Les ministres chargés des Affaires étrangères des trois pays de la Confédération des États du Sahel travaillent pour une diplomatie active et efficace dont ils doivent définir les contours et les actions prioritaires, au niveau confédéral, en vue d’atteindre les résultats escomptés. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop et ses homologues du Burkina Faso, Karamoko Jean-Marie Traoré et du Niger, Bakary Yaou Sangaré, ont tenu, hier à Bamako, une réunion s’inscrivant dans la dynamique de construction de la Confédération. Cette rencontre constitue une étape majeure du processus de son opérationnalisation, conformément aux conclusions et recommandations pertinentes du sommet de Niamey tenu le 6 juillet dernier.
Elle offre surtout l’occasion de traduire en actes la vision de nos trois chefs d’État dont la priorité est de créer les conditions nécessaires au bien-être de leurs populations. Cela passe nécessairement par une diplomatie active et efficace dont les ministres des Affaires étrangères des trois États ont la charge de définir les contours et les actions prioritaires, au niveau confédéral, en vue d’atteindre les résultats escomptés.
CHANGEMENT DE PARADIGME
Lors de la cérémonie d’ouverture des travaux, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali a fait la genèse du processus qui a abouti à la création de la Confédération AES, le 6 juillet 2024 à Niamey, par le capitaine Ibrahim Traoré (président du Faso), le colonel Assimi Goïta (président de la Transition du Mal) et le général Abdourahamane Tiani (président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, chef de l’État du Niger). Les trois dirigeants ont marqué d’une pierre blanche le parcours résolu de nos pays vers une intégration renforcée de nos populations, de nos administrations et de nos économies. Tout cela, après l’intégration réussie de nos Forces de défense et de sécurité grâce à la Charte du Liptako-Gourma, instituant l’Alliance des États du Sahel, dont le premier anniversaire a coïncidé avec la rencontre d’hier.
Selon Abdoulaye Diop, l’Alliance des États du Sahel a été, dès sa création le 16 septembre 2023, un tournant majeur de la réalité géopolitique au Sahel, en Afrique de l’Ouest et au-delà. « Les avancées réalisées par nos Forces, réunies dans un combat commun de lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes a été une inspiration pour faire plus, pour faire toujours plus et mieux pour nos populations », a-t-il apprécié. Et de se féliciter que la création de la Confédération AES a bouleversé l’échiquier géopolitique, non seulement de la région du Sahel, mais aussi de notre continent et ailleurs.
L’une des manifestations de ce bouleversement géopolitique, précisera le chef de la diplomatie malienne, a été le changement manifeste de paradigme. « Nos États ne subissent désormais aucun diktat et ne se plient devant aucune injonction. La vision claire, et partagée par les présidents Traoré, Goïta et Tiani ne souffre d’aucune ambiguïté », a soutenu le ministre Diop. Car cette vision remet les intérêts de nos États et les besoins de nos populations, seuls critères pertinents, au centre de toutes nos décisions, au cœur de toutes nos actions.
L’autre manifestation du bouleversement géopolitique en cours, dénoncera le chef de la diplomatie malienne, est, hélas, l’intrusion désormais ouvertement assumée d’acteurs qui ne cachent plus leurs intentions hostiles. Il est ainsi revenu sur les aveux de l’Ukraine, ou plutôt les propos par lesquels ce pays revendique fièrement son soutien aux groupes armés terroristes opérant au Sahel qui ne devraient laisser indifférent aucun État, aucune organisation internationale ou régionale.
Selon Abdoulaye Diop, les actes hostiles posés contre la Confédération AES et contre les autorités de nos pays, sont la preuve, si besoin en était encore, que nous sommes sur le bon chemin. « Ces défis, loin de saper notre ardeur, renforcent au contraire notre détermination à faire plus, à faire mieux, dans une unité de stratégie et d’action », a-t-il insisté.
COHÉRENCE DIPLOMATIQUE
Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur a souligné que la réunion se penche de manière spécifique sur le projet de protocole additionnel portant sur la mise en cohérence de nos actions dans le domaine de la diplomatie. Ainsi que sur le projet de règlement intérieur des sessions confédérales du conseil des ministres.
« Nous saisissons également l’opportunité de cette rencontre pour poursuivre la réflexion sur la coordination de notre action diplomatique en tant qu’espace confédéré en adoptant les positions les plus harmonisées possibles qui nous permettent de défendre au mieux les intérêts de nos trois pays dans les tribunes régionales et internationales », a souligné Karamoko Jean-Marie Traoré. Et de croire que c’est à cet exercice qu’ils seront conviés dans les jours à venir, lors de la 79è session de l’Assemblée générale des Nations unies qui s’ouvre la semaine prochaine à New York.
Le chef de la diplomatie nigérienne a qualifié la rencontre d’une importance capitale en ce sens qu’elle leur permettra d’examiner la feuille de route et le dispositif opérationnel aptes à donner corps et identité à la diplomatie de notre Confédération. Bakary Yaou Sangaré rappellera que le volet défense/sécurité connait déjà des avancées significatives avec la mise en place de la Force unifiée et son corollaire de succès militaires engrangés par nos vaillantes Armées sur les théâtres d’opérations.
Concernant le volet développement, des efforts louables sont consentis en vue de mettre en place le dispositif économique et financier nécessaire au financement du développement et à l’investissement productif dans l’espace AES. On assiste également à une mutualisation des moyens pour promouvoir l’industrialisation, les infrastructures ainsi que les projets structurants et intégrateurs. « Aussi, en ce qui concerne le volet Diplomatie, objet de nos assises, il est nécessaire dans le contexte géopolitique actuel, de coordonner nos actions tant au plan bilatéral que multilatéral et d’harmoniser nos positions, afin de garantir au mieux les intérêts de la Confédération sur l’échiquier international », a exhorté le ministre Bakary Yaou Sangaré.
L’ESSOR