelles sont les solutions urgentes envisagées dans le domaine de l’environnement ?
Mon département ministériel, avec l’appui de nos partenaires techniques et financiers, a déjà engagé le processus de révision de notre Contribution Déterminée au niveau National (CDN) pour adresser adéquatement les mesures et stratégies de lutte contre les effets de changements climatiques. A ce titre plusieurs études thématiques ont été validées pour servir d’informations précises dans le cadre de l’élaboration de ce document de référence que nous allons présenter à la Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (UNFCCC) qui se tiendra à Glasgow à la fin de cette année.
La thématique inondation est abordée dans la révision de la CDN à travers la capitalisation des études sur la vulnérabilité.
Dans le domaine spécifique de l’environnement, les solutions urgentes préconisées se traduisent par l’intégration de la dimension changement climatique dans la planification stratégique et opérationnelle et le traitement des bassins versants ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre de programmes structurants de désensablement des plans et cours d’eau.
A titre d’exemple, mes services participent activement à l’élaboration du document de la phase de poursuite du Projet de Gestion des Risques de Catastrophes et de Développement Urbain (PGRCDU) et l’élaboration de la Plateforme Intégrée pour la Sécurité de l’Eau au Niger (PISEN). De même, mon département ministériel est entrain de coordonner activement un processus de Planification Stratégique de la Gestion des Ressources Naturelles dans la partie nigérienne du bassin du Fleuve Niger, avec le soutien de la coopération du Royaume du Pays Bas. Ce processus qui vise à terme une gestion intégrée et inclusive permettra la mise en œuvre d’actions durables et mieux concertées, toute choses qui nous aideront à mieux gérer les questions et préoccupation que vous évoquez.
Madame la Ministre, la Régénération Naturelle Assistée (RNA) figure au cœur des stratégies de lutte contre la désertification au Niger. Dans ce domaine justement, il était prévu un objectif annuel de 70 000 ha pour les années antérieures. Quel est aujourd’hui le bilan des réalisations enregistrées en matière de RNA ?
La pratique de la régénération naturelle assistée est effectivement au cœur des activités retenues dans le cadre de la mise en œuvre de l’Initiative 3N », en réponse à la dégradation des terres agrosylvopastorales.
Il me plait de rappeler que conscient de l’importance socio-économique et écologique de cette pratique et pour améliorer le niveau d’atteinte de la cible assignée, le thème de l’édition 2017 de la FNA a porté sur « l’Arbre dans les champs, facteurs d’accroissement des productions agrosylvopastorales ».
Pour booster cette pratique prometteuse, le Gouvernement a adopté le décret n°2020-602 /PRN/ME/SU/DD du 30 juillet 2020, règlementant la pratique de la Régénération Naturelle Assistée au Niger. Il s’agit, d’assurer la sécurité juridique nécessaire aux pratiquants de la RNA dans la saine jouissance du fruit de leurs efforts, d’offrir des incitations visant à favoriser une large adoption de la pratique de la RNA et d’assurer un accès apaisé et organisé aux ressources ligneuses des parcs agroforestiers à tous les acteurs.
Au plan des réalisations physiques au cours des dix dernières années, c’est-à-dire de 2011 à 2020, il a été réalisé 457 156 ha en matière de RNA.
En déhors de la fête de l’arbre, quels sont les efforts déployés par votre département ministériel en matière de plantation d’arbres et de préservation de l’écosystème ?
Je rappelle que la commémoration de la fête de l’arbre nous permet de mener des campagnes d’information/sensibilisation sur les défis environnementaux émergeants et de communication en direction du public pour l’intensification des actions des plantations et d’entretien d’arbres.
C’est aussi un cadre de plaidoyer et de mobilisation des ressources, de motivation et d’encouragement des producteurs grâce à l’attribution des prix aux producteurs qui se distinguent par leurs bonnes actions en faveur de l’environnement. L’organisation de la nuit écologique chaque fois à cette occasion est une sorte d’école où les jeunes et autres couches sociales de la population sont éduquées à travers des chants, sketch, des jeux de quitte-ou-double, etc. sur des thèmes relatifs à la protection de l’environnement.
Au plan des réalisations physiques, le bilan des dix dernières années fait ressortir une production de 48 801 354 plants forestiers dont plus de 90 % sont des espèces locales, la plantation en bloc de 100 875 ha, la fixation de 26 954 ha de dune, le traitement de 172 445 ha de terres dégradées, la lutte contre les plantes envahissantes terrestres sur 48 724 ha et le faucardage de 2 603 ha de mares et plans d’eau. Je voudrais aussi dire que pour ce qui concerne spécifiquement les sites officiels de plantation d’arbres à l’occasion des éditions précédentes de la Fête Nationale de l’Arbre, des résultats très satisfaisants sont enregistrés. A titre d’exemple, sur les quatre dernières éditions, tous les sites sont à un taux de réussite de Plus de 90%.
Quel serait, Madame la Ministre, l’appel que vous voudriez lancer à l’endroit des populations nigériennes en vue d’obtenir un engagement en faveur des actions de restauration et de préservation de notre environnement ?
Les sujets de préoccupation, à l’échelle planétaire, régionale et nationale sont liés à l’environnement en particulier dans les domaines de changements climatiques et de la lutte contre la désertification. Dans un pays sahélien en proie aux effets néfastes des phénomènes de la désertification et de changements climatiques je dirai qu’agir pour restaurer et préserver l’environnement n’est pas une sinécure ; mais une lutte pour la survie.
J’invite donc tous les nigériens et nigériennes à une participation citoyenne en faveur de la préservation de l’environnement car de son « état de santé » dépend la productivité de nos systèmes de production et la viabilité de nos écosystèmes. J’invite ainsi chaque citoyen et chaque citoyenne à être une partie de la solution dans la lutte contre la désertification au lieu d’être une partie du problème.
Que Dieu nous gratifie d’un hivernage fécond et nous protège contre les effets de cette pandémie à Coronavirus. Je vous remercie.
Réalisée par Assane Soumana(onep)