Au moment où les agriculteurs se débarrassent des outils de travail pour observer un moment de répit et savourer les retombées de leurs durs labeurs au sortir de la campagne pluviale, les maraîchers se retrouvent les mains dans la patte pour démarrer la saison des cultures maraîchères. En effet, bien que l’agriculture pluviale soit la principale activité des populations, elle peine à couvrir les besoins alimentaires du pays. C’est ainsi que dès la fin des récoltes, les maraîchers dans leur grande majorité, sans distinction de sexe, des villes et des villages entament les travaux de la culture maraîchère. Selon les maraîchers rencontrés à Niamey, les préparatifs vont bon train et les germes semés s’adaptent bien à la terre.
La production maraîchère a du vent en poupe au Niger, particulièrement à Niamey où le fleuve Niger qui constitue le principal cours d’eau d’offre les conditions adéquates pour les maraîchers situés à Kombo (Yantala bas). En effet, dans cette zone, la nappe est moins de 5 mètres.
Aux environs de 12h 45, nous retrouvons Abdoul Rachid Mounkaila, assis sur un tabouret, dans son jardin parsemé de différentes variétés de légumes, dont certains en croissances et d’autres déjà à maturité. Dans son espace de travail, à cette heure de la journée, les maraichers sont en plein dans les travaux, les arrosoirs en mains pour certains et d’autres désherbant les mauvaises herbes pour faciliter la croissance des plantes. Selon ce producteur, cette période de l’année est le moment propice pour la culture de contre saison. Avec une expérience de plus de 20 ans, Abdoul Rachid Mounkaila travaille la terre avec le plus grand soin afin d’en tirer le maximum de profit.
« Nous avons commencé les travaux de cette saison il y a quelques jours de cela. Au début, quand nous achetons les semences et qu’on les sème, nous n’avons pas de résultats satisfaisants », a déclaré le maraîcher.
Toute une panoplie de légumes frais, pour rehausser le goût des mets qui sont proposés à la clientèle sont cultivés dans le jardin d’Abdoul Rachid. C’est ainsi qu’on y trouve de la laitue, de la tomate fraiche, du persil et céleri. Les travaux viennent de commencer. « Nous avons semé et ça a commencé à pousser. A la maturité des laitues, nous vendons en gros (par planches) et en détail. Nous cédons la planche à 2.500 FCFA », a indiqué Abdoul Rachid.
Bien que le prix des planches soit laissé à un prix généreux par les maraîchers, ces derniers expriment leur indignation face à la montée des prix des produits sur le marché par la faute des commerçants. « Nous leur cédons la planche à un prix abordable, pourquoi ne pas faire pareil aussi. Sachant tout bonnement que nous produisons la laitue sur notre terre et avec nos moyens, pourquoi ne pas s’entre-aider. Personnellement, je ne comprends pas leur façon de faire. Nous en tant que maraîchers, ne pouvons rien pour y remédier. C’est écœurant car, nous leur vendons à un bas prix juste pour que le citoyen ressente pas la cherté dans ce que nous produisons», se plaint le maraîcher.
Depuis un certain temps, l’on constate dans les différents marchés et au bord des grandes artères, une disponibilité de la laitue qui se vend comme des petits pains. Cependant, malgré cette disponibilité, la clientèle se plaint de la cherté de cette herbe potagère. « Je suis venu payer de la salade, mais à ma grande surprise, le vendeur me dit qu’il n’y a pas pour 300 FCFA et qu’il ne vend qu’à partir de 500 FCFA. La salade est très chère, même pour les 500 FCFA ne remplit pas un plateau », confie Haoua une ménagère rencontrée chez le vendeur.
Une autre cliente, atteste que cette cherté, de son point vu, est due à la cherté des semences. « Bien que la salade soit disponible un peu partout elle est chère. Mais, je pense que cette cherté est due au fait que les maraîchers viennent de débuter les travaux et que d’autres n’ont pas encore commencé », estime-t-il
La fermeture des frontières, un frein au bon déroulement de la culture maraîchère
Pendant que le noble citoyen travaille la terre pour joindre les deux bouts, et nonobstant les efforts fournis par les autorités du Niger pour garantir une vie meilleure aux populations, la cherté des produits pèse lourd sur les épaules de la population.
« La fermeture des frontières entrave considérablement le bon déroulement de notre production. La majorité des semences que nous utilisons dans nos jardins sont importées et les prix de ces derniers ont grimpé de manière considérable. Avant on payait le paquet de semences à 2.000 FCFA, mais maintenant, il faut débourser le double de la somme pour prendre le même paquet. Cela nous coûte cher vraiment », avoue le producteur.
Situé à quelques encablures, de celui d’Abdoul Rachid, Ousmane explique que malgré la fermeture des frontières, certains aliments franchissent la frontière. « La fermeture des frontières constitue un frein à notre business, car le peu que nous récoltons ici ne s’achète pas bien parce que les produits importés rentrent toujours au Niger malgré la fermeture des frontières. Lorsque les céleris du Nigeria arrivent au Niger, le nôtre que nous vendons à 1000 F baisse et revient à 750 ou 700 à FCFA. Ce qui impacte négativement notre vente », a-t-il dit.
La maladie des plantes et la construction des digues un autre souci majeur pour les maraîchers
Le secteur de la culture maraîchère est confronté à un certain nombre de problèmes qui pèsent sur le quotidien des producteurs. En effet selon les explications des maraîchers, ils sont confrontés à une maladie qui attaque les feuilles des arbres notamment les neems et les papayes. Ces parasites descendent jusqu’aux petites plantes et entravent le développement de ces dernières. « Face à ce fléau, nous demandons aux autorités, d’inciter les enseignants-chercheurs à trouver une solution. Ils doivent mener des études pour avoir une solution afin d’éradiquer ce fléau qui entrave le développement des plants, car nous ne savons pas si ces maladies qui attaquent les plantes ont des conséquences sur la santé des consommateurs. Ils amènent des produits, nous achetons, mais en vain, on revient toujours à la case départ », explique Ousmane.
La zone la plus touchée, a-t-il poursuivi, par cette maladie est la zone de Gaya. « Les enseignants chercheurs doivent vraiment chercher des solutions pour l’évolution des plantes et la santé des consommateurs. Ils viennent souvent nous poser des questions mais, n’apportent rien comme solution au développement de cette activité. Ces maladies doivent être contrecarrées, elles sont comme une anomalie, plus les années passent, plus le phénomène prend de l’ampleur et on ne sait pas où cela va s’arrêter », a-t-il expliqué.
« Nous lançons un appel aux autorités. Nous qui travaillons la terre avons besoin d’aide, il y a des choses que seul l’Etat a la possibilité d’arranger. Depuis la construction des digues, à chaque montée de l’eau, nos jardins sont inondés et cela nous engendre des dégâts. Nous voulons que l’Etat nous construise un barrage », a conclu Abdoul Rachid.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)