Mme Nana Habsatou Rhissa, artisane et formatrice
Agée de 56 ans et mère de huit (8) enfants, Mme Nana Habsatou Rhissa cumule aujourd’hui 27 ans d’engagement, de résilience et de réussite dans le domaine de l’artisanat à Agadez. De l’apprentissage au stade de formatrice en passant par les groupements féminins, Mme Nana Habsatou Rhissa constitue, aux yeux de ses sœurs d’Agadez, une source d’inspiration. Sous la bannière de son groupement féminin « Bounkassa », ou Progrès en français, elle a formé plusieurs centaines de jeunes filles et femmes dans sa région. Formatrice chevronnée dans les domaines de l’artisanat, Mme Nana Habsatou Rhissa est spécialisée dans la teinture, le cosmétique, la couture enfant et dame, la confection des objets de valeur pour la femme (les sacs à main, les paniers, etc), le perlage, le tricotage, et bien d’autres.
Depuis 27 ans, c’est dans cette activité qu’elle gagne sa vie malgré les défis multiples auxquels elle fait face. Depuis le décès de son mari, il y a 6 ans, elle assume et assure la responsabilité de la famille. Ce dont elle se réjouit surtout, c’est d’avoir contribué et assuré une bonne éducation à ses enfants. Et lorsqu’elle parle de ces derniers, elle dégage une fierté certaine car, en dehors du cadet qui est encore étudiant à l’Université d’Agadez, tous les autres, les trois garçons, ont leurs familles et du travail, et chacune des quatre filles, est dans son foyer. «Aujourd’hui, l’une des réussites de la vie qui me rend fière, c’est la réussite de l’éducation de ces enfants. En dehors de cela, c’est le service rendu aux autres, notamment tout ce que j’ai fait comme encadrement, accompagnement dans la formation des autres femmes. Chaque fois, si je vois les femmes qui ont passé dans mes mains avec leurs propres initiatives, ça me rend fière. J’ai fait beaucoup et je pense que c’est les autres qui doivent témoigner sur moi », a-t-elle dit.
La situation de la femme, et surtout des jeunes filles, constitue une préoccupation majeure pour la société. L’Etat ne pouvant pas y faire face seul, il convient de trouver des alternatives. C’est cette réflexion qui a été au centre de l’engagement et de la motivation de Mme Nana Habsatou Rhissa et qui l’a amenée à fonder son groupement et à donner son temps pour aider les autres. « C’est insupportable de voir et regarder toutes ces filles et ces femmes dans une situation difficile et ne rien faire. Je suis femme, j’ai des filles et j’ai mal quand je vois ces jeunes filles se balader et s’exposer à tous les risques de la vie. Ça fait pitié ! Donc, on fait l’identification de ces jeunes filles et de ces femmes qui ne font rien, pour leur proposer des formations. Alhamdoulillah, aujourd’hui il y a certaines qui ont réussi et qui ont des ateliers de couture ou qui se sont lancées dans la transformation agroalimentaire, la teinture et bien d’autres métiers. C’est vraiment une fierté pour moi d’avoir été l’une des actrices de ces réussites », a déclaré Mme Nana Habsatou Rhissa.
La mévente : un facteur de découragement et d’abandon
Même si elle ne souhaite pas revenir sur les peines ou les difficultés qu’elle a vécues, Mme Nana Habsatou Rhissa a tenu à relever les préoccupations auxquelles les femmes font face et que cela constitue un motif de découragement. Elle a évoqué la mévente des produits sur le marché national et à Agadez. « Nous profitons toujours des foires, des grands événements nationaux comme le SAFEM, les différents salons organisés à Niamey et, Alhamdoulillah, nous arrivons à vendre un peu. C’est la principale préoccupation, vous investissez votre énergie, votre temps et souvent le peu de vos ressources mais, à la fin, vous ne vendez pas. Nos jeunes femmes et filles n’ont pas cette capacité de résilience et, une fois découragées, beaucoup abandonnent et c’est difficile de les récupérer pour une seconde fois », dit-elle.
Malgré ces difficultés, Mme Nana Habsatou Rhissa ne se fatigue pas. Elle continue à mobiliser d’autres femmes et filles pour leur faire profiter de son expertise et de son expérience. Son groupement compte une centaine de membres et grâce, aux cotisations qu’elles donnent, Mme Rhissa a réussi à les aider à construire une famille dans laquelle il y a la culture de la solidarité et de l’entraide.
Ainsi, au-delà de l’inspiration qu’elle incarne, Mme Nana Habsatou Rhissa constitue aussi un modèle de leadership. Aujourd’hui, elle a une boutique que le Directeur Régional de l’Artisanat et du Tourisme lui a octroyée pour la commercialisation de leurs produits. Elle nourrit l’engagement de poursuivre ce travail pour aider les autres. Elle est sollicitée par plusieurs autres organisations dans la ville d’Agadez et dans les départements et communes de la région pour donner des formations. Cette femme altruiste trouve toujours du plaisir à transmettre son savoir et son savoir-faire aux autres.
Ali Maman, ONEP-Agadez
