
La Commune Rurale de Simiri a reçu du 28 au 29 septembre 2021 une mission de presse organisée par trois agences des Nations Unies, à savoir l’UNICEF, le PAM et la FAO. L’objectif général de la mission est de visiter les réalisations faites par ces agences, mais aussi d’échanger avec les communautés, les populations bénéficiaires, les autorités coutumières et les responsables des services publics sur certains appuis desdites agences. Cette mission a permis aux journalistes d’avoir des échanges sur l’impact des actions résultant de cette synergie d’action. Il s’agit des populations de 5 villages à savoir Gormeymalokoira, Simiri, Goutoumbou Koira Tegui, Kalley Tombo Guesse, Gao Banda, sur les 86 villages où interviennent ces agences dans la Commune Rurale de Simiri.
Cette expérience entre les trois agences des Nations Unies s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet conjoint sur le «Renforcement de la résilience des communautés de la région de Tillabéri affectées par des crises». Ces interventions concernent spécifiquement quatre (4) volets. Le 1er volet concerne le renforcement de la production agro-pastorale et des moyens de subsistance. Cette synergie a été rendue possible grâce aux actions de réhabilitation des terres, de formation et renforcement des capacités, de distribution des semences pluviales, la communication pour le développement (C4D), l’assistance soudure, etc. Le deuxième volet porte sur le renforcement de la santé et nutrition. Il s’agit à ce niveau des actions en synergie d’interventions sensibles et spécifiques à la nutrition, la santé, WASH, l’eau potable et disponibilité de la nourriture diversifiée et nutritive, la promotion des PFE, etc.

Le troisième volet est relatif à l’autonomisation des femmes et des jeunes, à travers des actions par des synergies en AGRs, renforcement des moyens de subsistance et revenus, la production, le renforcement des capacités, l’amélioration du statut socio-économique, la réduction de la migration, etc. Enfin le quatrième volet porte sur le renforcement de l’éducation avec comme synergies : les cantines scolaires, bourses et kits scolaires, le WASH dans l’école, les jardins scolaires et d’autres interventions multi-sectorielles complémentaires au niveau de l’école, en mettant en évidence l’effet sur la scolarisation et la qualité de l’éducation des enfants, avec un focus sur la jeune fille et l’adolescente. Toutes ces interventions ont permis d’impacter positivement et apporter des changements dans la vie des populations bénéficiaires.
Dans le cadre de la poursuite des objectifs communs de renforcement de la résilience, les trois agences se sont appuyées sur les avantages comparatifs de chacune d’elles. Autrement dit, sur les sites où le PAM conduira des activités de réhabilitation des terres à travers les activités de création d’actifs, la FAO accompagnera ces activités en fournissant des intrants de bonne qualité ainsi qu’un avis technique pour assurer la production agricole et pastorale tandis l’UNICEF accompagne ce mouvement dans la dynamisation de l’engagement communautaire et l’adoption de bonnes pratiques, y compris la prévention nutritionnelle et la communication pour le développement (C4D).
Les activités réalisées par les trois agences
Sous l’égide de l’UNICEF, d’importantes activités ont été réalisées dans le cadre de ce projet. Il s’agit entre autres, de la mise en œuvre des activités du paquet préventif et promotionnel ICCM. En effet, dans le cadre de ce projet et en ligne avec l’objectif du projet «Renforcement des compétences des bénéficiaires pour une adoption des pratiques-familiales essentielles dans les ménages», l’UNICEF a conduit avec ses partenaires des activités de communication visant le changement de comportements conformément à la stratégie de prise en charge intégrée des maladies de l’enfance au niveau communautaire. Cette stratégie a mis l’accent sur l’amélioration des capacités des familles et des communautés et de leur adoption des pratiques familiales essentielles à la prévention des maladies ainsi qu’à la prise en charge communautaire des enfants malades.
Ainsi, le projet a permis le renforcement des capacités des agents de santé et des animateurs des radios communautaires de la zone d’intervention. En ce qui concerne les agents de santé, il s’agit de 8 chefs de CSI et un de 5 responsables de cases de santé qui ont été formés pour encadrer et superviser les 190 relais communautaires qui mettent en œuvre les paquets préventifs et promotionnels dans les 86 villages et tribus concernés. La promotion des pratiques familiales essentielles a été effectuée par le biais de la communication interpersonnelle à travers les causeries éducatives dans les villages, les visites à domicile et les séances de counseling dans les centres de santé et aussi au niveau des ménages, via les relais communautaires ; la production et diffusion de messages éducatifs à travers les radios communautaires et l’organisation de débat interactif sur des thématiques de la résilience, en collaboration avec les 50 clubs d’écoute.
Enfin, l’UNICEF a mis en œuvre des activités de dépistage de la malnutrition à travers la stratégie PB Mère dans les villages non couverts par le PAM. Il s’agit du suivi que les relais Communautaires font sur les femmes en âge de procréer formées à l’utilisation du MUAC. Par ailleurs l’UNICEF apporte un appui au niveau des écoles où le PAM a mis en place les cantines scolaires et les jardins scolaires, un complément aux kits déjà mis en place au niveau des écoles (semences, matériels aratoires… etc.) et un renforcement des capacités des enseignants et des élèves en maraichage et nutrition. Afin de compléter le paquet minimum nutrition, des kits chèvres et volaille ont été remis au niveau des ménages qui réalisent les jardins de case. Par la suite, une rétrocession est assurée.
Les activités réalisées sous l’égide de la FAO
En matière de nutrition, la FAO s’est appuyée sur les FARN mises en place par le PAM et les Clubs d’écoute mis en place par l’UNICEF pour le développement des jardins de case moins coûteux, afin de promouvoir la consommation des aliments riches en micronutriments. Au niveau de chaque groupe communautaire, les leaders sont identifiés ainsi que les mamans lumières, pour le développement des jardins de case. Lors des séances de sensibilisation et de démonstration culinaire par les FARN et les Clubs d’écoute, il est expliqué aux communautés l’importance de l’apport des ingrédients pour la cuisine. Ce qui motive les autres mères à bien prendre soin de leurs enfants afin de devenir aussi des mères lumières dans le village.
Pour renforcer la résilience des ménages vulnérables face aux effets des sécheresses, de la pandémie du COVID 19 et des crises sécuritaires dans la zone du projet, la FAO a appuyé les populations en semences maraîchères et pluviales. Une mini adduction d’eau potable a été réalisée pour rendre le comptoir maraicher de Simiri fonctionnel et contribuer à l’écoulement des produits maraichers. Aussi, pour rendre durable l’activité agricole, le projet a appuyé les producteurs par la construction de boutique de semences et de céréales en travaux neufs et en réhabilitation. Ces boutiques reçoivent le recouvrement en nature des quantités des semences reçues, l’hivernage écoulé pour permettre un revolving des semences initiales. Un périmètre maraicher a été réalisé au pied du forage et des formations sont organisées au profit des comités de gestion des Mini AEP, des boutiques d’intrants et du périmètre irrigué. Enfin, le projet a envisagé la distribution de kits caprins et volailles pour amorcer le relèvement des couches vulnérables.
Les activités réalisées sous l’égide du PAM
Il y’a la planification conjointe basée sur une approche à trois niveaux (3PA), en mettant fortement l’accent sur le dialogue, la planification et la mise en œuvre participative. La planification et la programmation des activités sont basées sur la mise en œuvre des paquets d’interventions intégrées à travers une coordination renforcée et des interventions harmonisées sur trois ans. Ainsi, on note la réhabilitation et l’amélioration de la productivité agro-sylvo-pastorale, à travers la réhabilitation des terres dégradées et la restauration du potentiel agro-sylvo-pastoral à travers l’assistance alimentaire pour la création d’actifs (FFA). Il s’agit de demi-lunes et de banquettes ; la formation technique sur les activités de création d’actifs (FFA) ; le développement des productivités des terres réhabilitées (ensemencement d’herbes sur les zones pastorales ; la fourniture de semences pour les terres agricoles réhabilitées ; la plantation d’arbres) ; les supports techniques agricoles et pastoraux ; l’assistance technique et conseil ; l’assistance alimentaire en période de soudure, à travers une assistance inconditionnelle (argent/nourriture) couplée avec les produits nutritionnels spécialisés pour les enfants (BSF) ; la distribution de semences (légumes et autres cultures irriguées) ; l’achat de produits agricoles auprès des petits exploitants agricoles pour l’assistance alimentaire, notamment les cantines scolaires ; le renforcement des capacités des petits exploitants (accès au marché, recettes, etc.) ; l’appui à la production des produits nutritifs locaux (moringa, etc.) et l’appui à la commercialisation des produits irrigués au comptoir de commercialisation des produits agricoles (point d’eau).
Sur le volet éducatif, le PAM a apporté un soutien en termes des repas scolaires dans les écoles primaires en utilisant des aliments achetés localement. Il y a eu aussi la réalisation des activités complémentaires ; l’installation des moulins à grains autour des écoles pour les repas scolaires et la consommation domestique, la création des jardins scolaires, la mise à disposition des troupeaux scolaires ; l’appui à la scolarisation des filles ; l’appui dans l’élaboration de panier nutritionnel pour les enfants ; l’octroi des bourses scolaires aux filles, adolescentes et la supplémentation en fer et acide folique ; l’amélioration de l’accès à une éducation de qualité, en particulier des filles, en apportant un soutien au programme du gouvernement et l’appui conseil dans le domaine WASH.
En termes de renforcement des capacités du gouvernement, des structures décentralisées et des communautés pour un meilleur transfert de compétences, le PAM a contribué à l’appropriation par tous les acteurs, notamment les services techniques déconcentrés et entités. Ce renforcement de capacités est fait de façon conjointe et en synergie entre les trois agences en vue de contribuer à la durabilité des acquis du projet, à travers la mise en place d’une stratégie de sortie dès le début. Ce qui a permis d’accompagner le gouvernement et les populations afin d’éviter que les bénéficiaires assistés retombent dans l’extrême pauvreté. Les capacités des autorités au niveau national et décentralisé et les ONGs sont également renforcées en leur confiant des rôles clés de la planification à la mise en œuvre et de suivi.
Les populations et les autorités coutumières se réjouissent de cette expérience
La synergie d’actions entre les trois agences onusiennes (UNICEF, PAM et FAO) à travers le projet «Renforcement de la résilience des communautés de la région de Tillabéry affectées par des crises», a eu des impacts positifs sur plusieurs aspects de la vie des populations. Il s’agit notamment de la lutte contre la malnutrition, l’appui à la scolarisation des enfants en particulier les filles, le renforcement de la production agropastorale et du stock alimentaire. Ces interventions ont permis aussi et surtout de renforcer la cohésion sociale et le climat d’apaisement entre les communautés des différents villages.
«Nous remercions beaucoup FAO qui a amené des vivres. La FAO nous a aussi formées sur la préparation des aliments riches pour lutter contre la malnutrition. Nous connaissons aujourd’hui la nourriture qui donne la force aux enfants et celle qui est riche en vitamine. Nous la remercions vraiment parce que nous n’avons jamais bénéficié des tels appuis avant. L’UNICEF nous a apporté des appuis en fournitures scolaires et bien d’autres. Depuis près de trois ans aujourd’hui, personne ne paie les fournitures scolaires alors qu’avant, ces fournitures sont souvent à la base des exclusions ou d’abandons parce que nous n’avons pas les moyens de les acheter pour nos enfants. Nous remercions ce partenaire qui a contribué au maintien de nos enfants dans le système scolaire. Du PAM nous avons bénéficié des vivre dans le cadre du travail de récupération et de réhabilitation des terres dégradées. Le PAM est aussi à remercier pour cet appui», a déclaré Mme Gadjé Zada de Simiri, qui a aussi remercié l’ONG Karkara pour son accompagnement sur le terrain.
Sur le site de Simiri, ce sont environ 71 personnes dont 37 femmes qui ont bénéficié des retombées des travaux de récupération et réhabilitation des terres. Parmi ces bénéficiaires on note également 5 personnes invalides. La superficie récupérée ou réhabilitée est estimée à 4 ha, a souligné M. Djibo Hassan Président du site. Il a souligné aussi que le champ communautaire quant à lui est estimé à 9,68 ha à Simiri.
Les radios communautaires ne sont pas en reste dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet. Ainsi, la radio Yilwa de Simiri a bénéficié des appuis de ce projet à travers une convention qui la lie aux partenaires. Selon le Directeur de Programmation de cette Radio, M. Boubacar Mali Niandou, la radio communautaire assure le relais en termes de sensibilisation des populations sur toutes les thématiques sur lesquelles ces agences interviennent dans la Commune Rurale de Simiri. La Radio assure le suivi des 100 clubs féminins d’écoute sur les questions de la santé, de l’hygiène, de l’assainissement, etc. «C’est vraiment un partenariat gagnant et bénéfique pour notre radio», a souligné M. Boubacar.
Ainsi, de Simiri à Gormeymalokoira, en passant par Goutoumbou Koira Tegui, Kalley Tombo Guesse et Gao Banda, l’on a enregistré un témoignage fort à l’endroit de ces agences pour avoir contribué à l’amélioration de la résilience des populations, notamment par rapport à la scolarisation des enfants et la prise en charge de la malnutrition. L’on note également une forte mobilisation des femmes qui participent au même titre que les hommes à la mise en œuvre de toutes les activités du projet.
Sur le terrain les animateurs et responsables des sites ont salué cet exemple et cette bonne pratique de trois agences. «Grâce à ce projet et à la complémentarité des actions de ces agences, aujourd’hui les communautés vivent en symbiose. Auparavant, il y’ avait des personnes du même village et des populations des villages voisins qui ne se connaissent pas. Mais grâce à ces agences les liens se sont aujourd’hui créés. Ce qui est une bonne chose que les populations se connaissent et renforcent leur lien de fraternité pour une cohésion sociale durable, surtout dans le contexte d’insécurité que connaît la région», a estimé Younoussa Abdou, encadreur.
Ali Maman, Envoyé spécial(onep)