En 2006, le Programmes d’actions Communautaires (PAC) dans sa première phase en partenariat avec la société Achat Service International (ASI) lançait au Niger l’Initiative Bio Carbone, consistant à planter des arbres de l’espèce acacia senegalensis. Les objectifs étant d’une part la séquestration du carbone dans le cadre de la lutte contre le dérèglement climatique et d’autre part la production de la gomme arabique, des produits vivriers et du fourrage. Quatorze ans après la mise en œuvre de cette initiative, impliquant les communautés locales, des milliers d’hectares ont été plantés à travers le pays. Face aux résultats positifs, le PAC 3 a décidé de récompenser l’effort de ces laborieuses populations qui ont cru et suivi ce projet écologique multifonction à travers la remise des appuis financiers dits «Fonds Carbone» aux populations bénéficiaires.
La cérémonie de remise de ces fonds, coparrainée par le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et de l’Elevage M Abouba Albadé, le ministre de l’Environnement, de la Salubrité urbaine et du Développement durable M Almoustapha Garba et le directeur général des opérations de la Banque Mondiale M Axel Van Trotsenburg, s’est déroulée vendredi 21 février sur le site Bio Carbone du village de Koné Béri, à une trentaine de Km de Niamey sur la route de Ouallam, dans la commune rurale de Karma (département de Kollo).
L’Initiative Bio Carbone est mise œuvre dans six région du pays sur 26 sites qui, ensemble, couvrent une superficie totale de 7.225 ha. Le site de Koné Béri, site–témoin, est un espace dorénavant totalement reboisé et regarni qui fait la joie des populations de la zone qui en tirent beaucoup de profits. En effet, elles y produisent notamment la gomme arabique, la fourrage, le mil, le niébé, l’arachide mais séquestre aussi d’énormes quantités de carbone estimé à plus de 15.000tonnes en 2017. Comme à Koné Béri, les autres sites font aussi la joie des populations et la fierté du PAC3 et de ses partenaires qui s’en félicitent à plus d’un titre. Pour le ministre d’Etat en charge de l’Agriculture et l’élevage, l’initiative a un impact écologique certain pour avoir permis de reconstituer l’habitat de la faune, la protection de la flore et favoriser l’apparition des nouvelles espèces végétales et animales.
La réussite de ce projet plaide pour sa mise à l’échelle
Abouba Albadé dit avoir noté avec satisfaction les acquis socioéconomiques importants de l’initiative Bio carbone qui profite amplement aux populations. Le ministre d’Etat M Abouba Albadé de citer entre autres, la production des cultures intercalaires et de la biomasse, la création d’emplois temporaires, la reconstitution du cheptel à partir des revenus tirés des activités, la réduction sensible de l’exode et l’atténuation des crises alimentaires et la production de la gomme arabique. Pour lui, les actions du PAC3 dans ce domaine cadrent bien avec les objectifs de l’I3N et a tenu à rendre hommage aux acteurs de ce projet. Le ministre a salué le rôle important de la Banque Mondiale qui accompagne ce projet profitable aux populations avant d’indiquer que l’œuvre réalisée a contribué au respect des engagements internationaux du Niger. Le ministre d’Etat chargé de l’Agriculture et de l’Elevage a souligné que le Niger est un pays reconnu désormais comme «contributeur à l’effort international de lutte contre le changement climatique depuis 2013, date de l’enregistrement de ce projet au Secrétariat du mécanisme de développement propre (MDP)». A l’endroit du PAC3, le ministre d’Etat en charge de l’Agriculture et de l’élevage, dira qu’il a le mérite d’avoir réconcilié les populations avec leur environnement et amplifié les efforts de résilience climatique.
Pour sa part, le ministre de l’Environnement, de la Salubrité urbaine et du Développement durable M. Almoustapha Garba a mis en exergue les revenus générés par cette initiative aux populations mais aussi la contribution du Niger dans la réduction des gaz à effet de serre conformément au Protocole de Kyoto même si, ajoute-il, le Niger n’a pas d’objectifs quantifiés. Il a dit avoir noté avec satisfaction l’enregistrement de ce projet dans le cadre du MDP et indiqué que le Niger doit donc capitaliser les avantages de ce succès unique en Afrique de l’Ouest pour lutter contre la pauvreté, améliorer les conditions de vie des communautés. Pour M Almoustapha Garba, le succès de l’initiative ne doit pas faire perdre de vue les immenses défis. C’est pourquoi il a plaidé pour une plus grande ambition en passant à la mise à l’échelle de cette pratique à travers la
formulation d’un grand programme structurant permettant d’amplifier les résultats et de procéder à d’autres vérifications du carbone. Le ministre Almoustapha a invité à cet effet les partenaires à envisager la phase de poursuite du projet soulignant qu’elle sera d’une contribution adéquate à la mise en œuvre du Plan d’Investissement Climat pour la région du Sahel porté par le Président Issoufou Mahamadou.
‘’Lorsqu’on donne le pouvoir aux communautés et aux femmes, elles peuvent améliorer leur vie’’ M Axel Van Trotsenburg
Quant au Directeur général des opérations de la Banque Mondiale, il a affirmé que ce type de projet peut donner beaucoup d’espoirs aux communautés, développer le grand potentiel pour créer l’emploi, créer les opportunités économiques et lutter contre le changement climatique. La Banque Mondiale est, a-t-il dit, convaincue que lorsqu’on donne le pouvoir aux communautés et aux femmes, elles peuvent améliorer leur vie. M Axel Van Trotsenburg a salué les femmes pour leur participation déterminante dans cette initiative Bio Carbone en promettant que son institution entend appuyer encore plus ce genre de projet à travers l’assistance technique et ou l’appui financier.
Auparavant, le coordonnateur du PAC3, M Ali Moha a salué l’accompagnement technique et financier de tous les partenaires dans le cadre de la mise en œuvre dudit projet. La remise du fonds Carbone, qui n’est pas une fin en soi, doit servir à prendre d’autres engagements pour garantir la durabilité des sites voire soutenir et encourager d’autres ambitions pour que les sites servent de modèles à multiplier dans le pays. Ce fonds Carbone est pour lui «un encouragement des populations dans leurs efforts quotidiens de réconciliation avec leur environnement». Les représentants de régions de Diffa, de Tillabéri, de Dosso, de Zinder et de Maradi ont reçu des mains des autorités nationales et des responsables de la Banque Mondiale des chèques d’un montant global de plus de 212 millions F CFA à titre de Fonds carbone. C’est ainsi que les régions ont respectivement les sommes de 77.941.245FCFA,
de 42.253.017 F CFA, 33.939.571F CFA, 32.884.516 F CFA et 25.022.399 F CFA.
Zabeirou Moussa, Envoyé spécial(onep)