Dès le jour de son investiture, le 02 avril 2021, le Président de la République, Chef de l’Etat, a annoncé les couleurs. Dans la salle du Centre International des conférences Mahatma Gandhi de Niamey et en direct sur les medias traditionnels du pays, le nouvel homme fort du Niger a annoncé son intention de s’attaquer frontalement à la corruption qui mine les efforts de résilience et de développement du pays. Un an durant, SEM Mohamed Bazoum s’est attelé à la tâche pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé qui est non seulement de mettre rapidement l’Etat et les contribuables dans leurs droits dans les cas de présomption de corruptions, mais également d’engager sans attendre les réformes nécessaires à une optimisation de la lutte contre la corruption à tous les niveaux de l’administration.
Dans son discours d’investiture déjà, SEM Mohamed Bazoum a affirmé que le deuxième grand « problème de notre gouvernance » résidait dans la prévalence de pratiques de concussion et de corruption au sein de l’administration, indexant par la même occasion les pots-de-vin, les surfacturations, les dépenses inopportunes, les commandes fictives, les commandes partiellement livrées, et bien d’autres anomalies identifiées de longue date. Il a qualifié la corruption de grave source de discrédit pour un régime et s’est offusqué de la persistance de telles pratiques malgré les dispositifs administratifs et juridiques mis en place pour les prévenir et les punir. « C’est pourquoi, la meilleure façon de lutter contre la corruption est de sévir contre ceux qui s’en rendent coupables….. Ainsi, Je serai implacable contre les délinquants parce que j’ai conscience du tort que porte la corruption au développement du pays », a-t-il dit à cette occasion.
Un an après ces déclarations fortes, le train est en marche. Le Président Mohamed Bazoum a initié plusieurs rencontres avec les acteurs concernés par la question de la lutte contre la corruption au Niger. Trois mois après son investiture, au dernier jour du mois de mai, il a reçu au Cabinet présidentiel une délégation du Syndicat autonome des magistrats du Niger (SAMAN) afin d’échanger sur l’indépendance de la Justice.En effet, le Chef de l’Etat estime que cette dernière est une condition nécessaire à sa « volonté politique réelle à assainir, à moraliser la vie publique», comme l’a souligné à la suite de la rencontre M. Nouhou Aboubacar, secrétaire général du SAMAN. Cette rencontre était la suite logique de celle qui a réuni le 8 juin 2020 le Chef de l’Etat et les organisations de la société civile dans laquelle la lutte contre la corruption était à l’honneur, aux côtés d’autres priorités du pays.
Continuant sur la même lancée, SEM Mohamed Bazoum a réuni le 20 Septembre autour de lui des personnalités telles que le Premier Ministre qui est également le Chef du Gouvernement, des membres de son Gouvernement, ainsi que les présidents des institutions et les responsables concernés par la question de la lutte contre la corruption. Il s’agissait pour le Président de la République, à travers cette réunion de haut niveau sur la gouvernance économique et la lutte contre la corruption, d’échanger avec ses collaborateurs et de recueillir leurs analyses en lien avec le thème.
Mais, c’est surtout le 27 septembre dernier que le Président Mohamed Bazoum a eu l’occasion d’apporter plus d’éclaircissements sur la vision qu’il a de la lutte contre la corruption au Niger. Présidant solennellement en cette journée son premier Conseil Supérieur de la Magistrature, un organe essentiel pour la carrière des magistrats et le bon fonctionnement du système judicaire nigérien, il a déclaré que le peuple attend de l’Etat qu’il fasse « plus » pour combattre l’hydre qu’est la corruption et a enjoint les magistrats et le système judiciaire national à être sans reproche afin de mener une lutte d’envergure contre la corruption et les pratiques corruptives.
« Il est vrai que pour faire face à ce fléau, réguler la vie en société, protéger les plus faibles et éteindre les conflits, il ne suffit pas seulement de disposer de textes et des juridictions, les plus pertinents et modernes soient-ils, mais faudrait-il encore que des ressources humaines en quantité suffisante et de qualité surtout leur soient dédiées », a déclaré SEM Mohamed Bazoum face aux magistrats. Pour mieux lutter contre la corruption, il a annoncé le renforcement de la formation pour que le ratio population/magistrat qui est actuellement de 49.000 habitants pour 1 magistrat, passe à l’avenir à 10.000 habitants pour 1 magistrat, comme le recommande le standard défini par les Nations-Unies.
Renforcer la lutte contre la corruption par un soutien accru aux instruments de répression de ce fléau
Pour matérialiser son attachement à la lutte contre la répression de la corruption dans le pays, le Président a reçu après son investiture, les responsables de la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HALCIA). Selon un document de la HALCIA, il a instruit cette autorité à renforcer l’élan de la lutte contre la corruption, en particulier la répression des faits et actes de corruption, et s’impliquer désormais dans l’organisation des examens dans le but de contribuer à leur crédibilité. Suite à ces injonctions et par lettre n° 01474/DIRCABA/PM du 27 Août 2021, le Cabinet du Premier Ministre Ouhoumoudou Mahamadou a interpellé les membres du gouvernement et les responsables des institutions, organes administratifs et établissements publics et parapublics à impliquer la HALCIA dans l’organisation et la gestion de leurs concours et tests de recrutement.
L’engagement politique du Président de la République a permis à la HALCIA de superviser 32 examens et concours dans le pays. A l’issue de ces supervisions, 43 et 56 cas de fraudes ou tricheries liés au port du téléphone portable et à son utilisation ont été détectés respectivement aux derniers examens du BEPC et du BAC et transmis aux autorités compétentes pour être pris en charge. Cette innovation a eu pour conséquence d’entraver sérieusement les velléités de fraudes, coupant ainsi court aux tentatives de corruption, et de renforcer durablement la crédibilité des diplômes délivrés au Niger.
Sur le plan de la conduite des investigations, une mission traditionnelle de la HALCIA a enregistré en 2021 200 dossiers provenant de 195 plaintes et dénonciations et 5 saisines d’office. Après traitement des plaintes et dénonciations par le comité de recevabilité, 63 dossiers ont fait l’objet de classement pour incompétence et 132 ont fait l’objet d’investigation. Avec les reformes qui ont permis d’élargir le champ du possible pour la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées, et surtout la possibilité qu’elle a de transmettre désormais directement les dossiers investigués au Procureur de la République, le pays a recouvert des dizaines de milliards de préjudices subies.
La fermeté du Président Mohamed Bazoum contre les indélicats et le soutien inconditionnel du gouvernement a aussi permis de récupérer la somme de 11.747.838.646 de francs CFA suite à des opérations de contrôle sur les recettes fiscales, non fiscales et douanières. En plus de cela, la Halcia a mené des opérations de contrôle sur les dépenses des structures déconcentrées des ministères de la Santé, de l’Hydraulique, de l’Intérieur, de l’Environnement et de l’Agriculture, ainsi que sur les réalisations physiques des structures déconcentrées de ces ministères qui occupent, avec l’éducation et la Défense, une place centrale dans la stratégie présidentielle de développement.
L’engagement politique au plus haut sommet de l’Etat a donc commencé à produire les résultats escomptés. Un an, de l’avis général des acteurs de la lutte contre la corruption au Niger, est encore tôt pour entériner définitivement les reformes législatives et administratives voulues. Car, comme l’a relevé Nouhou Aboubacar, secrétaire général du SAMAN, «pour que la justice puisse réussir ce pari [ ndlr : la lutte contre la corruption], elle a besoin également du soutien politique pour faire face aux obstacles légaux qui font en sorte qu’actuellement, quelle qu’en soit sa volonté, la Justice ne peut pas mettre la main sur certaines personnes à qui on reproche des actes répréhensibles».
Par Souleymane Yahaya(onep)