Le Médiateur de la République, M. Ali Sirfi Maïga, a présidé, le mardi 16 juillet dernier à l’auditorium Sani Bako de Niamey, la double cérémonie de remise des cahiers de charges du comité d’organisation des Etats Généraux de l’Administration et celui du premier rapport du Comité d’écoute des usagers de la Fonction Publique. Cette cérémonie s’est déroulée en présence de la Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative, Mme Kaffa Rakiatou Christelle Jackou, et de plusieurs invités.
Dans l’allocution qu’il a prononcée à cette occasion, le Médiateur de la République a tenu à remercier vivement les partenaires techniques et financiers qui n’ont jamais manqué d’occasion pour exprimer leur solidarité et leur disponibilité à accompagner notre pays dans toutes ses initiatives de développement. « Vous venez de me faire l’honneur en me remettant le premier rapport du comité d’écoute qui constitue un cadre révolutionnaire ayant permis de prévenir et de résoudre plusieurs litiges opposant l’administration à des usagers. En instituant la tenue tous les jeudis des séances d’écoutes des usagers, vous avez su donner à l’administration un visage humain. Disons-le, vous avez ré humanisé les relations administration et administré. Le citoyen ou l’administré dans toute sa vulnérabilité sait désormais qu’il peut être écouté et que les plaintes même si toutes ne sont pas satisfaites, toutes sont traitées. A ce sujet, des témoignages éloquents viennent de nous être livrés par quelques usagers » a dit Me Ali Sirfi Maïga à l’attention de la ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative.
Le Médiateur devait par la suite féliciter les membres du comité ad-hoc chargé de la préparation des Etats généraux de l’Administration publique. « Je tiens à vous féliciter ici pour la qualité du travail fait en si peu de temps. Les cahiers de charges que vous nous remettez aujourd’hui sont objectifs et complets. Ils tracent toutes les pistes techniques nécessaires à la bonne tenue du grand forum que nous attendons tous avec beaucoup d’espoir et qui, plaise à Dieu, se tiendra » a indiqué Me Ali Sirfi Maïga. Il a ajouté que l’état de notre administration est alarmant et préoccupe légitimement les plus hautes autorités à la tête desquelles le Président de la République, Chef de l’Etat, SE Issoufou Mahamadou, dont l’ambition a toujours été de créer une administration de développement accessible à tous les concitoyens. Pour y remédier, a souligné le Médiateur, le gouvernement a engagé depuis plusieurs années un processus de réforme et de modernisation de l’administration. Des résultats probants ont été obtenus, mais beaucoup restent à faire dans tous les domaines.
« Nous n’en voulons pour preuve que les multiples récriminations et les plaintes incessantes dont sont saisis les services du Médiateur de la République. Monsieur le Président du Comité ad’hoc, notre l’administration est traversée par des courants politiques tenaces et divergents, malgré l’obligation de réserve et de neutralité imposée aux fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions, ce qui a abouti à donner plus d’importance aux compétences politiques qu’aux qualifications techniques et managériales, avec tout le lot de vices qui ont pour noms incompétence, clientélisme, absentéisme, insubordination, corruption, concussion, trafic d’influence et tant d’autres travers, qui rendent l’accès aux services publics de plus en plus difficile. La situation est particulièrement grave dans la sphère de l’administration publique où de mauvais reflexes partisans ont provoqué une politisation profonde des services, mettant en péril le fondement même de nos institutions » a dit Me Ali Sirfi Maïga.
Le Médiateur de la République a ajouté que l’administration étant par essence et par vocation, le moyen d’action de l’Etat, c’est l’existence même de l’Etat que menacent les nombreux dysfonctionnements qui ont largement fait le lit de phénomènes dangereux, qui jurent avec la déontologie du fonctionnaire et les principes de l’administration publique. « Nous devons donc agir maintenant, en toute responsabilité et en symbiose, tant en considération de l’urgence qu’impose la situation, que parce que nous appartenons à un monde synchronisé qui bouge et attend toujours plus des Etats. Aux besoins classiques des usagers sont venues s’ajouter des préoccupations nouvelles, apparaissant continuellement et impliquant une diversification du champ d’action de l’administration. Dans le même temps, le service public est rendu dans un contexte de plus en plus difficile, marqué par une raréfaction accentuée des ressources, un rejet des lois et une désobéissance à l’ordre établi » a souligné le Médiateur de la République.
Pour Me Ali Sirfi Maïga, le principal défi est à présent d’insuffler à tous les niveaux un véritable changement de comportements dans la délivrance du service public et la conduite des politiques nationales, en conformité avec notre modèle d’administration, basé sur le mérite et la compétence. « C’est ce que vise l’idée des Etats généraux de l’administration publique, étape préalable de cette dynamique, dont l’objectif ultime est la définition des bases d’un nouveau pacte entre l’appareil administratif et la sphère politique, entre les services publics et les usagers » a conclu le Médiateur de la République.
Oumarou Moussa(onep)