
Jadis pratiqué uniquement dans certaines régions du pays, le fameux ‘‘Atchi gwa gwa’’ (qui veut dire ‘‘manger beaucoup’’ en langue nationale) s’est répandu un peu partout au Niger, y compris à Niamey la capitale. ‘’Atchi gwa-gwa’’ est une sorte de tontine basée non pas sur l’argent, mais sur un kit de produits. Dans beaucoup de quartiers et même dans certains services, les femmes souvent avec le concours des hommes organisent cette tontine d’un genre nouveau.
Ainsi, chaque fin de semaine ou de mois, elles se réunissent pour rassembler et remettre à la gagnante les produits collectés. Ces produits peuvent être des pâtes alimentaires, des conserves, du lait, du savon, de l’huile et bien d’autres articles en fonction de la préférence de ‘’celui qui donne’’. Comme, on le voit, le ‘’Atchi gwa gwa’’, contrairement à la tontine d’argent, est une tontine de nourriture uniquement. Elle est organisée dans beaucoup de quartiers de Niamey exclusivement par et pour les femmes, même si celles-là sollicitent souvent l’appui des hommes. Cette pratique est en quelque sorte un moyen qui permet de réduire les dépenses du mari en disposant d’une variété de produits alimentaires et cela pour plusieurs mois.
Au quartier Tchangarey les femmes organisent également cette tontine afin d’assister leur mari dans la gestion du foyer. Elles se constituent généralement en groupe de 20 voire 40 personnes pour faire leur ’’atchi gwa gwa’’. Et c’est à partir d’un tirage au sort que sera déterminée la gagnante. Mme Hassan Amina, résidente du quartier, confie que leur groupe de atchi gwa gwa, comprend 40 femmes dont 37 ont déjà pris. « Chaque samedi nous nous réunissons chez la dame qui a initié la tontine dans notre secteur » a-t-elle expliqué, précisant chacune d’entre elles, ramène exactement ce que la personne lui a donné y compris la marque du produit. « Par exemple lors de ma prise, j’ai récupéré tout ce que j’ai eu à donner comme produit et la même marque excepté un seul des produits reçu qui est un casier d’œuf dont je remettrais à la personne lors de sa prise ». Cependant, ajoute-t-elle, hormis les produits vivriers, chaque membre verse également 250FCFA. « Cette somme, sert à payer un grand récipient dans lequel sera mis les produits. Le reliquat de l’argent est remis à la gagnante », ajoute Mme Hassan.
Par contre, le ‘‘atchi gwa gwa’’ organisé dans certains services est, selon Mme Hassan Amina, encore plus « grandiose ». « En effet, dans les services, ce n’est pas en unité que sont donnés les produits mais plutôt par sac si c’est du riz, en carton si c’est du savon ou des pates alimentaires et en bidon de 25 litres si c’est de l’huile. De ce fait, chaque fin de mois, il y a un gagnant qui s’en sort avec un ravitaillement de plusieurs mois », explique-t-elle.
Le ‘’atchi gwa gwa’’ est un concept certes innovateur et très bénéfique dans la mesure où il permet de disposer de vivres pendant des mois sans pour autant se soucier de la durée de la fin du mois. « Ce que j’ai eu à avoir nous a servi durant plusieurs mois. Ma famille et mon entourage en a beaucoup bénéficié réduisant ainsi les dépenses à mon mari », confie Mme Amina. C’est également un soulagement pour la femme qui sera dispensée de payer certains condiments pour sa cuisine comme la tomate concentré, les arômes et autres.
Rahila Tagou