La journée « zéro discrimination » est une journée internationale instituée par l’ONUSIDA et qui se commémore tous les 1ers mars de chaque année.
Cette journée a été mise en place dans la perspective de mettre en avant les problèmes liés aux discriminations et de les combattre. La Journée Zéro Discrimination ne vise pas exclusivement à promouvoir le refus de la discrimination à l’endroit des personnes porteuses du VIH-Sida ou des malades du sida ; c’est beaucoup plus un appel à l’endroit de chaque personne partout dans le monde afin de promouvoir et de célébrer les droits de chaque individu à vivre dans la dignité nonobstant son apparence, son origine ou encore son orientation sexuelle.
Chaque année à cette période, nous célébrons le droit de quiconque de mener une vie épanouie et productive dans la dignité. La Journée zéro discrimination met l’accent sur les possibilités d’informer la population et de promouvoir l’inclusion, la compassion, la paix et surtout une dynamique du changement. Elle permet de créer un mouvement de solidarité internationale afin de mettre fin à toutes formes de discrimination.
Cette année marque le dixième anniversaire de la Journée zéro discrimination. Nous avons choisi de célébrer ce dixième anniversaire sous le thème : «Protéger la santé, c’est protéger les droits humains», parce que nous pensons que nous pouvons mettre fin au sida, si les droits de chacun sont protégés.
Le monde a fait de grands progrès vers l’objectif de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030. Ces progrès ont été alimentés par des avancées en matière de protection des droits de l’homme. A ce jour, trente-huit (38) pays se sont engagés à mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination liées au VIH.
Nonobstant ces progrès et pour que le monde tienne sa promesse d’éradiquer le sida d’ici à 2030, il est urgent d’agir pour faire progresser la protection des droits humains de tous, partout dans le monde.
Chaque semaine en 2022, 4000 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont été infectées par le VIH dans le monde, en grande partie parce que leurs droits ne sont pas respectés. Lorsque les droits des filles à l’éducation et à l’autonomisation sont réalisés, leur vulnérabilité au VIH est considérablement réduite.
Ce recul que nous observons mondial aujourd’hui, sur les droits des femmes et de la santé ne constitue pas seulement une menace pour la liberté, c’est aussi une menace pour la santé de tous.
Les lois, les politiques et les pratiques qui punissent, discriminent et stigmatisent les femmes et les filles, les personnes vivant avec le VIH, les populations clés en général et d’autres communautés marginalisées, violent les droits de l’homme et entravent l’accès à la prévention, au dépistage, au traitement et aux soins en matière de VIH.
Il est urgent de supprimer les lois qui portent atteinte aux droits des personnes et d’introduire des lois qui défendent les droits de chacun. Le chemin qui mène à la fin du SIDA est celui des droits.
Les inégalités structurelles sont un obstacle à la lutte contre le sida
L’ONUSIDA estime que le monde n’est pas sur la bonne voie pour mettre fin au sida d’ici 2030 non pas en raison d’un manque de connaissances, de capacités ou de moyens, mais à cause des inégalités structurelles qui font obstacle.
De même, la discrimination à l’encontre des migrants, des personnes vivant avec le VIH et d’autres populations exclues et stigmatisées entrave leur accès au dépistage, aux traitements et aux services du VIH.
Cependant, au milieu de ces défis, l’espoir émerge des communautés résilientes qui sont en première ligne de la lutte pour les droits. Martin Luther King Jr. a déclaré à juste titre : « Le progrès social est le fruit des efforts inlassables de personnes dévouées.» Ce sont ces communautés qui méritent notre soutien indéfectible dans la défense et l’avancement des droits de l’homme.
En Afrique de l’Ouest et du centre, grâce aux efforts coordonnés de nos différents pays à travers le programme Education Plus, on note aujourd’hui une augmentation significative de la scolarisation des filles. Une avancée en matière d’éducation qui est aussi la garantie de leur bien-être et de leur santé en général. Bien éduquées, les jeunes filles pourront faire les bons choix pour se protéger contre le Sida.
Le dernier Rapport mondial sur le sida publié l’année dernière, montre qu’en Afrique de l’Ouest et du Centre les nouvelles infections ont diminué de 49% entre 2010 et 2022, et en parallèle, la couverture thérapeutique antirétrovirale chez les adultes est en nette augmentation.
Malgré ces progrès, des défis majeurs persistent en ce qui concerne le genre et les disparités régionales demeurent notamment dans l’accès au traitement, et la couverture du traitement des enfants séropositifs.
En 2022, les filles adolescentes et les femmes âgées de 15 à 49 ans représentaient 43% des nouvelles infections au VIH dans notre région. Une des causes de cette statistique alarmante, reste le fait que dans certains pays, les femmes continuent de se heurter à des obstacles juridiques et sociétaux, notamment des restrictions liées à l’âge de consentement, qui les empêchent d’accéder à des services et à des tests de dépistage du VIH essentiels.
Ces obstacles limitent non seulement leur capacité à obtenir des soins de santé essentiels, mais ils entravent également les efforts déployés pour lutter contre les violences sexuelles ainsi que la stigmatisation et la discrimination. Il est indispensable que nous renversions ces barrières pour garantir à chaque individu un accès sans entrave aux soins dont il a besoin pour rester en bonne santé et en sécurité.
Les pays qui parviennent à combattre l’épidémie de sida sont ceux qui abrogent les lois et politiques discriminatoires, élargissent les droits de l’homme et amplifient les voix des communautés marginalisées. Les tentatives visant à relever les défis des droits de l’homme dans la région ont été abordées selon différentes perspectives et approches. Toutefois, il est préoccupant de constater une tendance à l’intensification des mesures légales dans certains pays, ce qui peut involontairement aggraver les vulnérabilités des communautés marginalisées.
Le risque est de perpétuer la discrimination et de compromettre les efforts collectifs en vue de favoriser des sociétés inclusives et équitables. Il est essentiel que toutes les parties prenantes s’engagent dans un dialogue constructif et des efforts collaboratifs afin de garantir le respect des droits de l’homme pour tous les individus, quels que soient leurs antécédents ou leur identité.
En effet, les attaques contre les droits humains sont une menace pour la liberté, la démocratie et affectent la santé. La stigmatisation et la discrimination entravent les efforts de prévention et de traitement du VIH, freinant les progrès vers la fin du Sida d’ici à 2030.
La protection des droits de chacun n’est pas une faveur, mais une nécessité pour protéger la santé publique et mettre fin au sida et favoriser des sociétés inclusives pour tous en Afrique de l’Ouest et du Centre. Soyons donc solidaires pour nous assurer que personne n’est laissé pour compte dans notre quête d’un avenir plus sain et plus juste. La défense des droits de chacun est notre responsabilité à tous. Chacun peut contribuer à mettre fin à la discrimination !
C’est uniquement en protégeant les droits de chacun que nous pourrons protéger la santé de tous. Plaidons donc tous ensemble, pour le respect des droits humains à travers le monde.