«Excellence Monsieur Roch Marc Christian KABORE, Président du Faso,
Excellence Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Monsieur le Premier Ministre du Faso,
Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine
Mesdames et Messieurs les Chefs des Institutions du Burkina Faso,
Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO,
Monsieur le Président du Conseil des Ministres,
Monsieur le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel,
Monsieur le Haut Représentant de l’Union Européenne pour le Sahel,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Organisations Internationales et Régionales,
Mesdames, Messieurs,
La liste des victimes civiles et militaires du terrorisme et du crime organisé dans notre région continue hélas de s’allonger. Les attaques récentes perpétrées au Burkina le prouvent. Je voudrais vous demander d’observer une minute de silence en leur mémoire.
Je vous remercie.
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de remercier Son Excellence Roch Marc Christian KABORE, Président du Faso, le gouvernement et le peuple Burkinabè pour l’accueil chaleureux et fraternel ainsi que pour toutes les facilités mises à la disposition de toutes les délégations, présentes à Ouagadougou à l’occasion de ce sommet extraordinaire de la CEDEAO consacré a la lutte contre le terrorisme et le crime organisé dans notre région.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Si nous avons pris la décision de convoquer une réunion extraordinaire de notre Communauté pour débattre spécifiquement de la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et le crime organisé dans notre région, c’est parce que cette question constitue pour nous une triple menace : menace à la paix et à la sécurité des personnes et des biens, menace contre nos institutions démocratiques, menace pour notre développement économique et social.
Ces menaces, amplifiées par la crise Libyenne, concentrées initialement dans la région du Sahel et dans le bassin du Lac Tchad, se déplacent progressivement vers le Sud avec le risque de concerner l’ensemble des Etats de notre communauté.
La violence qui y est subséquente a endeuillé de nombreuses familles, entrainé un nombre important de réfugiés et déplacés, affecté profondément l’activité économique et la résilience des populations ainsi que les budgets des Etats. En outre, elles ont suscité et exacerbé les tensions intercommunautaires et interreligieuses portant atteinte à la cohésion sociale des communautés qui vivaient jusque là dans la paix et la quiétude.
Il ne se passe pas de jour, dans l’espace du Sahel et du bassin du Lac Tchad, sans enregistrer des pertes en vie humaine à travers des assassinats ciblés ou des attaques contre nos forces de défense et de sécurité, sans enregistrer des enlèvements ou des atteintes aux biens. Nous assistons à une banalisation de la violence et au règne de la terreur au quotidien. Dans cette situation dramatique, les femmes et les enfants paient le plus lourd tribut.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
La menace des organisations terroristes et criminelles a ainsi pris une dimension stratégique car elle vise ni plus ni moins la remise en cause de l’existence de nos Etats dans leurs territoires et formes actuels.
C’est pourquoi nous devons nous fixer comme objectifs politiques la sauvegarde de l’intégrité territoriale de nos Etats, la sauvegarde de nos institutions démocratiques républicaines et la sécurisation de tous les citoyens, ainsi que la protection de leurs biens.
Ces objectifs politiques ne peuvent être atteints que si nous nous engageons fermement à éradiquer le terrorisme, la piraterie maritime, le crime organisé, les conflits intercommunautaires et le banditisme. Ce sont là nos objectifs stratégiques.
Pour réaliser ces objectifs politiques et stratégiques nos Etats ont renforcé leurs capacités opérationnelles et de renseignement. Ils ont également procédé à la mutualisation des moyens en mettant en place la Force Conjointe pour le G5 Sahel et la Force Mixte Multinationale pour le bassin du lac Tchad. A ces forces s’ajoutent celles de l’opération Barkhane et celles de la MINUSMA dont la mission se limite au maintien de la paix.
Mesdames et Messieurs,
Malgré ce dispositif, force est d’admettre que les terroristes font preuve d’une résilience étonnante : leur menace se fait de plus en plus persistante et inquiétante et s’étend dans l’espace.
Faut-il trouver un substitut au dispositif actuel ou faut-il le renforcer ? la réponse à cette question, quelle qu’elle soit, doit tenir compte de l’urgence de la situation.
Le renforcement des capacités nationales et conjointes me semble mieux répondre à cet impératif.
Cela signifie qu’il faut renforcer les capacités opérationnelles et de renseignement de la Force Mixte Multinationale et la Force Conjointe du G5 Sahel qui opèrent respectivement dans le bassin du lac Tchad contre Boko Haram et dans le Sahel.
Cela signifie que nous devons renforcer les capacités opérationnelles et de renseignement des forces de défense et de sécurité au niveau national.
Cela signifie également la mise en place d’une coordination efficace entre les différents acteurs engagés dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. C’est à ce niveau que nos populations attendent de notre organisation et des autres partenaires un engagement fort à la hauteur de la gravité de la situation actuelle. C’est à ce niveau que nous pouvons contribuer à donner le contenu qu’il faut à l’initiative lancée récemment au G7 de Biarritz, relative au partenariat pour la stabilité et la sécurité au Sahel.
Par ailleurs, il me parait impératif :
– de mettre en place un nouveau concept d’opération afin de couvrir des territoires plus larges et d’engager des opérations permanentes à la mesure des nouveaux moyens qui seront mis à dispositions ;
– de tarir les sources de financement du terrorisme à travers l’engagement de tous les Etats à lutter contre les trafics de tous genres, notamment le trafic de drogue ;
– de renforcer la solidarité au niveau de tous les Etats afin de créer les conditions d’une traque plus efficace y compris en favorisant l’extradition et le jugement des terroristes ;
– d’accélérer le règlement rapide de la crise libyenne avec une plus grande implication de l’Union Africaine que nous félicitons pour le brillant succès enregistré à l’occasion de la médiation au Soudan.
Sur toutes ces questions nos délibérations doivent permettre à notre organisation d’apporter une contribution à la hauteur de l’attente des populations, qui souffrent de la dégradation de la situation sécuritaire actuelle.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Sécurité et développement sont intimement liés. Les réponses militaires, quoique nécessaires, sont insuffisantes pour vaincre le terrorisme. C’est pourquoi nous devons intégrer dans notre stratégie toute la dimension de lutte pour le développement et la justice.
Ainsi, l’éducation de nos jeunes, dont les moins de 15 ans constituent près de la moitié de notre population, les opportunités d’emplois dans les zones défavorisées, la prise en compte du rôle des femmes dans le développement, la réalisation d’infrastructures socio- économiques dans nos régions les plus exposées et le renforcement de l’état de droit et de la justice, sont essentiels pour lutter efficacement contre le terrorisme. Je me réjouis que cette dimension ait été prise en compte dans les travaux préparatoires du présent sommet.
Dans le même ordre d’idées, le renforcement du dialogue intercommunautaire et interreligieux, si nécessaire dans nos communautés permettra d’anticiper et de prévenir les risques de manipulation par les groupes extrémistes et de maintenir la cohésion entre nos populations.
Excellences Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de remercier nos partenaires qui ont toujours été à nos côtés notamment dans les moments d’épreuve. Je suis convaincu que nous parviendrons à relever ensemble le défi que nous lancent le terrorisme et le crime organisé.
Je suis convaincu que les conclusions du présent sommet dont je déclare ouvert les travaux seront à la hauteur des aspirations de nos peuples à la paix, et à la sécurité.
Je vous remercie. ».
Onep