Avec 0,2 point de moins en 2019 qu’en 2018, la moyenne africaine de la Gouvernance globale enregistre sa première baisse annuelle depuis 2010. C’est ce qui ressort de L’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) 2020, publié le 16 novembre par la Fondation Mo Ibrahim qui axe ses activités sur le rôle essentiel du leadership politique et de la gouvernance publique sur le continent. Le recul en question résulte selon le rapport de la détérioration simultanée de trois des quatre catégories de l’IIAG : Participation, droits et inclusion ; Sécurité et état de droit et Développement humain.
La Fondation Mo Ibrahim créée en 2006, définit la gouvernance comme l’accès aux biens et services publics auxquels tout citoyen du monde contemporain peut légitimement prétendre, et que tout gouvernement est tenu de délivrer à ses concitoyens.Il convient de relever que l’état des lieux présenté par l’IIAG 2020 porte sur des données qui s’arrêtent en 2019. L’’IIAG 2020 fournit l’évaluation la plus exhaustive à ce jour de l’état et des tendances de la gouvernance des 54 États africains, à travers quatre grandes dimensions : Sécurité et état de droit; Participation, droits et inclusion; Fondements des opportunités économiques ; Développement humain. Il présente également une mouture rénovée de l’indice, au travers notamment de trois améliorations significatives : une extension du spectre de la gouvernance, incluant de nouveaux domaines comme l’environnement ou la gestion des inégalités ; des indicateurs renforcés grâce à l’amélioration de la disponibilité des données ; et une nouvelle section entièrement dédiée aux Voix des citoyens africains.
Concernant le recul inédit du niveau de gouvernance globale, révélé par le rapport ses auteurs précisent que «de 2015 à 2019, on constate un affaissement des progrès tant en matière de Développement humain que de Fondements des opportunités économiques, tandis que se poursuivent la détérioration des catégories Sécurité et état de droit, ainsi que Participation, droits et inclusion, et ce façon accélérée pour la dernière».
Mo Ibrahim, président de la Fondation Mo Ibrahim, a déclaré à propos : «L’Afrique est à l’épreuve. Les fragilités de gouvernance mises en exergue par l’IIAG 2020 sont exacerbées par la COVID-19, qui menace en outre les progrès réalisés dans les domaines économique et humain. L’insatisfaction et la méfiance des citoyens à l’égard de la gouvernance publique s’aggravent un peu partout. Les gouvernements peuvent saisir cette occasion unique de démontrer à la fois leur détermination à sauvegarder la démocratie et leur capacité à définir un nouveau modèle de croissance, plus résilient, plus équitable, plus durable, et plus autonome.»
Une évolution contrastée selon les dimensions de la gouvernance
Le Niger est classé 28ème pays africain en termes de «gouvernance globale» dans l’édition 2020 de l’IIAG. Le rapport relève qu’au cours de la dernière décennie, le pays a connu des améliorations dans la catégorie «développement humain» suivies dans une moindre mesure par la catégorie «fondements des opportunités économiques». Cependant, selon le rapport le Niger a aussi connu une détérioration de ses scores dans les catégories «participation, droits et inclusion» et «sécurité et état de droit.»
La situation décrite par le rapport 2020 contraste d’avec celle vécue sur la décennie écoulée, au cours de laquelle la gouvernance globale s’est légèrement améliorée. «En 2019, plus de six citoyens africains sur dix vivent dans un pays ou le niveau de Gouvernance globale est meilleur qu’en 2010», souligne-t-on à ce sujet.
Le rapport note que les progrès accomplis sur la dernière décennie sont essentiellement tirés par les bons résultats obtenus en matière de développement économique et humain. Les résultats encourageants obtenus dans les catégories Fondements des opportunités économiques (+4,1) et Développement humain (+3,0) proviennent principalement des progrès réalisés dans les sous-catégories Infrastructures et Santé, ainsi que, dans une moindre mesure, Environnement durable.
Ces tendances positives vont malheureusement de pair avec une insécurité croissante et la dégradation de la situation au niveau des droits ainsi que celle des espaces civique et démocratique. Les deux catégories Participation, droits et inclusion (-1,4) et Sécurité et état de droit (-0,7) enregistrent en effet un recul préoccupant sur l’ensemble de la décennie, fait remarquer le rapport.
Ainsi, dans vingt pays, représentant 41,9 % de la population africaine, l’amélioration sur la décennie des catégories Développement humain et Fondements des opportunités économiques s’accompagne en parallèle d’une détérioration des catégories Sécurité et état de droit et Participation, droits et inclusion. Selon l’étude, huit pays -Angola, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Madagascar, Seychelles, Soudan, Tchad et Togo – réussissent à progresser dans chacune des quatre catégories.
Les auteurs du rapport estiment que concernant la crise sanitaire de la Covid19, l’impact actuellement constaté risque d’aggraver les détériorations déjà à l’œuvre en matière de participation et de droits, mais aussi de remettre en cause les progrès enregistrés en termes de développement économique et humain.
L’étude relève par ailleurs une insatisfaction croissante des citoyens africains à l’égard de la gouvernance de leur pays, soulignant que les clés d’une bonne performance sont : une progression équilibrée entre les différentes catégories, et l’impact prioritaire des indicateurs relatifs à l’état de droit, la justice, l’inclusion et l’égalité.
Souley Moutari(onep)
(Source IIAG 2020)