Les participants au premier forum des médias, ont encore suivi le jeudi 23 novembre, troisième jour des travaux, des présentations sur la triste situation sanitaire des enfants en Afrique de l’ouest et du centre où vivent plus de 90 millions d’enfants de moins de cinq ans. Parmi eux, 29,3 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de retard de croissance et 1,6 million d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’émaciation sévère. C’est dire que la nutrition des enfants est une autre préoccupation importante qui affecte la santé des enfants en Afrique de l’ouest et du centre. Pire, la malnutrition a un coût au niveau des enfants pris individuellement, un coût au niveau de la société et un coût au niveau de la nation », selon M. Comlan Kouadjo qui déduit que la malnutrition sous toutes ses formes a des conséquences socio-économiques.
En Afrique de l’ouest et du centre, les pays perdent chaque année de 4 à 11 % de leur PIB à cause de la malnutrition. En 2014, selon le conférencier, le Niger a perdu 536,5 millions de dollars, soit 7,1 % du fait de la malnutrition.
M. Comlan a expliqué qu’Il y a différentes sortes de malnutrition chez l’enfant à savoir : la malnutrition aiguë qui fait que l’enfant est trop mince pour sa taille ; la malnutrition chronique appelée aussi le retard de croissance qui agit sur la taille de l’enfant, la surnutrition chronique qui se caractérise par le surpoids et enfin la carence en micronutriment. Il s’est aussi beaucoup appesanti sur les différents nutriments dont le corps a besoin pour l’énergie, la croissance la récupération et la protection contre les maladies. Selon le conférencier, les besoins en nutriments diffèrent selon l’âge, le niveau d’activité physique, la taille, le poids, le stade de la vie et l’état de santé de chaque individu.
A la question de savoir quelles sont les causes de la malnutrition ; le conférencier a répondu en citant un mauvais régime alimentaire et la maladie. Il précise toutefois qu’il y a les causes sous-jacentes et les causes fondamentales. Dans le cas de la malnutrition aiguë par exemple, il a évoqué l’insuffisance pondérale à la naissance, le ralentissement de la croissance avec une perte de poids due à l’apparition d’une maladie, une diminution soudaine des apports de l’allaitement.
En Afrique de l’ouest et du centre, la situation nutritionnelle des enfants est tellement préoccupante que, « si les tendances persistent, 30 millions d’enfants de moins de cinq ans seront atteints de malnutrition en 2030 », affirme Comlan Kouadjo. D’ores et déjà, à travers les défis urgences récurrentes et nouvelles, plus de 26,4 millions de personnes sont affectées par les crises au sahel dont 8 millions d’enfants. La mondialisation et les prix des denrées constituent un autre défi, que les Etats africains doivent ,selon lui, revoir. La lutte contre la malnutrition est multisectorielle. Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, « la plupart des enfants malnutris se trouvent hors des zones d’urgence » précise M. Comlan Kouadjo. Malgré tous ces défis, le conférencier pense que « la nouvelle stratégie nutrition de l’Unicef qui vient soutenir l’agenda 2020-2030 est une opportunité ».
L’autre préoccupation majeure par rapport à la santé infantile est le paludisme. En 2021, l’Afrique a enregistré environ 95 % des cas de paludisme et 96 % des cas de décès liés à cette maladie. Face à cette situation, la vaccination contre cette maladie est perçue depuis quelques années comme une alternative dans la lutte contre le paludisme. Malgré la réticence de certains pays, plusieurs autres sont en train de finaliser leur plan d’introduction du vaccin RTS, S contre le paludisme. Il s’agit, selon un communiqué de presse de Gavi, du Burkina Faso, du Libéria, du Niger, de la Sierra Leone. Selon le communiqué, ces pays devraient recevoir 1,7 millions de doses du vaccin RTS, S dans les semaines à venir. Plusieurs autres pays sont à l’étape finale d’introduction du vaccin antipaludique dans leurs programmes de vaccination de routine et les premières doses devraient être administrés au cours du premier trimestre 2024.
« Cela parce que l’introduction d’un nouveau vaccin dans les programmes de vaccination essentiels doit faire l’objet d’une préparation très complète. Notamment par la formation du personnel de santé, l’investissement dans les infrastructures, les équipements et les capacités de stockage des vaccins ; la mobilisation et la demande de la communauté, la mise en place de la nouvelle vaccination en l’intégrant aux autres vaccinations », précise le communiqué. Le Ghana, le Kenya et le Malawi administrent le RTS, S depuis 2019. Le vaccin antipaludique doit être administré selon un schéma de quatre doses.
Fatouma Idé (ONEP)