
Devenue aujourd’hui un véritable moyen de transmission de l’information, de sensibilisation et d’émanation des populations rurales, la radio communautaire est un outil de communication de proximité. Ce média permet non seulement la diffusion des informations mais aussi, la sensibilisation et la transmission d’informations relatives au développement de la communauté. Au Niger, près de 80 % de la population vit en milieu rural avec 68,9 % de la population adolescente et adulte analphabète. D’où, la nécessité de créer et d’animer des radios communautaires en langues nationales afin de garantir la transmission de l’information à toutes les couches de la population pour faire face aux défis de la société.
Au vu de son importance cruciale au sein des communautés rurales, plusieurs stations ont été installées sur l’étendue du territoire national. En effet, selon la Directrice nationale des radios communautaires, Mme Falmata Mamadou Maina, une radio communautaire est gérée par la communauté et pour la communauté. Les principales missions d’une radio sont entre autres le contact direct avec l’auditeur et ses préoccupations. Elle s’intéresse dit-elle à la vie de la communauté, permet la participation active de chaque membre et est physiquement accessible à une grande partie des couches de la communauté.
Au Niger, il existe au total 206 radios communautaires avec environ 156 radios fonctionnelles. Ces chiffres se justifient selon la directrice par le manque de financement à long terme et l’insuffisance de soutien. En effet, pour soutenir ces radios, certaines associations qui réalisent des activités dont la mobilisation de l’épargne, la gestion des crédits, l’exploitation du warrantage, la gestion des boutiques d’intrants, la location du matériel agricole, l’exploitation des champs collectifs et des sites maraichers, la mise en place et la gestion des banques céréalières, la gestion des systèmes solaires, etc. « D’autres radios communautaires signent des contrats avec des projets et c’est ce qui leur garantit des revenus substantiels plus ou moins stables », explique-t-elle.
D’après Mme Falmata Mamadou Maina, il existe un partenariat entre ces radios et le Ministère de la Communication, des Postes et de l’Économie Numérique. Au-delà de leur participation pour le développement de la communauté, en mars 2002, il a été créé la Direction Nationale des Médias Communautaires (arrêté n° 004/MC/SG/DL du 30 janvier 2017). Cette direction a pour missions de promouvoir le développement des médias communautaires, d’initier et de participer à toute étude relative à ces dernières avec les services concernés et de veiller à l’installation des radios communautaires sur l’étendue du territoire national. Par ailleurs, elle doit assurer en coordination avec les structures concernées, la préparation et la négociation des conventions et accords bilatéraux, régionaux et internationaux en matière de médias communautaires ainsi que de leur mise en œuvre, de veiller au respect de l’équilibre régional dans l’installation des radios, de participer au suivi et à l’évaluation des médias et, de faire un plaidoyer en faveur des médias communautaires auprès des collectivités et des partenaires au développement.
Toutefois, ces radios font face des difficultés. D’après la directrice les activités des radios et leur fonctionnement ne sont pas régulièrement suivis du fait de l’insuffisance voire l’absence des services déconcentrés du Ministère en charge de la Communication. L’absence des PTF pour mieux promouvoir les radios, l’insuffisance de matériels, de dépannage et le renforcement des capacités, l’insuffisance de personnel qualifié car ceux présents dans les radios sont des bénévoles peu qualifiés et très instables mettant à rude épreuve la diffusion et la réalisation de programmes.
Afin d’y remédier, Mme Falmata Mamadou Maina a lancé un appel au gouvernement, au Ministère en charge de la Communication et aux collectivités territoriales afin que mettre en place et financer un programme de développement des radios qui se base sur la consolidation de l’existant à travers la réhabilitation des radios en panne. Le Ministère doit appuyer le fonctionnement des radios communautaires en leur octroyant une subvention de fonctionnement, faire des plaidoyers, rechercher des PTF pour la promotion, l’appui financier, le renforcement des capacités, la construction, la réhabilitation, le renforcement des moyens d’intervention, mettre en place des directions régionales et départementales. Les collectivités territoriales doivent inscrire dans les Plans de Développement Régionaux (PDR) et les Plans de Développement Communaux (PDC), des rubriques ‘’Appui aux radios communautaires’’ afin de permettre aux radios de promouvoir les actions de développement.
« Les radios contribuent à l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base. J’espère que tous ces appels lancés en différents endroits seront pris en compte afin d’apporter les solutions aux insuffisances soulignées qui entravent le développement des radios communautaires », a-t-elle déplorée.
Pour rappel, les radios communautaires ont vu le jour grâce à une association de plusieurs personnes régies par l’ordonnance n°84-6 du 1er mars 1984. C’est à la faveur de l’adoption de l’ordonnance n°93-031 du 30 mars 1993 consacrant la libéralisation de la communication audiovisuelle que de nombreuses radios et télévisions privées et associatives ont vu le jour. C’est le cas des radios communautaires dont la première est la radio rurale de Keita, mise en place en 1998 par le Programme de Développement Rural Ader-Doutchi-Maggia (PDR-ADM), appelé communément Projet Keita. Elle a été suivie par l’installation en 1999 à Bankilaré 1 de la radio « Gomni » qui est l’aînée des radios communautaires de la nouvelle génération selon le répertoire du Conseil Supérieur de la Communication.
Massaouda Abdou Ibrahim (ONEP)