
Lors du point de presse conjoint
Le ministre du Pétrole, Dr Sahabi Oumarou, la ministre de l’Artisanat et du Tourisme, Mme Soufiane Aghaichata Guichene et le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des sceaux, M. Alio Daouda, ont animé, le mercredi 19 mars 2025, à Niamey, un point de presse conjoint suite à la révocation des directeurs généraux de la CNPCNP et de la SORAZ, et de l’Administrateur Général de WAPCO par le Niger, ainsi qu’à la fermeture de l’hôtel Soluxe International pour des manquements. Lors de ce point de presse, après avoir fait la lumière sur les irrégularités constatées, les démarches infructueuses de rappel à la conformité aux lois et règlements du pays, les ministres ont réaffirmé la ferme volonté du gouvernement à faire respecter les textes et sa disponibilité au dialogue pour des réajustements sans compromis.
Face à la presse nationale et internationale, le ministre du pétrole, Dr Sahabi Oumarou, a indiqué qu’il n’y a ni acharnement, ni animosité contre les partenaires chinois avec lesquels le Niger a des intérêts communs. « Il ne s’agit pas également d’une rupture de coopération technique entre l’Etat du Niger et la Chine, ni une dénonciation des contrats qui lient l’Etat du Niger aux sociétés chinoises », a-t-il précisé, soulignant la complémentarité des rapports entre les deux parties, en ce que le Niger dispose des ressources naturelles et que ces investisseurs établis dans le pays apportent des capitaux et la solution technique devant permettre à la mise en valeur de ce potentiel.
Ce point de presse fait suite à la tenue, la veille (18 mars 2025), d’un Conseil des ministres qui s’est appesanti sur l’engagement du gouvernement à mettre en œuvre la Vision du Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l’Etat, à faire en sorte que les Nigériens ressentent concrètement l’impact des richesses générées par l’exploitation pétrolière, en faisant respecter les lois et règlements, notamment les exigences de l’ordonnance n°2024-34 du 2 août 2024 sur le contenu local.
« La force d’un partenariat repose avant tout sur le respect des lois et règlements ainsi que les engagements des parties, sachant que chacun est le meilleur juge de ses intérêts », a déclaré le ministre du Pétrole, Dr Sahabi Oumarou, qui ne cache pas l’insatisfaction des autorités nigériennes de la façon dont la richesse est repartie avec le partenaire chinois, notamment en ce qui concerne les salaires payés aux employés nigériens comparativement aux expatriés, la nigérisation des postes et des emplois, le transfert de technologies et la part de marché attribuée aux entreprises nigériennes. « Dans la vie des relations, il y a toujours des divergences et les parties doivent avoir la capacité de les surmonter, dans un esprit de compréhension mutuelle. Nous sommes toujours ouverts à des discussions », a -t-il réitéré, avant de rappeler qu’au Niger, comme en Chine et dans tout autre pays, « le respect de la règlementation est la limite de tout compromis ».
Selon le ministre du Pétrole, le Niger maintient l’exigence d’uniformisation de la grille salariale au niveau des trois entreprises et la poursuite des actions de nigérisation des postes. « La disparité de salaire résulte de l’existence de deux (2) états de salaires. Le salaire moyen d’un chinois ressort à 8 678 dollars US tandis que celui de l’employé nigérien est de 1200 dollars US, en 2024 », a-t-il relevé. Selon le ministre du Pétrole, un chinois travaillant au même poste avec un nigérien est 5 fois mieux payé que celui-ci. « Ce qui est inadmissible. L’Etat du Niger ne peut rester indifférent », a-t-il dit.
En ce qui concerne la nigérisation des postes, « il est à noter une forte concentration des expatriés aux plus hauts postes de responsabilité (Manager, Deputy Manager ou Section Head), contrairement aux Nigériens qui sont positionnés Operators ou Labors et, ce, en méconnaissance des engagements qui nous lient et le désir d’accession du personnel nigérien aux emplois d’agents de maitrise, de cadres ou de directeurs. Après 20 ans de partenariat, les postes clés majeurs continuent à être occupés par des expatriés », déplore le ministre du Pétrole.
Par rapport aux marchés de prestations de services ou de fournitures, l’essentiel est attribué à des entreprises étrangères, dans le secteur. « Selon le rapport d’audit, 85 % des entreprises prestataires sont celles détenues par des expatriés », fustige Dr Sahabi Oumarou.
S’agissant des insuffisances dans la gouvernance de ces entreprises, elles concernent, d’une part, la désignation de représentants de l’Etat du Niger au niveau de la CNPC, à l’image de OPIC et, d’autre part, la modification des statuts des WAPCOs pour permettre l’ouverture du capital à la partie nigérienne, proportionnellement à son apport. C’est pourquoi, « la partie nigérienne a informé les autres titulaires de l’envoi de ses représentants dans les prochains jours, avec les mêmes statuts, les mêmes droits et avantages que ceux de la partie chinoise », annonce Dr Sahabi Oumarou. Le ministre du Pétrole a enfin indiqué que la partie chinoise a réitéré sa disponibilité à venir dialoguer avec la partie nigérienne.
Sur la fermeture de l’Hôtel Soluxe, établissement hôtelier chinois situé dans la capitale, Niamey, la ministre de l’Artisanat et du Tourisme, Soufiane Aghaichata Guichene, a expliqué à son tour que « la décision a été prise par son département ministériel après un examen approfondi des faits et circonstances qui entourent la gestion de cet hôtel, et fait suite à des comportements qui contreviennent aux normes légales et aux engagements du secteur touristique ». La ministre en charge du Tourisme a cité, entre autres, la location à long terme de chambres à des sociétés chinoises (CNPCNP et WAPCO), contrairement à la réglementation hôtelière ; le refus aux inspecteurs des établissements touristiques d’accéder aux locaux de l’Hôtel; la cession d’une partie des terrains, sans l’accord préalable des autorités compétentes; la non-communication des documents nécessaires pour le contrôle de l’exploitation et le registre des clients, comme le bilan annuel, le compte de résultats, etc.
Face à ces manquements répétés, la ministre de l’Artisanat et du Tourisme a donc pris la décision de retirer la licence d’exploitation à la société SOLUXE International, en application de la réglementation en vigueur en la matière. A cette occasion, Mme Soufiane Aghaichata Guichene invite tous les acteurs du secteur touristique à faire preuve de responsabilité, de respect des normes et de la loi, afin que le Niger continue d’être une destination sûre et accueillante pour les touristes du monde entier. Toutefois, elle a réaffirmé que le Ministère de l’Artisanat et du Tourisme reste déterminé à garantir la transparence, la conformité et la qualité des services dans tous les établissements touristiques à travers le pays. « Nous mettrons tout en œuvre pour garantir un environnement sain et propice au développement du tourisme, dans le respect des règles et des principes qui gouvernent ce secteur essentiel à notre économie », a-t-elle conclu.
Après les interventions des deux ministres en charge des secteurs concernés, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, a soutenu qu’il y a évidemment, au regard des manquements relevés, des irrégularités inadmissibles. Prenant le cas de l’hôtel Soluxe, l’établissement a outrepassé sa vocation régalienne, s’immisçant dans la sphère des locataires. Pire, l’hôtel s’est approprié avant de vendre l’espace à lui cédé temporairement par l’Etat pour établir sa base vie au début de ses travaux. « Ce n’est pas un acte d’hostilité. Nous sommes en relations économiques, et chaque partie cherche à défendre et garantir ses intérêts. Nous n’avons aucune animosité contre nos partenaires chinois, nous ne leur faisons pas la chasse aux sorcières, il y a quand-même des choses à revoir dans le cadre de cette coopération. Nous ne voulons que garantir les intérêts du peuple nigérien », assure M. Alio Daouda,
Ismaël Chékaré (ONEP)