ONU Femmes et le Conseil des chefs traditionnels d’Afrique (COTLA) ont organisé le 29 septembre dernier, le 2ème dialogue régional pour appuyer leur plaidoyer et leurs actions communes en vue de faire progresser l’égalité des sexes et mettre fin à la violence sexuelle et aux pratiques néfastes en Afrique. Après un dialogue très réussi sur le programme Spotlight en Afrique, les deux parties ont tenu cette 2ème conférence sur le changement des normes sociales avec pour thème «le rôle des chefs traditionnels, des organisations confessionnelles et des hommes dans la prévention de la violence domestique et de la violence conjugale». Le conférencier principal est le Révérend Bafana Khumalo, Sonke Gender Justice.
À travers ces dialogues, les organisateurs veulent offrir une plate-forme aux dirigeants traditionnels et confessionnels, aux Organisations de la Société Civile et à d’autres experts pour évaluer les actions et recommander de nouvelles stratégies pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux pratiques néfastes en Afrique. Ils ont examiné les dispositions législatives et politiques nécessaires pour renforcer la législation et sa mise en œuvre efficace pour mettre fin à l’impunité autour des violences à l’égard des femmes et prévenir le mariage des enfants, les mutilations génitales féminines (MGF) et les grossesses chez les adolescentes et aussi renforcer la synergie et développer le réseau de défenseurs de l’égalité des sexes en Afrique.
Au cours de cette rencontre virtuelle qui a duré plus d’une heure, les chefs traditionnels de plusieurs pays africains ont intervenu pour passer des messages forts d’engagement. Ils se proposent de plaider pour mettre fin au mariage des enfants, aux MGF et aux pratiques néfastes en Afrique. Ils ont aussi montré l’important rôle qu’ils jouent dans la prévention de la violence domestique et de la violence dans les relations conjugales.
Les leaders religieux et coutumiers des pays comme la République Démocratique du Congo, le Liberia, le Zimbabwe, l’Ouganda ont, à travers leurs déclarations, salué la mise en place de ce genre de tribunes pour parler des problèmes de l’Afrique et des mesures à prendre pour les solutionner. Ils ont tour à tour condamné ces pratiques discriminatoires que vivent certaines femmes au sein de nos sociétés surtout sous l’ère de la pandémie de la COVID-19. «Les femmes et les jeunes filles connaissent plusieurs formes de violence domestique, de violence exercée par un partenaire intime, de maltraitance des enfants, de rapports sexuels forcés, de mariages d’enfants et d’autres formes de violence sexuelle et sexiste», ont-ils fait savoir.
Ce webinaire riche d’enseignements a été l’occasion pour les leaders coutumiers et religieux de ces différents pays de partager leurs expériences. Ils ont mis en évidence des cas concrets qui montrent ‘’comment dans nos sociétés, les hommes cherchent par tous les moyens à ravir la vedette aux femmes et comment inverser cette tendance’’. Les participants ont également souligné dans leurs interventions la nécessité de prendre en compte l’aspect genre dans tous les projets et programmes de développement. Ils ont estimé qu’il est temps d’agir, de changer les idées dominantes de la masculinité et d’associer les femmes dans les prises des décisions.
Le leader traditionnel Madzimawe Chinozi-Jere Ngoni Chiefdon dans l’une des provinces de la Zambie précisément au nord explique que la culture du silence est aussi développée pour faire taire les femmes. «Nous avons plus de 50 villages dans la province avec 39 chefs de villages, nous avions eu à travailler sur la marginalisation de la femme au sein de ces communautés. Nous avons essayé d’adopter des statuts pour protéger nos enfants contre les hommes qui les violentent. Dans la plupart de nos communautés que nous avions visitées, les gens pensent que les femmes ne doivent pas avoir le droit de dénoncer, elles doivent plutôt garder le silence. C’est difficile, mais avec la volonté on parviendra à changer les choses, à changer les mentalités. Aussi, nos chefferies ont connu des situations ou les filles ont quitté l’école pour des problèmes d’abus sexuel, pour des raisons de pauvreté. Il faut prendre des mesures pour mettre fin à ces abus sexuels commis par les hommes», a-t-il insisté avant d’assurer de sa bonne volonté à barrer la route à toute forme de violences sexuelles basées sur le genre et l’inégalité des sexes.
Le Chef Zanjja du Liberia a pour sa part fait découvrir les problèmes réels que vivent les membres de sa communauté par rapport aux abus et autres violences. Il les a définis après avoir identifié les différentes approches stratégiques. «Nous organisons régulièrement des réunions, des séances de sensibilisation pour freiner l’ampleur des dégâts. Et à chaque fois nous intervenons s’il y’a des cas de mariages précoces pour des règlements à l’amiable. Avec la collaboration des partenaires nous avions eu à signer il y’a un (1) an déjà un document pour que personne ne soit auteur ou complice des pratiques néfastes. Toujours pour mettre fin à certaines pratiques néfastes, nous avions installé de centres de prise en charge des cas précis. Ici, au Liberia, les lignes commencent à bouger », a laissé entendre le Chef Zanjja.
A la fin des travaux, les participants ont fait des remarques, des suggestions et ont surtout proposé des voies et des stratégies en vue de mener des actions de sensibilisation sur la prévention des violences sexuelles basées sur le Genre.
Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)