Le service de livraison à domicile ou au bureau prend de plus en plus de l’ampleur à Niamey. Exercé par des jeunes, cette activité leur permet non seulement de joindre les deux bouts, mais également d’alléger la souffrance et le calvaire de la population. L’activité offre des opportunités d’emplois à de nombreux jeunes diplômés en chômage ou étudiants.
Du fait de la forte sollicitation de leurs prestations, les services de livraison voient le jour avec des propositions les unes plus innovantes que les autres. C’est le cas des services de livraison comme ‘’Fabayga multi service’’ et ‘’Light service’’.
Créée en 2018, l’entreprise ‘’Fabayga multi service’’ est l’initiative d’un jeune désœuvré, titulaire d’une licence professionnelle en sécurité réseau-informatique, M. Youssoupha Adamou Abdou. Ce dernier fait partie des premiers prestataires à s’investir dans le domaine. « A l’époque il n’y avait pratiquement pas de service de livraison. J’avais commencé moi-même cette activité en tant que livreur. Je n’avais aucun employé sous ma coupe. Mais, grâce à Dieu j’ai aujourd’hui 4 livreurs à ma disposition. Nous faisons la livraison à domicile, les courses administratives, le service coursier, le dépôt ou le retrait des colis dans les agences de transport. Ma chance c’est que j’ai une clientèle qui m’a fait totalement confiance. Dès le début, j’ai mis beaucoup de sérieux dans ce que je fais parce que j’avais une grande vision pour mon entreprise », a-t-il expliqué.
Les prix des prestations de Fabayga Service varient selon les quartiers, notamment la distance. « Dans le centre-ville c’est à 1000 FCFA, et à 1500 FCFA dans les quartiers périphériques. Nous avons des clients qui sont abonnés chez nous. Il y a ceux à qui nous livrons des repas à midi », a précisé le promoteur avant d’ajouter que son entreprise a également des partenaires à qui elle fait de la distribution de courrier administratif dans les services. D’après M. Youssoupha Adamou Abdou, un livreur peut par jour faire 7 à 12 courses.
Malgré la prolifération des services de livraison à domicile dans la capitale Niamey, le promoteur de Fabayga multi service trouve toujours du profit dans son affaire. « Malgré la concurrence j’ai toujours ma clientèle, et cela en raison du professionnalisme, de la qualité du service et de la discrétion que nous leur apportons. Parce qu’il faut le souligner un service de livraison c’est aussi la discrétion », se réjouit-t-il.
Cependant, le promoteur de Fabayga service a relevé quelques difficultés auxquelles il espère des solutions de la part des autorités compétentes. « La plus grande difficulté dans ce métier c’est que nous faisons face aux problèmes de ceux qui exercent cette activité dans l’informel. C’est des livreurs ambulants qui ne sont pas dans des services. Ils font de la livraison dans l’informel. Ils ne payent ni l’impôt, ni la facture encore moins le loyer. Alors que nous, nous avons des charges sur nous », s’est-il lamenté.
Youssoupha Adamou Abdou n’est pas le seul jeune à avoir investi dans ce domaine, M. Zabeirou Kamaye Abdoul Kader est également promoteur d’un service de livraison dénommé ‘’Light Service’’. L’idée de création du service lui est venue après plusieurs constats. « Niamey grandit à un rythme exponentiel. Du coup le déplacement cause problème pour nos petites courses. Le système de vente en ligne prend de plus de plus de l’ampleur, forcement il faut un système pour livrer les colis aux clients. Vu le nombre sans cesse croissant des nouveaux diplômés, l’Etat ne pourra pas satisfaire tout le monde en matière d’emploi. Donc il faut que des jeunes se lèvent et entreprennent pour combler le manque », a expliqué M. Zabeirou Kamaye Abdoul Kader.
A ses débuts, tout comme Youssoupha, M. Zabeirou Kamaye Abdoul Kader gérait lui-même les livraisons. « J’ai commencé sans livreur. Je gérais moi-même les livraisons et j’ai évolué graduellement avec 4 livreurs », a-t-il dit. Par ailleurs, a confié le promoteur de Light service, ces derniers temps, ses activités sont au ralenti en raison de la situation du pays. « Nous travaillons aujourd’hui avec 2 livreurs », a-t-il déploré.
La création de ces services a permis à plusieurs jeunes désœuvrés de trouver une occupation génératrice de revenus.
Fayçal Bala Arbi est un livreur. Il exerce l’activité depuis 2019. « Je me suis lancé dans cette activité parce que c’est plus important que de rester à ne rien faire. C’est un bon métier pour moi surtout si vous vous entendez avec les clients. Aujourd’hui c’est le travail qui détermine l’homme. Tu n’es rien si tu n’as rien. J’en suis fier du moment où je ne tends la main à personne », a-t-il dit avec fierté. Par jour Fayçal arrive à faire 12 à 15 courses pour un revenu assez considérable.
Ismaël Moussa est aussi un jeune livreur qui a commencé le métier en 2021. Selon lui, cette activité lui est très bénéfique car il arrive à satisfaire ses besoins.
Les clients sont également satisfaits des prestations fournies par les livreurs, comme en témoigne Mme Hélène. « L’avènement des services de livraison à domicile est une bonne initiative, un grand soulagement surtout pour les gens qui habitent dans les quartiers lointains. Ça évite le déplacement et le calvaire de la circulation. Souvent les frais de taxi que la personne va dépenser pour aller récupérer son colis va certainement dépasser les frais de livraison. Personnellement je l’apprécie et j’ai toujours eu recours à ces services-là », confie-t-elle.
« Gagner de l’argent n’oblige personne à salir son honneur ou sa conscience », soutient Guy de Rothschild. C’est pourquoi, dit-on, ‘’il n’y a pas de sot métier’’. Quel que soit le travail, l’essentiel c’est de le faire avec courage, détermination et aussi avoir confiance en soi-même afin de gagner dignement son dû avec fierté et honneur. Ces jeunes l’ont compris.
Farida Ibrahim Assoumane (ONEP)