Niamey à l’instar des autres capitales, enregistre de plus en plus un nombre croissant de stations-services. Une situation qui s’explique en partie par le fait que notre pays est devenu producteur de pétrole. C’est ainsi que les privés se sont investis aux côtés de l’Etat nigérien pour développer ce secteur et en tirer profit et d’autre part, pour participer à la lutte contre le chômage à travers la création de nombreux emplois aux jeunes. Toutefois, cette activité n’est pas sans conséquence car ces stations se trouvent parfois proches des endroits très fréquentés notamment les établissements scolaires, les marchés, ou des habitations ce qui constitue un risque dans la sécurité des riverains. D’où le nécessité pour les investisseurs de respecter les lois prévues et aux autorités de faire respecter cette règlementation en vue de mieux protéger la vie de nos concitoyens.
La réalité saute à l’œil. Il suffit de faire un petit tour pour constater comment les stations ne font que pousser comme des champignons dans notre capitale notamment sur les grandes voies, les carrefours et dans tous les quartiers de Niamey. Les chiffres ont plus que doublé en l’espace de quelques années avec des connotations locales ou impérialistes. Ces stations-services sont installées presque tous les 200 à 500 m voire face à face. Cette multiplication des stations est dans une certaine mesure une facilité pour le client qui s’approvisionne sans grande difficulté et une opportunité pour les jeunes pour trouver du travail. A propos de cette situation, les avis sont partagés. Mais ce qui semble plus inquiétant, c’est que malgré cet effort vers la modernisation, l’on constate parallèlement la vente illégale de carburant même dans la capitale. Une activité à multiples conséquences.
Pour le président de l’Association de défense des droits des consommateurs (ADDC-Wadata), M. Maman Nouri, la prolifération des stations-services est une évidence ici à Niamey en ce sens que notre capitale est en train de devenir une sorte de poudrière. Il s’est inquiété surtout de la cohabitation entre les stations-services et les habitations. Pire, il a fait remarquer que des habitations sont cassées ou raser pour installer des nouvelles stations-services. Expliquant cette densité remarquable, il a cité l’exemple du tronçon rond-point Harobanda au cimetière route Torodi, une distance de près de cinq km, avec 17 stations installées. Selon M. Maman Nouri, compte tenu du fait que de la nature de ce liquide qui est très inflammable, il est urgent de faire en sorte que la réglementation soit aussi en conformité avec notre mode de vie afin d’épargner la vie des riverains. Il a souligné la nécessité de réexaminer certaines dispositions de ces règlements en les adoptant aussi à nos réalités, ou mode vie. « Il y a eu des cas d’incendie, comme c’est le cas d’une station située entre l’OPVN et la francophonie, mais nous avons comme l’impression que les leçons ne sont pas tirées.
Pour sa part, le doctorant D. Abdoulaye, usager d’engin roulant, estime que l’installation de ces stations est un signe de la modernisation de la capitale. Il a ajouté que les propriétaires des stations participent à la création d’emplois pour la jeunesse. Selon cet étudiant, avec la multiplication des stations-services est une facilité pour les clients qui ne sont pas obligés d’acheter le carburant dont la qualité est douteuse. Il a assuré que l’utilisation du produit sûr préserve la performance du moteur.
Abdoulaye a précisé toutefois que la multiplication des stations-services peut porter atteinte à la vie et à la sécurité des personnes et des biens parce que ces stations sont généralement construites en plein centre-ville. «En cas d’accident, cela peut avoir des répercussions négatives ». Mais, le doctorant constate que dans les stations, les dispositifs de sécurité sont mis en place pour contrer les incendies. Tout de même, « il y a des risques car en cas de marche ou de tension sociale, les manifestants sont tentés de s’attaquer aux stations. Les stations représentent aussi un risque dans la mesure où elles sont assimilées à un bien étatique », a-t-il expliqué. Selon l’étudiant Abdoulaye, certains pensent aussi que l’installation de stations concoure à enrichir les plus riches et appauvrir les plus pauvres car il y a une différence entre le prix à la pompe et celui du marché noir. C’est pourquoi, « certains clients préfèrent économiser les 100 F CFA en s’approvisionnant sur le marché noir avec des revendeurs installés sur les voies publiques ou les maisons », a-t-il affirmé.
« Outre le carburant, les stations offrent aussi des services comme la vente de l’huile de moteur. C’est aussi un endroit où l’on trouve des boutiques ou alimentations, des journaux. En d’autres termes, ce sont des centres commerciaux qui présentent des avantages pour les usagers. En somme, la création de ces stations genère des emplois, profite à l’Etat, aux promoteurs et aux citoyens », a-t-il expliqué. Relativement aux risques, le doctorant propose la rationalisation du secteur à travers une répartition équilibrée sur le territoire nationale pour faciliter l’accès aux usagers et accompagner l’urbanisation des zones défavorisées.
Selon Elhadji Kabirou, économiste, un usager rencontré, l’avantage de cette activité est qu’elle permet au consommateur de se procurer du carburant (essence ou gaz oil) sans grande difficulté. Même en cas de panne, le client peut vite trouver la solution à la station la plus proche. Toutefois, Elhadji Kabirou a relevé que le plus souvent, les stations sont contiguës aux habitations, ce qui représente un danger pour la population. « Cela expose bien sûr la vie des riverains car il suffit d’une petite étincelle pour que tout explose car l’essence est très inflammable », explique cet interlocuteur. D’après lui, c’est bien d’élaborer des textes mais le plus important est de les respecter ou de les faire respecter afin de sécuriser la vie des citoyens.
Par Mamane Abdoulaye(onep)