Le village historique de Baroua offre un visage défiguré ce 2 juillet 2021. Ce village a été déserté par ses habitants depuis le 30 octobre 2015, suite à des exactions répétées de la secte terroriste Boko Haram. Ils ont trouvé refuge dans le village de Kablewa. Grâce à une décision de l’Etat consistant à organiser une vaste opération inédite de retour des déplacés dans leurs villages respectifs, les populations de Baroua ont été réinstallées le 20 juin 2021. Le retour des déplacés internes de ce village constitue la phase pilote d’une vaste opération qui s’étendra progressivement dans toute la région de Diffa. Cette opération sera achevée d’ici la fin de l’année 2021 et cela conformément à la planification établie par les autorités.
En effet, l’une des caractéristiques du village de Baroua, c’est qu’il se situe à 135 Km à l’extrême Est de la ville de Diffa et à 4 km du Lac Tchad, la frontière nigériane. Son éloignement et son accès difficile sont autant des facteurs ayant contribué à son occupation par les éléments de Boko Haram.
Les toits de l’essentiel des maisons construites en banco sont défaits. Les maisons et les murs complètement effondrés ; les tôles volées par des bandits pour lesquels l’occasion fait le larron ; les infrastructures des secteurs sociaux de base telles que l’éducation ; la santé ; l’hydraulique etc, sont sérieusement endommagées. Bref, le village offre aux visiteurs un paysage pitoyable où tout est à reconstruire pour les populations de Baroua qui étaient contraintes de l’abandonner pour sauver leurs âmes. Les dégâts perpétrés dans le village de Baroua sont incalculables. La folie de l’espèce humaine était tout simplement à son paroxysme à Baroua pendant six (6) longues années. Les classes de l’école primaire et le dispensaire construits en matériaux définitifs n’ont guère résisté à l’instinct bestial des terroristes de Boko Haram. Le forage du village a été aussi saccagé. Les images de l’historique village de Baroua sont pathétiques et expriment la tristesse et la désolation des populations devant les ruines de leurs abris. Mais, tout cela est désormais de l’histoire. Aujourd’hui avec le retour des habitants de ce village, c’est une nouvelle vie qui recommence ; un nouvel espoir qui se dessine à l’horizon. L’avenir semble permis car avec la patrouille des Forces terrestres, combinée au vecteur aérien permettra aux populations réinstallées de Baroua, ainsi que d’autres villages environnants de scruter le futur avec sérénité. La reconstruction de la vie des habitants pourrait être facilitée avec la fréquentation par ces derniers du lac Tchad qui constitue d’ailleurs l’une de leurs principales activités économiques.
La joie d’un retour au village natal après six (6) ans de vie en tant que déplacés internes
L’enthousiasme et le sourire se lisent sur les visages des uns et des autres dans le village de Baroua. Ce sourire, ils l’ont retrouvé depuis le 20 juin 2021 lorsqu’ils embarquaient dans des camions à partir du site des déplacés internes pour le retour à la terre natale. Ce 2 juillet 2021, la joie des 1437 ménages réinstallés en deux vagues vient d’être renouvelée avec la visite officielle du Président de la République, initiateur de l’opération de rapatriement volontaire des déplacés internes. Assise depuis 10 heures du matin au lieu d’accueil du Président de la République, Mme Sahara Toumani a préféré la bousculade des jeunes femmes et filles en pareille circonstance que de se faire raconter cet événement de portée historique. La septuagénaire exulte de joie lorsqu’elle voit et entend le président de la République parler en langue nationale. ‘’ Grâce à la courageuse décision prise par le Chef de l’Etat, nous voilà aujourd’hui dans notre village natal. Nous n’avons plus peur d’y rester parce que les Forces de défense et de sécurité sont à nos côtés pour traquer tout mouvement suspect. Nous allons leur faciliter leur tâche de sécurisation des personnes et de leurs biens. Nos enfants vont désormais s’adonner aux activités socio-économiques pour reconstruire notre vie qui a été perturbée par les terroristes. Aujourd’hui, je n’ai point les mots pour remercier le Président Bazoum pour ce geste qui nous a donné de l’espoir. C’est un homme de parole et seul Dieu peut le récompenser pour tout ce qu’il vient de faire à notre endroit’’, a expliqué Mme Sahara Toumani. Accostée aussi dans la foule d’accueil, la jeune Binta Gambo affiche une mine d’euphorie. ‘’Tous les habitants de notre village étaient contraints de quitter sous la menace terroriste des éléments de Boko Haram. Nous sommes revenus au village sous escorte militaire. L’Etat a tenu ses engagements. Il ne reste plus qu’à reconstruire nos infrastructures sociales telles que les classes de l’école primaire qui date de 1956 ; le dispensaire ; le forage et les lieux de culte. Il a été mis à la disposition de chaque ménage des kits alimentaires. Quant à la sécurité, c’est le travail des Forces de défense et de sécurité. Nous n’avons aucun doute qu’elles sauront relever le défi avec les moyens qui seront mis à leur disposition’’, a expliqué Binta Gambo. En abondant dans le même sens, M. Kiari Mohamed, natif du village de Baroua ne dit pas autre chose que le contrôle de la sécurité soit pérenne pour que chaque habitant puisse vaquer à ses occupations. ‘’ Certes, aujourd’hui, nos maisons ne sont pas habitables au regard du degré de destruction qu’elles ont subi de la part du groupe terroriste Boko Haram. A cette destruction est venue s’ajouter la détérioration de celles-ci liées aux différentes précipitations pendant six (6) ans d’absence. Nous avons besoin d’un accompagnement aussi bien de la part de l’Etat que de ses partenaires humanitaires. Si tout va bien, les activités liées à la pêche et à l’agriculture nous permettront de nous relever définitivement. Nous demandons simplement que le lac Tchad soit sécurisé’’, a dit M. Kiari Mohamed.
Par Hassane Daouda, Envoyé Spécial(onep)