La situation socio-politique que traverse le Niger depuis la prise de pouvoir par le Conseil National pour la Sauvegarde de la patrie a créé une mobilisation générale quotidienne pour défendre les intérêts nationaux du pays. Depuis la date du 3 septembre et la prise d’assaut du rondpoint escadrille par les forces vives pour obliger l’armée française à quitter le territoire nigérien, les artistes se sont lancés dans une véritable course contre la montre pour accompagner les actions de la résistance. Ils revisitent le répertoire national de la musique engagée et écrivent de nouvelles chansons en faveur de la libération totale du Niger des forces impérialistes et néocolonialistes.
En appui à la mobilisation des Forces de Défense et de Sécurité pour protéger le pays, les artistes musiciens résistent pacifiquement et aident à maintenir la mobilisation au rondpoint escadrille, surnommé aujourd’hui « Rondpoint de la Résistance ». Plus que jamais déterminés, ces acteurs culturels ont vite compris le sens de la mutualité et travaillent ensemble pour dénoncer les injustices que subit le Niger, et soutenir les militaires au pouvoir à travers la production musicale. Comme le disait la chanteuse internationale Maryna Voznyuk « la musique a deux rôles fondamentaux, elle nous oblige à regarder la vérité en face. Elle élève et guérit nos âmes ».
Selon l’artiste Oumarou Issoufou dit Phéno, cette souveraineté a toujours été convoitée par les Nigériens qui se réjouissent aujourd’hui d’avoir des dirigeants qui s’alignent sur leur combat de toujours. « En tant qu’artiste, je m’étais tout de suite intéressé parce que l’action me parlait et j’ai eu à faire les premières scènes, les premières animations. Aujourd’hui, beaucoup de musiciens ont eu à produire des chansons, soit en groupe, ou en solo, animer des soirées afin de soutenir la dynamique et les militaires au pouvoir », indique-t-il.
L’artiste qu’il est essaie de porter sa réflexion au-delà des préjugés de société et se ressource dans l’histoire du continent noir qui démontre que la majorité des combattants pour la liberté en Afrique étaient des artistes. « Avant, les artistes étaient toujours sur les premières lignes avec les rois, les grands guerriers. Aujourd’hui, dans cette période que nous pouvons appeler de moderne, nous contribuons beaucoup car ; il a fallu que les artistes s’intéressent à la chose pour que la communauté se rende compte de ce qui se passe », affirme cet acteur culturel majeur de la scène nigérienne. Beaucoup d’artistes, révèle–t-il, veulent faire plus que ce qu’ils font actuellement, malgré qu’ils soient confrontés à la dure réalité des choses. « Leur plus grande difficulté, ajoute-t-il, est liée au coût financier des déplacements et de la régie. Nous n’avons pas les mêmes forces et capacités à mener cette lutte » dit-il.
Dans la foule réunie pour acclamer les artistes, un jeune homme leur crie son soutien et son adhésion à l’idéologie de liberté qu’ils défendent. Comme lui, des dizaines de milliers de jeunes à travers le pays, clament sur les réseaux sociaux leur passion pour les concerts gratuits, en plein air, que les artistes musiciens organisent volontairement pour soutenir le Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie. Ils publient des vidéos dans lesquelles on les voit déambuler sur des mélodies de la musique moderne nigérienne et laisser éclater leur joie d’appartenir à la grande Nation de demain qu’est le Niger.
« Il est vrai que je suis là pour accompagner mes frères et sœur à résister et à défendre les couleurs de la patrie. Ce qui me motive le plus ce sont les prestations des artistes. C’est pour moi une opportunité à saisir. Quand les artistes organisent des concerts, d’habitude je n’arrive pas à participer. Mais cette fois-ci, c’est différent car, LABOU SANNI NO », avoue joyeusement un jeune homme non loin de la piste de danse. G-Five, un jeune mélomane et soutien de la première heure pour demander le départ des soldats français du Niger, fait ressortir le rôle de mobilisation que jouent la musique et les musiciens dans la lutte en cours. « Nous avons des artistes qui consacrent leurs carrières artistiques sur des musiques qui transmettent des messages de paix, de solidarité et de cohésion sociale. La musique est une forme de sensibilisation, surtout sur la question de la paix », mentionne-t-il.
Les prestations artistiques sont pour beaucoup, des pièces motrices du mouvement patriotique au Niger. Cependant, certaines voix demandent le respect des plannings établis pour éviter d’avoir des concerts et prêches religieux au même moment.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)