Depuis plus de trois ans, on constate une prolifération massive de divers types de jeux de hasard dont la pratique est mal vue par la société en général, et par les leaders religieux en particulier. Le profil des parieurs sont des jeunes filles et garçons, de même que des vieillards qu’on trouve à côté des kiosques pour faire les combinaisons et toutes les probabilités. Les parieurs ont pour but ou espoir de faire fortune en jouant, en misant ou en pariant à ces différents jeux de hasard. Il s’agit des jeux comme la loterie, les jeux de cartes, les jackpots, les 1X-Bet, les jeux de ludo. Dans ces espaces de jeu, on remarque que certaines prescriptions ne sont pas respectées notamment l’âge d’accès à ces lieux. Il est pourtant écrit en noir et blanc qu’il est formellement interdit aux mineurs l’accès à ces espaces hautement dangereux pour leur épanouissement et leur éducation.
Abdoul Baki est un jeune étudiant âgé de 29 ans, parieur de 1X-bet, qui espère faire fortune. « Je ne joue pas au Lotto mais je consacre tout mon temps à réfléchir ou à imaginer au 1-Xbet sur les matchs qui vont être joués et les joueurs qui vont marquer. C’est un jeu qui est différent du Lotto car on parie sur des matchs. C’est dire que c’est un jeu qui a ses particularités. Par exemple, on peut miser sur un match. 1-Xbet consiste à parier sur les matchs en cours tout en prédisant la victoire ou la défaite en faveur de x ou de y. La somme à gagner dépend du montant misé par le parieur et de l’importance du match ou du combat. Si c’est un grand match comme par exemple entre le Barça et le Réal de Madrid, avec 100F on peut gagner jusqu’à 2000 F, voire des millions. Certains parieurs sont même à mesure de prédire le nombre de buts qui seront marqués par tel ou tel attaquant ; le temps auquel les buts seront marqués, le nombre de tirs cadrés, le nombre de pénalty, le nombre de coup-francs etc.… » ajoute Abdoul Baki.
Le 1X-bet est un jeu en ligne ou la personne installe l’application et se rend dans un kiosque de 1X-bet pour qu’on lui ouvre un compte qu’il doit alimenter de temps en temps afin de pouvoir parier ou miser. Cette application contient une multitude de jeux sportifs en fonction de l’amateur ou du parieur ; des jeux comme la boxe, le rugby, le tennis, le basket Ball, pour ne citer que cela.
« Je joue en moyenne 1000 F par jour et depuis que j’ai commencé, je n’ai jamais gagné mais j’ai l’habitude de voir des gens gagné à peu près 100.000 F. Il n’y a même pas longtemps de cela, j’ai vu quelqu’un qui, étant assis à la fada, a joué avec 1000F et il a gagné 11.000 F. Cela n’empêche, je garde espoir car je me dis que tôt ou tard la chance finira par me sourire. Et ce sont mes amis qui m’ont initié jusqu’à ce qu’aujourd’hui je suis devenu accros à ce jeu. Ma plus grande perte, c’était 3500 F un triste jour », souligne l’étudiant.
Mahamadou Tahirou alias Tchana est un jeune au chômage âgé de 30 ans, joueur de jeux de cartes. « Je viens ici pour joueur aux jeux de cartes. La chambre à coucher dans laquelle nous jouons est en location. Le propriétaire de la maison de jeux s’appelle Idi alias Barmou et il bénéficie d’un 1/5 de part sur chaque jeu. Le prix moyen pour jouer est de 1000 à 25000 F. Tout dépend des périodes et de la capacité financière des joueurs. Si le jeu comporte 4 joueurs, le 1/4 de la somme sur 5 jeux vont lui appartenir. Et ce dernier va à son tour assurer la sécurité des motos, du local et des cartes avec lesquelles on est sensé jouer », explique Mahamadou.
« Nous nous rencontrons ici chaque soir pour jouer de 21h jusqu’à 5h du matin. Tout dépend de l’ambiance et de la situation. Je ne fais aucun travail stable. Je suis un businessman qui vend et achète des articles de tout genre. Lorsqu’un joueur est en ruine, il lui arrive de me proposer d’acheter son portable, ses bijoux, ou autres choses afin d’avoir de quoi prendre son taxi ou de quoi poursuivre le jeu dans l’espoir de gagner.
Habibou est un jeune âgé de 30 ans. A force de jouer, il est devenu un accro des jeux de hasard. Il est détenteur d’une vingtaine de jeux jackpot éparpillés un peu partout dans les rues et les coins et recoins de la capitale. « Certains grossistes et détaillants font la commande en Chine, mais moi j’ai payé les miens à Niamey. Le prix varie entre 280.000 et 300.000 F par console de jeux jackpot. Et le jeu se fait avec des pièces d’argent uniquement de 100 F », a précisé Habibou.
Le joueur peut parier avec 100F et gagner entre 1000F et 18.000 F ou plus, en fonction de la barre et de la chance du joueur.
Le jeu jackpot est destiné normalement uniquement aux personnes majeures mais certains propriétaires ne respectent pas les règles. Souvent, on remarque dans les espaces de jeu des mineurs, alors que la règlementation a formellement interdit l’accès à ces jeunes. Le jeux jackpot dépend du lieu où on le place. En une seule nuit, le jeu peut générer un bénéfice de 50.000, 60.000, 100.000 ou plus au propriétaire, et cela, que les joueurs aient gagné ou perdu.
Moumouni Idrissa Abdoul Aziz (ONEP)