Les prévisions des services de la Météorologie nationale qui tablent sur des pluies excédentaires cette année sont en train d’être confirmées. Le constat est déjà visible bien que nous ne sommes qu’au début de la saison hivernale. Rien que le vendredi 23 juillet dernier, la ville de Niamey a enregistré de fortes pluies. Et les craintes des populations, fortement éprouvées par les inondations de l’année dernière, se renforcent.
Ce jour-là, de nombreux quartiers de Niamey qui étaient bondés d’eau rappelant aux habitants de la capitale le cauchemar qu’ils ont vécu suite aux inondations de l’année dernière. D’après les chiffres avancés par les autorités du Bassin du Niger (ABN), la côte du fleuve Niger qui était de 343 cm à 7h est passée à 380 cm à 17h suite à cette pluie du vendredi dernier. Il est important de rappeler que le seuil d’alerte des eaux se situe entre 570 et 580 cm. Visiblement, la pluie du vendredi ayant occasionné des inondations dans certains quartiers de Niamey était loin du seuil d’alerte mais cela n’a pas empêché à certaines zones de la capitale d’être bondées d’eau.
C’est le cas des quartiers Wadata, Bassora et de la zone se trouvant derrière l’école Canada. De nombreuses habitations ont été inondées. Ce qui a surpris certains riverains. «J’habite depuis 1970 dans ce quartier. Par le passé, nous n’avions jamais connu d’inondations si ce n’est qu’avec la fermeture des caniveaux du quartier qui facilitaient l’écoulement des eaux», témoigne M. Aboubacar Yahayé, résidant à côté de l’école Canada. Il rappelle que ces caniveaux ont été bouchés à cause des comportements irresponsables de certains riverains qui se permettaient d’y verser des ordures. Depuis lors rajoute-il chaque fois que la saison pluvieuse arrive, c’est la catastrophe pour tout le quartier. Les eaux stagnent dans les maisons au point où les résidents de la zone sont souvent obligés d’abandonner leur habitat afin de chercher refuge ailleurs. Avec la pluie de vendredi dernier, les sapeurs-pompiers s’étaient déployés dans la zone pour apporter secours aux riverains de cette zone.
Au quartier Wadata, le Rond-Point était complètement englouti par les eaux. Ni automobilistes, encore moins motocyclistes et ni même les piétons n’osaient emprunter le chemin après cette pluie. L’on avait l’impression d’être en face d’un déversoir. D’après Alpha Hassan Moussa, le Chef du quartier Wadata, qui vit dans ce quartier depuis le 8 Juillet 1982, le problème de la stagnation des eaux de pluies au Rond-Point est dû au fait que le quartier fait face à un déficit de caniveaux. Il appelle de ce fait, les autorités à multiplier les efforts afin justement de palier ce problème qui se répète chaque fois que la saison hivernale se présente.
Au quartier Bassora, le constat est pathétique. «Dès aujourd’hui ma famille et moi quittons la maison pour éviter le pire car, notre maison est carrément engloutie par les eaux», avance M. Assoumana Noma, résidant non loin du camp Bassora. Il estime par ailleurs, que si les eaux stagnent dans leur zone, c’est parce que les riverains ont fait des digues de fortunes qui les empêchent notamment leur suivre leur chemin. Aussi, il ajoute que ledit quartier a besoin de caniveaux.
En réalité, depuis plus d’une décennie, les inondations sont devenues choses courantes dans la capitale malgré les efforts des pouvoirs publics. Au départ, certains ont estimé que le phénomène était dû à l’ensablement du fleuve, d’autres, par contre planchaient plutôt sur un problème d’urbanisation. Ce qui est certain, c’est que, quelles qu’en soient les hypothèses retenues, on se rend compte que ledit phénomène est là avec des proportions qui dépassent l’entendement comme l’année dernière.
En somme, il est important de retenir que c’est le monde entier qui fait face à ces événements extrêmes, conséquences selon les spécialistes, du changement climatique.
Ibrahim Maïga(onep)