Le Président de la République, chef de l’Etat, SE Issoufou Mahamadou a participé hier matin à une session extraordinaire du Sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA par visioconférence. Une session qui s’est tenue sous la présidence du Chef de l’Etat ivoirien, SE Alhassan Ouattara, Président en exercice de la conférence des chefs d’Etat de l’UEMOA. Elle a été consacrée exclusivement à la situation de la pandémie du Covid-19 dans chaque pays et au niveau de l’espace communautaire. Un travail qui a été fait par la Commission de l’UEMOA et qui a été présenté aux Chefs d’Etats. Il s’agit pour les dirigeants de l’Uemoa de voir comment atténuer les impacts liés à cette maladie et de fédérer les synergies pour une meilleure coordination des actions. Cette session a été l’occasion pour les Chefs d’Etats d’évoquer les autres questions qui se posent à l’espace communautaire, notamment la lutte contre le terrorisme, les mesures spécifiques par rapport aux mandats des responsables de certaines institutions de l’Union.
A l’issue de cette session extraordinaire, le Ministre des Finances, M. Mamadou Diop a expliqué que d’importantes décisions ont été prises notamment sur les impacts liés au Covid 19. Plusieurs points étaient à l’ordre du jour des travaux. Le premier point porte sur le dossier du coronavirus, un deuxième point sur le projet de déclaration sur le pacte de convergence, de stabilité et de croissance. Le troisième point abordé est la situation sécuritaire de l’espace et le dernier point touche aux mesures spécifiques concernant les mandats de certaines institutions. Selon le ministre des Finances, l’essentiel était centré sur la crise du Covid-19, ses impacts au plan sanitaire, social et économique. Chaque pays a fait la situation sanitaire, a présenté son plan de riposte et principales mesures prises à cet effet.
«Au Niger, ce plan s’élève à 1.436 milliards FCFA, c’est ce volet qui a été présenté aux bailleurs de fonds. A l’époque, le plan présenté était beaucoup plus faible par la suite nous avions dû actualiser ce plan, car la situation serait plus dégradée que nous l’estimions», a dit M. Mamadou Diop. A la suite des échanges, les chefs d’Etat ont, selon le ministre des Finances, souhaité une plus grande coordination de ces mesures, chaque pays ayant ses propres mesures. «Dorénavant, il faut bien harmoniser, coordonner les actions pour plus de visibilité et pour une bonne compréhension des populations de l’espace», a-t-il ajouté.
Au niveau mondial, le nombre de cas confirmés s’élève à 2.500.000 personnes avec plus de 200.000 décès. En ce qui concerne l’UEMOA, il y’a 3.200 cas positifs dont 120 décès, 1628 guéris de Covid 19. D’après le ministre des Finances, les Chefs d’Etat ont unanimement convenu de maintenir les mesures notamment les gestes barrières, les couvres feux, les confinements pour que les populations comprennent davantage la situation. Cette crise a touché également le plan économique. En effet, annonce le ministre Mamadou Diop, le taux de croissance moyen au niveau de l’union qui était prévu à 6,7%, est désormais ramené à 2,7%, ce qui fait une baisse de 4point de pourcentage. «Dans notre pays, nous avions prévu pour 2020 un taux de 6,9%, on était obligé de le ramener à 1%, soit 5 points de baisse au niveau du PIB», a relevé le ministre des Finances.
Suspension du Pacte de stabilité, de croissance et de convergence
Mamadou Diop a par ailleurs indiqué qu’au cours de cette session, les chefs d’Etat ont échangé sur les mesures que les institutions de l’UEMOA notamment la commission de l’UEMOA, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, la Banque Ouest Africaine de Développement, l’Autorité de Marché Financier, doivent apporter pour atténuer les impacts liés à cette crise. Le ministre des Finances a souligné que pour augmenter la liquidité, ces institutions financières doivent intervenir au niveau du secteur privé. «Les banques doivent être ressourcées pour faire face à la pandémie, c’est dans ce cadre que la Banque centrale a ouvert un guichet spécial de financement des banques qui va permettre à ces entreprises de tenir pendant cette situation difficile. Si on prend au niveau de la BOAD, la banque s’est engagée à disposer de plus de ressources au plan international à travers une émission d’obligations en faisant des prêts à des taux acceptables aux Etats et aux entreprises. Toutes ces questions seront examinées pour voir la faisabilité afin de juguler la crise», a précisé le ministre Diop.
Le volet social a été également abordé. Il concerne la prise en charge des ménages vulnérables. «Pour cela il faut que les Etats disposent des moyens afin d’aider ces ménages qui seront ciblés pour recevoir l’aide nécessaire», a déclaré le ministre des Finances.
Une autre question évoquée, selon toujours le ministre Mamadou Diop, c’est la décision de suspendre le pacte de stabilité, de croissance et de convergence dans le cadre de la construction économique. «Ce pacte comprend des critères fondamentaux très fiables. Pour les chefs d’Etat, il faut travailler à revenir à la norme. Ils ont tout simplement souhaité suspendre ce pacte pour le moment», a précisé M. Diop. Enfin, pour ce qui est des mesures spécifiques concernant les mandats des responsables de certaines institutions, les Chefs d’Etat ont décidé de les proroger jusqu’au sommet prochain en juillet à Yamouskro en Côte d’Ivoire.
Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)