Samedi dernier, c’était le qui-vive à Karma. En effet, les habitants des îles et de certains villages riverains du fleuve Niger ont été délogés de leurs habitations par la montée des eaux du fleuve qui ont atteint un niveau largement au-dessus de la côte d’alerte.
Tout comme à Niamey et dans les autres localités riveraines du Djoliba, la situation a largement atteint la côte d’alerte maximale au niveau de la Commune rurale de Karma, créant une situation d’extrême urgence. Aussi, samedi matin l’heure était au branle-bas général de déménagement pour les habitants des villages insulaires et autres localités situées sur les rives du fleuve.
A pied d’œuvre depuis quelques jours déjà, le maire de la commune, M. Ali Seydou, assure avec prévenance le bon déroulement de l’opération de déménagement et de relogement des sinistrés. Aussi, a-t-il identifié, de concert avec le Chef de canton, des établissements scolaires pouvant servir de centres d’accueil des sinistrés.
Pourtant, le maire qui a très vite mesuré la portée de la menace des eaux, avait voulu anticipé en demandant aux habitants des îles de plier les bagages pour quitter les lieux. Mais ces derniers, qui avaient sous-estimé la gravité de la menace d’inondation, ont d’abord rechigné à partir. C’est le cas du village de Goungou, situé en plein milieu du fleuve où, en dépit des injonctions du maire de quitter l’ile, ont trainé à le faire. Trop tard ! Ce n’est que, le samedi, quand l’eau a commencé à envahir leurs habitations qu’ils se sont résolus à le faire.
« Pratiquement, tous les villages situés au bord du fleuve ainsi que dans les îles sont menacés d’inondation. J’ai personnellement effectué des visites pour mesurer l’ampleur de la menace, et j’ai pu constater que la menace était réelle notamment à Kondi Tondi, Koutoukalé Kourté, et dans les villages insulaires où l’eau a débordé de tous les côtés. Ayant compris la portée de la menace d’inondation, nous avons demandé aux populations de quitter ces localités en leur promettant de leur trouver des lieux d’accueil, notamment dans les écoles », confie M. Ali Seydou.
Mais, les dégâts ne concernent pas que les habitations. Selon le maire, les eaux menacent dangereusement les rizières au niveau des deux aménagements hydro-agricoles, à savoir ceux de Koutoukalé et de Karma, qui constituent le plus grand espoir pour les habitants de la commune de Karma, étant entendu que la culture du riz est leur principale source de revenus. « Depuis quelques jours, nous sommes à pied d’œuvre, de concert avec le Préfet du département de Kolo, le Chef de Canton de Karma et les responsables des deux coopératives, en vue de voir dans quelle condition nous pouvons sauver ce qui peut l’être. Déjà depuis trois jours, les digues de protection sont au même niveau que le niveau du fleuve. Devant cette situation, nous avons mobilisé la population pour aider les exploitants des périmètres de Koutoukalé et de Karma à ériger des barrages par un travail de colmatage, sachant qu’à l’heure actuelle, il est pratiquement impossible de faire monter des engins sur les digues », a souligné M. Ali Seydou. Le maire de Karma a ajouté qu’en plus des périmètres irrigués, les eaux ont déjà entamé plusieurs jardins et même les champs situés aux abords du fleuve.
Devant cette situation, le maire de Karma, qui en a déjà rendu compte au Préfet de Kollo, estime que la situation est assez critique pour lancer un appel à la solidarité en direction des partenaires, en l’occurrence les organismes humanitaires, les ONG et les structures étatiques concernées.
Assane Soumana(onep)