«mémoire, unité et renouveau», thème de la commémoration
La communauté rwandaise au Niger a organisé, le samedi 10 juin dernier à Niamey, une soirée commémorative du 29ème anniversaire du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994. La commémoration cette page sombre du Rwanda est placée sous le thème, «mémoire, unité et renouveau». Elle offre une opportunité de mener des réflexions approfondies sur la dimension de cette tragédie qui a endeuillé le Rwanda, emportant la vie de plus d’un million de victimes en l’espace de 100 jours. La cérémonie s’est déroulée en présence du Premier Secrétaire à l’Ambassade du Rwanda au Niger avec résidence à Abuja, M. Francois Nkuriyingoma, de la présidente de la communauté rwandaise au Niger Mme Gloriose Daouda, de la Coordonnatrice Résidente du Système des Nations Unies au Niger Mme Louise Aubin, ainsi qu’une forte communauté rwandaise vivant au Niger et des membres du corps diplomatique.
Dans ces propos liminaires, le Premier Secrétaire à l’Ambassade du Rwanda au Niger, a indiqué cette soirée vise à honorer la mémoire de plus d’un million de Tutsis du Rwanda, qui ont été exterminés en 100 jours il y a 29 ans, et pour rendre hommage au sacrifice et à la résilience des survivants. «29 ans plus tard, dans certaines parties du monde, on assiste à la résurgence de discours haineux et à la promotion du négationnisme et du révisionnisme. Le Rwanda n’y sera jamais insensible et nous ne ménagerons aucun effort pour maintenir, plus jamais, ce à quoi nous sommes tous attachés», a dit le Premier Secrétaire à l’Ambassade du Rwanda au Niger.
Pour sa part, Mme Gloriose Daouda, présidente de la communauté rwandaise au Niger a rappelé que pour les Rwandais, la date du 7 avril, marque chaque année le début de la période de deuil « Kwibuka » (se souvenir). Ce jour-là, en 1994, les massacres ont commencé, entraînant le meurtre de plus d’un million de Tutsi innocents, en moins de 100 jours. «Des familles entières ont été décimées, les rescapées ont perdu plusieurs membres de leurs familles, certains ont perdu tous les membres de leur familles», a indiqué Mme Gloriose Daouda avec regret et amertume. «Se souvenir est la raison pour laquelle cette période de 1994 est toujours aussi importante pour nous, 29 ans plus tard et à jamais. En effet, en tant qu’être humain, nous devons nous rassembler pour commémorer l’un des jours les plus sombres de notre continent», a-t-elle souligné.
Cette souvenance est également importante car selon Mme Gloriose Daouda, c’est parler de la façon dont «nous pouvons nous tourner vers notre passé pour construire, ensemble, un avenir plus pacifique et plus prospère». « Je veux parler de l’importance de la solidarité ; de la manière dont nous pouvons rester unis, en tant que frères et sœurs, pour faire en sorte que la tragédie qui a frappé notre pays en 1994 ne se répète jamais, nulle part ailleurs dans le monde», a-t-elle plaidé. Pour ce faire, la présidente de la communauté rwandaise au Niger a soutenu que tous les membres se doivent de «s’efforcer de créer un avenir fondé sur la paix, l’unité et la réconciliation, et non sur la division et la haine».
Par ailleurs, Mme Gloriose Daouda a déploré que 29 ans après le génocide beaucoup de ceux qui ont orchestré ou perpétré les atrocités de 1994 vivent encore librement sur le continent et dans le monde et continuent de propager l’idéologie négationniste. «Nous devons nous unir pour faire en sorte que ces personnes ne puissent pas échapper à la justice et que leur impunité ne puisse perdurer. Nous devons contredire toute idéologie leur permettant de continuer à ni l’existence du génocide en dépit de sa reconnaissance par le monde entier», a martelé Mme Gloriose Daouda.
«Nous nous rappelons de cette page sombre de l’histoire, remplie de honte, d’échec de la communauté internationale», dixit le SG de l’ONU
Pour sa part, la Coordonnatrice Résidente du Système des Nations Unies au Niger, Louise Aubin, a lu un message du Secrétaire Général des Nations Unies M. António Guterres, à l’occasion de la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. «Nous pleurons la mort de plus d’un million d’enfants, de femmes et d’hommes, qui ont péri durant cent jours d’horreur, il y a 29 ans. Nous honorons la mémoire des victimes, en grande majorité des Tutsis, mais aussi des Hutus et d’autres personnes qui s’opposaient au génocide. Nous rendons hommage à la résilience des personnes qui en ont échappé. Nous saluons le peuple rwandais qui s’achemine vers la guérison, le rétablissement et la réconciliation. Nous nous rappelons de cette page sombre de l’histoire, remplie de honte, d’échec de la communauté internationale», a déclaré le Secrétaire Général des Nations Unies.
M. António Guterres a aussi rappelé que ce génocide ne doit jamais être oublié. «Cette époque était terrifiante et nous devons veiller à ce que les générations futures se souviennent également de la facilité avec laquelle le discours de haine, signe avant-coureur d’un génocide, peut tourner au crime de haine, du laxisme, face aux atrocités, qui s’assimilent à la complicité, du fait qu’aucun lieu et aucune époque ne sont immunisés, face au danger, y compris les nôtres», a-t-il souligné. «La prévention du génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et des autres violations graves du droit international est une responsabilité partagée. C’est le devoir fondamental de chacun des membres de l’ONU. Ensemble, luttons fermement contre la montée de l’intolérance. Soyons vigilants et toujours prêts à agir», a lancé le SG de l’ONU.
Abdoussalam Kabirou Mouha (ONEP)