Le Premier ministre, Chef du gouvernement, M. Ouhoumoudou Mahamadou, a dirigé hier après-midi, un séminaire gouvernemental sur les finances islamiques et le WAQF au Niger. Organisé par la Haute Autorité du Waqf, ce séminaire a regroupé les membres du gouvernement et les agents de cette structure. L’objectif de ce séminaire est d’améliorer la compréhension générale des membres du gouvernement sur le concept du Waqf et de son utilité comme instrument stratégique pour l’atteinte des objectifs de développement socio-économique du Niger. Le thème du séminaire est « Le Waqf, instrument de la finance sociale islamique au service du développement économique et social du Niger ». La rencontre qui a eu lieu dans la salle des Conseils de la Primature, a permis aux participants de comprendre les tenants et aboutissants du Waqf, avec les exposés des responsables de la Haute Autorité du WAQF et les contours de cet outil des finances islamiques.
Dans son allocution d’ouverture, le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou a d’abord rappelé les efforts consentis par le gouvernement dans le développement du Waqf au Niger et a invité les membres de gouvernement, de saisir l’occasion pour bien comprendre les enjeux de cet important outil de lutte contre la pauvreté et l’inégalité sociale et de s’approprier le concept, afin de proposer, chacun en ce qui concerne, des projets qui cadrent avec son département ministériel. Il s’agissait aussi d’être le porte-parole de cette initiative en faisant des plaidoyers, pour une meilleure compréhension et appropriation du Waqf par les Nigériens.
Intervenant à son tour, sur la finance sociale Islamique, Dr. Hamid Algabid, Président du Conseil d’Orientation et de Contrôle de la Haute Autorité du Waqf, ancien premier ministre de la République du Niger et ancien Secrétaire Général de l’OCI, a souligné que la finance sociale islamique est un instrument de la solidarité islamique qui comprend entre autre le Waqf et la Zakat. Selon lui, si la Zakkat est bien connue de la population nigérienne, le Waqf quant à lui, apparaît comme un concept nouveau alors qu’il a toujours existé et pratique par nos compatriotes. « Il convient donc de se le réapproprier et de le développer », a estimé Dr. Algabid.
Dans son exposé, la Directrice générale de la Haute Autorité du Waqf, Mme Khadidjah Diallo a expliqué que le waqf, un outil efficace de la finance sociale islamique pour la lutte contre la pauvreté. « Le Waqf dans le droit Islamique c’est un bien dont la jouissance est mise à la disposition soit d’un bénéficiaire public en ce qui concerne le Waqf public, soit d’un bénéficiaire privé. Traditionnellement, c’est quelqu’un qui met à disposition un bien dont il permet la jouissance aux membres de sa famille, on appelle cela le Waqf de famille. Il peut aussi décider que la jouissance peut revenir aux bénéficiaires publics et aux bénéficiaires privés, ce qu’on appelle Waqf mixte. Il peut aussi décider que le Waqf va bénéficier à la protection de l’environnement par exemple ou tout autre objet licite », a-t-elle expliqué. Mme Diallo a ajouté que les missions de la Haute Autorité de Waqf se résument en gros à trois ou quatre points. Le premier c’est la gestion de tout projet de Waqf public. Le deuxième, c’est la supervision et le contrôle des autres types de Waqf. Le troisième, c’est la mobilisation des ressources pour le financement des Waqf public. Et enfin, le quatrième c’est la promotion et la vulgarisation ou la démocratisation du concept de Waqf au Niger qui existait déjà parce que le Niger est un pays de tradition musulmane. J’aurais appris que par exemple dans l’Aïr on l’appelle le ‘‘Habouss’’. « C’est à nous de trouver les investissements Waqf les plus profitables qui vont servir les objectifs de développement durable du Niger dans les secteurs sociaux», a indiqué Mme Khadijah Diallo. « L’appel que j’aurai à lancer aux autorités c’est de nous soutenir davantage et de s’approprier davantage de l’outil du Waqf et de développer de façon générale la finance sociale islamique parce qu’elle sied comme réponse aux défis de lutte contre la pauvreté dans notre pays. Si on décide d’être aujourd’hui le centre d’excellence de la finance sociale islamique en Afrique de l’ouest on a tout ce qu’il faut. On a une population 99% musulmane qui demande cette offre de produits financiers conformes à ses valeurs morales et spirituelles, on a une université islamique qui forme des cadres compétents dans le domaine de la finance islamique et des banques commerciales islamiques sur place. On a aussi des partenaires techniques et financiers qui nous font confiance comme la BID et sont prêtes à accompagner nos efforts dans ce sens. À la population de s’approprier de l’outil du Waqf et de comprendre que toute personne peut contribuer à faire un Waqf », a lancé Mme Diallo.
Par la suite, M. Issaka Nouhou Mounkaïa, Directeur de la Conformité et des Affaires Juridiques a présenté un exposé sur le cadre juridique et institutionnel mis en place par le Niger pour une bonne mise en œuvre du Waqf. Ainsi, le Waqf se présente comme un instrument de la finance sociale islamique qui permet d’organiser la solidarité et de mobiliser les ressources publiques et privées afin de lutter contre les inégalités sociales et intervenir dans les secteurs sociaux de base comme l’éducation, la santé, l’agriculture. Depuis sa création, la Haute Autorité du WAQF travaille à faire du Waqf l’outil principal de promotion de l’inclusion socioéconomique des couches vulnérables au Niger et du financement des secteurs sociaux. Ce séminaire gouvernemental, marque le début d’une série de séminaires, organisés en collaboration avec l’accompagnement technique de la Banque Islamique de Développement (BID) à l’endroit des décideurs et des différents intervenants dans la chaîne de développement du secteur du Waqf au Niger. C’est ainsi qu’il est prévu l’organisation de séminaires similaires pour les membres de l’Assemblée Nationale, les notaires, le secteur privé nigérien et les acteurs de la société civile.
Mahamadou Diallo(onep)