Fatimata Hamey Warou est une écrivaine passionnée des questions de genre, de sécurité et de paix. Elle est titulaire d’une maitrise en science de l’éducation de l’Université de Rennes 2 en Bretagne (1996) et d’un DEA en sciences humaines (1997). En 2001 elle a soutenu une thèse de doctorat en psychopathologie sur le thème « les conséquences psychologiques des situations de violence conjugale et familiale sur le devenir de l’enfant ». Native de Dosso et originaire de Doutchi, Fatimata Hamey Warou a été professeure au CEG de Dogondoutchi au Niger, puis à l’Ecole Normale de Maradi de 1983 à 1989, l’année où elle quitta le Niger pour poursuivre ses études Supérieures à l’Université Rennes 2. Présidente fondatrice de l’Association franco-nigérienne de défense des droits de la Femme en France et au Niger (MATA), elle a été responsable du pôle senior à l’UAIR (Union des Associations Interculturelles de Rennes) et conceptrice de l’outil «Arbre à palabres ». Fatimata Warou est aujourd’hui Directrice générale de la société Wacos en France où elle réside.
Polyvalente, avec beaucoup d’expériences, engagée dans tout ce qu’elle entreprend, Fatimata Hamey Warou s’est toujours battue pour les causes des femmes. Les thématiques sur la femme qu’elle a abordées tout au long de ses études universitaires l’ont amenée à créer l’association Mata, qui œuvre pour la promotion des droits de la femme et de l’enfant en France et au Niger.
Mme Fatimata Hamey Warou est auteure de trois ouvrages à savoir L’Arbre à Palabres ; Mon père ce tirailleur Nigérien et L’arbre à palabres–espace d’expression et d’éducation à la citoyenneté. L’Arbre à palabres publié en mai 2014 s’inspirait, selon Fatimata Hamey Warou, de son vécu africain. Dans cet ouvrage de 234 pages elle a fait le lien entre l’arbre à palabres et l’arbre à récit de vie. Pour le développement de la citoyenneté, elle a su adapter cet arbre à palabres africain dans les associations, les quartiers, les maisons de retraite, et développer ainsi une dynamique citoyenne où chacun peut participer, prendre la parole.
« Mon livre est né de l’arbre à palabres qui est présent dans mon esprit depuis mon enfance nigérienne», a indiqué l’auteure. En effet, cet arbre à palabres puise ses racines dans les terres africaines, l’auteure l’a adapté au contexte occidental pour en faire un espace de dialogue inter culturel. « J’ai évoqué mes aller et retour avec mes enfants au Niger pour qu’ils appréhendent la culture, qui est importante à mes yeux dans la mesure où ça permet à mes enfants non seulement de connaitre les valeurs culturelles que portent leurs ancêtres mais aussi de tisser des liens intergénérationnels et qu’ils sachent se situer en Afrique et en France », a-t-elle ajouté.
Entre autres thématiques développées dans cet ouvrage, il y’a le cousinage à plaisanterie qui est une pratique ancestrale initiée par nos ancêtres pour anticiper sur les tracas de la vie quotidienne et les disputes. De même, elle a évoqué les évènements culturels nigériens parce qu’ils renforcent les rapports humains.
Dans le livre ‘’Mon père ce tirailleur nigérien’’ de 116 pages paru le 3 Mai 2019 aux éditions Harmattan, l’auteure rend hommage à son père combattant de la liberté et à tous ces hommes ballottés entre leur statut d’hommes qui ont contribué à vaincre le nazisme ainsi que la barbarie et la situation de précarité dans laquelle ils sont plongés aujourd’hui. «Ce livre est pour moi aussi une façon de continuer à développer le récit de vie de mon père qui, à l’âge de 18 ans en écoutant l’appel du général de Gaulle s’engagea volontairement en 1940 dans les troupes des tirailleurs malgré le refus de sa mère car il était orphelin de père et avait la responsabilité de la famille, et de tous ces combattants qui ont emporté leur mémoire leurs souvenirs dans leur tombe. C’est aussi une façon de ne pas les oublier nous, car ils sont oubliés non seulement par la France mais aussi par les pays d’origine», a-t-elle déploré. Avant d’ajouter : « mon père faisait partie des milliers de recrues qui affluaient de toute l’Afrique occidentale française et qui étaient débarquées sur les côtes de l’Afrique du nord. Mon père et ses camarades se rejoignirent aux vétérans de la France libre et à l’ancienne armée de l’armistice ».
Pour l’auteure, cet ouvrage est aussi une volonté de rappeler aux jeunes générations que des hommes d’Afrique noire et particulièrement des nigériens ont combattu aux côtés de l’Armée française et nombreux sont ceux qui se sont illustrés lors des deux guerres.
S’agissant de l’ouvrage « l’Arbre à palabres-espace d’expression et d’éducation à la citoyenneté », l’auteure a fait savoir que cette valeur culturelle qui a fait sa preuve dans le passé, peut aujourd’hui encore avantageusement servir les intérêts et aspirations nobles des sociétés modernes. En effet, explique Fatimata Hamey Warou, la palabre était une sorte de réunion qui se tient généralement la nuit sur la place publique ou le jour à l’ombre du grand arbre au centre du village. L’arbre à palabres est un espace public traditionnel africain où se tiennent les grandes réunions au cours desquelles les populations prennent de grandes décisions pour l’intérêt de la communauté. Toutefois l’arbre à palabres est un espace très hiérarchisé. La démocratie qui y prévaut exclut les femmes et les enfants car les décisions sont prises exclusivement par les hommes bien qu’elles engagent la vie de toute la communauté. Malgré cette faiblesse de la pratique de la palabre elle a permis de réguler la vie de la communauté, elle a favorisé la cohésion sociale, la paix, la solidarité, et l’intégration. Ainsi dans cet ouvrage l’auteure a appliqué cette technique dans un contexte urbain notamment en France où la coexistence des différents groupes ethniques est parfois menacée par les particularismes et autres clivages identitaires, religieux et politiques. « J’ai adapté cette pratique au contexte occidental pour en faire un espace de dialogue interculturel », a-t-elle affirmé. A Rennes, l’Arbre à palabres est ouvert aux femmes, à tous les âges et à toutes les cultures a précisé Fatimata Hamey Warou. « En Afrique, on se réunit sous un arbre, en France on se trouve dans une salle, sur des chaises autour des tables pour que les gens puissent s’écouter et se parler », résume l’auteure.
Par Aminatou Seydou Harouna(onep)